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4.1/5 (sur 10 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Berlin , le 11/06/1931
Mort(e) à : Paris , le 01/12/2007
Biographie :

Stéphane Mosès était un philosophe franco-israélien.

Entre 1938 et 1950, il se trouve au Maroc avec sa famille, à Casablanca, où il passe son baccalauréat au lycée Lyautey.

Ancien élève de l'École normale supérieure, Stéphane Mosès est agrégé d'allemand, docteur ès-lettres, assistant puis maître-assistant à la Sorbonne et à Paris X-Nanterre.

En 1969, il s'installe en Israël et il devient professeur de littérature allemande et comparée à l'université hébraïque de Jérusalem.

Spécialiste de philosophie et de littérature allemande, il a fait connaître en France la pensée de Franz Rosenzweig. Il s'est intéressé aussi aux penseurs ou écrivains tels Walter Benjamin et Gershom Scholem, ainsi qu'à Franz Kafka et Paul Celan.

Son épouse est l'artiste Liliane Klapisch, son fils est le poète, écrivain et traducteur Emmanuel Moses et ses filles sont l'écrivaine et poète Anouche Sherman et l'artiste Sonia Moses.

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Source : Wikipédia
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Bibliographie de Stéphane Mosès   (15)Voir plus

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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
le judaïsme et le christianisme opèrent un véritable renversement des catégories du paganisme ... double sortie de soi de Dieu vers la monde, par la Création, et vers l'homme, par la Révélation; mouvement de l'homme vers le monde, qui est Rédemption ... la Rédemption, c'est l'aspiration à l'utopique qui sous-tend toutes les activités humaines. (p.19)
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La multiplicité des points de vue ne mène pas au relativisme ou au scepticisme, mais elle s'inscrit au contraire dans la structure de la vérité elle-même.
En d'autres termes, s'il existait une vérité-une, elle ne saurait se donner, à l'échelle humaine, que dans la pluralité et la contradiction.
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Le Soi désigne dans l'Etoile l'homme tragique, le héros solitaire du prémonde, tant grec que babylonien, enfermé dans le défi, replié sur l'orgueil taciturne de sa seule volonté. Le silence fait sa grandeur et sa misère, de Gilgamesh à Oedipe. Il peut être monologue lyrique ou même "art de disputer dans le dialogue dramatique" (95-96) Il ne parvient jamais à la parole échangée, partagée, à la circulation des flux de volonté, telle que la scène d'amour, précisément, l'illustre dans le drame moderne , autour du don, de la possession, bref du duo. C'est que "de la volonté du Soi tragique, nul pont ne mène vers quelque chose que ce soit, ce dehors fût-il une autre volonté. Comme défi orienté sur le caractère propre, sa volonté assemble toute violence en son for interne. Cette absence de toute passerelle et de toute raison fait de l'Homme prémondain" ce Soi uniquement tourné vers le dedans" (96).
La révélation inverse dans son ouverture et dans le devenir-manifeste de son mouvement ce "tourné vers le dedans" en accueil de l’extériorité amoureuse: le Soi du défis extravertie en âme" ou "âme aimée" de l'humilité. Il se met à exister. Ce passage du créaturiel au révélé, du narratif au dialogal, du passé su au présent éprouvé, du oui de Dieu au je de l'homme qui est un non devenu sonore, donne lieu à une grammaire de l'eros.
Le passage, une fois encore, et parce qu'il est révélant n'ouvre que sur du déjà-là. L'humilité et la fidélité de l'"âme" ne sont que l'altération du défi orgueilleux, sa mise en état d'accueil. Rosenzweig parle d'une "préhistoire secrète de l'âme dans le Soi", c'est à dire d'une généalogie de l'inversion et du renversement des signes. Si la fidélité, ou l'humilité, comme le défi qu'elle relève, est un vouloir-être de l'âme, non plus par soi désormais, mais par un autre et plus haut que soi, c'est qu'il faut déchiffrer la révélation à partir de l'exercice même de la parole. Le passage du métalogique à l'érotique est un procès intralangagier.
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L'exil comme forme paradoxale de la littérature universelle.

