Kara' ou le destin conté d'un guerrier, nouveau spectacle du conteur franco-comorien Salim HATUBOU.
Je me vengerai, Marâtre! Je me vengerai, mon père! Et si je n'ai pas le temps de me venger de votre vivant, de vos tombes, je ferai des chiottes!
Là-bas, les rafles continuaient et la quasi-totalité de ces hommes et femmes qui avaient redonné vie à Hamouro étaient considérés comme des hors-la-loi, parce qu'ils ne détenaient pas de papiers à l'en-tête du colonisateur. Drôle de situation : ils étaient les indésirables envahisseurs de leur propre terre !
Tu vis dans un écrin et ça, mon pauvre, ce n'est pas bon parce qu'à la moindre petite souffrance, tu te pends. Tu n'as pas assez de recul pour relativiser! Moi j'ai fait une carapace avec ma misère et je ne vois pas ce qui peut m'arriver de pire!
Marâtre, majestueuse dans sa saloperie de robe africaine, me réserve son accueil habituel : une paire de gifles et une série d'insultes. A croire qu'elle garde ça au chaud, comme une mère garde une tartine au chocolat à son enfant.
Mais comment circuler dans les ruelles de Stone Town, si étroites et sinueuses ? Il faut éviter les hommes, les femmes, les enfants, les vieillards avec leur canne, les vendeurs ambulants avec leur brouette, les chats, les poules avec leurs poussins...
Aux Comores, des contes sont sans gîte et sans aucun secours. Ils vagabondent, errent parmi les quatre îles, gémissent et meurent. Chaque jour en apporte un, et chaque jour, voilà ce qui poignarde mon cœur, notre patrimoine ancestral s'approche d'un gouffre amer, celui de l'oubli. Ces contes-là nous tendent la main, non pas pour recevoir, mais pour être sauvés, tout simplement.
Tu exiges que je dise, alors je dis !
Les étoiles ont assisté à ma naissance et la lune me chantait des berceuses.