Chez Joseph Conrad, Vladimir Nabokov, ou Elias Canetti, c'est la séparation d'avec l'idiome maternel et le passage à une nouvelle langue, fruit d'un apprentissage, qui produit la distance créatrice par rapport à la réalité. (...) Ce n'est qu'à partir de l'exil-qu'il soit extérieur ou intérieur-que le paysage natal se transforme en locus imaginaire, et ce n'est qu'au travers de la dialectique du temps perdu et retrouvé que les expériences vécues deviennent des images verbales. Le creusement radical de l'espace et du temps chez Beckett, leur réduction à des formes presque abstraites, sont des exemples extrêmes de cette façon dont le particularisme de la réalité est converti en universel. Mais cette mise en scène fantomatique du néant n'évoque-t-elle pas justement des souvenirs sombres des champs de bruyère irlandais, paysages dans lesquels Beckett à grandi ?
"Est ce possible que tu aies oublié déjà" ? Demande Vladimir à son compagnon dans En attendant Godot. "Je suis comme ça", répond Estragon, "Ou j'oublie tout de suite ou je n'oublie jamais". Cette phrase pourrait faire l'objet de la remarque suivante: Freud nous a appris que le "Ou...ou" n'apparaît qu'au niveau du conscient ; l'inconscient ne connaît pas de telles alternatives ; au plus profond de la vie psychique, là où domine le pouvoir absolu de la libido, les possibilités contradictoires peuvent cohabiter ; au lieu du "Ou...ou" y a cours le principe du "Et...et". Traduite dans le langage de l'inconscient, la réplique d'Estragon citée plus haut aurait pour signification "Je suis comme ça. J'oublie tout de suite et je n'oublie jamais".
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la guerre 1914-1918, qu'il avait vécue, comme tous les hommes de sa génération, comme une catastrophe historique, et au cours de laquelle les peuples européens s'étaient affrontés au nom de valeurs typiquement hégéliennes.
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Le sujet humain serait ainsi préoriginé dans ce qu'il ne peut atteindre mais cependant actualisé en présent dans l'ouverture à l’extériorité d'un autre parlant. Il ne pourrait commencer qu'après soi, tendu vers une projectualité qui le porte plus qu'il n'en serait l'initiateur[...]
Le nom propre (Eigenname) en effet n'est pas un nom propre (Eigen-name], une propriété que l'homme se serait donné à lui-même. Il advient dans un appel et signale ainsi une naissance vocative du "je" comme "je humain réceptif", lequel remplit justement la même fonction linguistique que le nom propre. Tous deux, dans des situations langagières différentes, approprient l'identification du sujet à sa désignation de sujet du discours en train de se dire.
Le"je" abrahamique dans son exposition, "me voici", ne répond qu'à la double interpellation de son nom propre, alors que le où es-tu ? plus générique ne pouvait susciter que l'inquiètement du Soi harcelé par le Je divin en quête d'un Tu. Le propre du nom propre serait précisément l'exigence d'autres noms propres, alors que sa perte signale toujours une dépossession, un ravalement au statut chosal du matricule anonyme. [...] "Ce qui possède un nom propre ne peut plus être chose ni la chose de tout le monde il est incapable de se dissoudre entièrement dans le genre, car il n'y a pas de genre auquel il puisse appartenir; il est à lui-même son propre genre. Il n'a pas d'avantage son lieu dans le monde ou son moment dans le devenir; au commentaire son "ici" et "maintenant", il les transporte avec lui; l'endroit où il se tient est un centre et le moment où il ouvre la bouche est un commencement. "L'entente d'un appel, l'expérience d'une parole venue d'ailleurs que de soi peuvent donc se vivre comme sortie "hétéronome" hors de l'enfermement du Soi dans son "autonomie" et émergence de l'"âme" à l'écoute de son nom propre.
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la politique et l'art apparaissent comme les deux grandes voies, l'une collective, l'autre individuelle, dont l'homme dispose pour conquérir l'éternité sans avoir à passer par les différentes formes de l'expérience religieuse. Mais, de même que la stabilité instituée par l'Etat est toujours éphémère, dans la mesure même où elle est fondée sur la violence, la vie intérieure qu'inspire l'expérience esthétique ne prodigue jamais que des consolations passagères,dans la mesure même où ce sont des consolations égoïstes. L'art ne console que mes propres souffrances, pas celles des autres hommes. (p.264)
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"Tu aimeras-quel paradoxe dans ces mots !"
[...] Le commandement est l'investiture de la subjectivité par une injonction qui serait à la fois en elle et la dépassant absolument.
À la pressante demande d'amour, " l'âme aimée" adresse sa propre parole d'accueil. Tous les mutismes sont convertis dans la révélation, "tout y devient parole" et dans ce bouleversement où le monde s'avère par son amont et son aval, le Soi s'ouvre et se découvre. [...] Pour l'aimé face à l'aimant, comme pour l'Homme face à Dieu, le saisissement par la gratuité du don d'amour et l'expérience du commandement reçu dans le ravissement donnent élan et emportent en même temps la reconnaissance d'une insurmontable distance ; Car si l'amour de l'amant est grundlos, et s'il est précisement amour parce que sans raison ni fond, celui de l'aimée en revanche cherche son Grund. Ainsi se découvre en l'homme la présence d'une extériorité dont il porte la trace.
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Dans sa nouvelle Funes ou la mémoire, Jorge Luis Borges dépeint un homme dont la faculté de mémoire ne connaît pas de limites. "Swift raconte", écrit Borges, "que l'empereur Lilliput discernait continuellement les avances tranquilles de la corruption,des caries, de la fatigue. Il remarquait les progrès de la mort, de l'humidité. Il était le spectateur solitaire et lucide d'un monde multiforme, instantané et presque intolérablement précis." "(Je répète)" ajoute Borges, "Que le moins important de ses souvenirs était plus minutieux et plus vif que notre perception d'une jouissance ou d'un supplice physique". Mais précisément pour cette raison, "Celui-ci... était presque incapable d'idées générales, platoniques". "Je soupçonne", écrit Borges,"qu'il n'était pas capable de penser. Penser, c'est oublier des différences, c'est généraliser, abstraire. Dans le monde surchargé de Funes, il n'y avait que des détails, presque immédiats".
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Dans cette désagrégation des modes de perception empreints d'inertie et de routine, les choses perdent leur identité admise depuis toujours et se fondent discrètement les unes dans les autres. Ainsi naît cette "ressemblance entre l'un et l'autre", ce " monde défiguré en état de ressemblance" dont Walter Benjamin parle dans son essai sur Proust, ce réseau de métaphores qui distingue le langage poétique (qui est la langue de la vraie littérature universelle) du langage courant.
[...]Ce qui caractérise la perspective narrative de Proust est une combinaison unique de distance sociale et temporelle. Tout ce que le narrateur a vécu doit avoir été oublié afin de resurgir des profondeurs de la mémoire involontaire. C'est ce "travail pénélopéen de l'oubli" dont parle Benjamin qui permet à Proust, par-delà les "intermittences du coeur", de restituer la réalité perdue à travers la magie du langage.
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