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3.34/5 (sur 31 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Nancy , le 11/02/1695
Mort(e) à : Paris , le 12/12/1758
Biographie :

Françoise d'Issembourg d'Happoncourt, Madame de Graffigny était une femme de lettres dont le talent était reconnu dans toute l'Europe.

Auteure du célèbre roman "Lettres d'une péruvienne" paru en 1747, elle est une des femmes les plus importantes de la littérature du XVIIIe siècle.

Célèbre de son vivant, elle a sombré dans l’oubli pendant la Révolution française. Ce n’est qu’avec l’avènement du mouvement féministe des années 1960 qu’elle fut redécouverte et que de nouvelles éditions de ses œuvres furent publiées.

Ses salons, rue de Saint-Hyacinthe près des Fossés Saint-Jacques, vers1749, puis rue d'Enfer, à Paris, étaient fréquentés par les poètes et les philosophes.

Elle fréquentait un nombre impressionnant de personnalités, dont Voltaire, et ses lettres fournissent un témoignage exceptionnel de l'histoire intellectuelle de la France pendant un quart de siècle.
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Bibliographie de Françoise de Graffigny   (3)Voir plus

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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Je ne sais quelles sont les suites de l’éducation qu’un père donne à son fils : je ne m’en suis pas informée. Mais je sais que du moment que les filles commencent à être capables de recevoir des instructions, on les enferme dans une maison religieuse, pour leur apprendre à vivre dans le monde ; que l’on confie le soin d’éclairer leur esprit à des personnes auxquelles on ferait peut-être un crime d’en avoir, et qui sont incapables de leur former le cœur qu’elles ne connaissent pas.
Les principes de la religion, si propres à servir de germe à toutes les vertus, ne sont appris que superficiellement et par mémoire. Les devoirs à l’égard de la divinité ne sont pas inspirés avec plus de méthode. Ils consistent dans de petites cérémonies d’un culte extérieur, exigées avec tant de sévérité, pratiquées avec tant d’ennui, que c’est le premier joug dont on se défait en entrant dans le monde, et si l’on en conserve encore quelques usages, à la manière dont on s’en acquitte, on croirait volontiers que ce n’est qu’une espèce de politesse que l’on rend par habitude à la divinité. […]
Régler les mouvements du corps, arranger ceux du visage, composer l’extérieur, sont les points essentiels de l’éducation. C’est sur les attitudes plus ou moins gênantes de leurs filles que les parents se glorifient de les avoir bien élevées. […]
Quand tu sauras qu’ici l’autorité est entièrement du côté des hommes, tu ne douteras pas, mon chez Aza, qu’ils ne soient responsables de tous les désordres de la société. Ceux qui, par une lâche indifférence, laissent suivre à leurs femmes le goût qui les perd, sans être les plus coupables, ne sont pas les moins dignes d’être méprisés ; mais on ne fait pas assez d’attention à ceux qui, par l’exemple d’une conduite vicieuse et indécente, entraînent leurs femmes dans le dérèglement, ou par dépit ou par vengeance. Et en effet, mon cher Aza, comment ne seraient-elles pas révoltées contre l’injustice des lois qui tolèrent l’impunité des hommes, poussée au même excès que par leur autorité ? Un mari, sans craindre aucune punition, peut avoir pour sa femme les manières les plus rebutantes, il peut dissiper en prodigalités, aussi criminelles qu’excessives, non seulement son bien, celui des enfants, mais même celui de la victime qu’il fait gémir par l’indigence, par une avarice pour les dépenses honnêtes, qui s’allie très communément ici avec la prodigalité. Il est autorisé à punir rigoureusement l’apparence d’une légère infidélité, en se livrant sans honte à toutes celles que le libertinage lui suggère. Enfin, mon cher Aza, il semble qu’en France les liens du mariage ne soient réciproques qu’au moment de la célébration, et que dans la suite les femmes seules y doivent être assujetties.
Je pense et je sens que ce serait les honorer beaucoup de les croire capables de conserver de l’amour pour leur mari, malgré l’indifférence et les dégoûts dont la plupart sont accablées. Mais qui peut résister au mépris ?
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Si tu étais un homme ordinaire, je serais restée dans l'ignorance à laquelle mon sexe est condamné.
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Certes, mon ami, tu n’auras que la demi-feuille ce soir. J’ai travaillé cinq bonnes heures ce matin; l’après-midi je me suis barricadée avec mon copiste pour écrire des lettres, des mémoires sans fin. Je n’ai pas eu le temps de goûter le frais charmant qu’il fait, et je suis si excédée de mon écritoire, qu’elle me pue. Par bonheur ta lettre ne demande pas grande réponse, et je ne sais du tout rien, quoique j’aie eu hier du monde par-dessus les yeux, entre autres Duclos. Je suis toute émerveillée de ses fréquentes visites, et longues de deux et trois heures. Je n’en devine pas encore la raison
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Françoise de Graffigny
Il m’a fallu beaucoup de temps, mon cher Aza, pour approfondir la cause du mépris que l’on a presque généralement ici pour les femmes. Enfin je crois l’avoir découverte dans le peu de rapport qu’il y a entre ce qu’elles sont et ce que
l’on s’imagine qu’elles devraient être. On voudrait, comme ailleurs, qu’elles eussent du mérite et de la vertu. Mais il faudrait que la nature les fît ainsi ; car l’éducation qu’on leur donne est si opposée à la fin qu’on se propose, qu’elle me paraît être le chef-d’œuvre de l’inconséquence française.
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Le plaisir d'être; ce plaisir oublié, ignoré même de tant d'aveugles humains; cette pensée si douce, ce bonheur si pur, je suis, je vis, j'existe, pourrait seul rendre heureux, si l'on s'en souvenait, si l'on en jouissait, si l'on en connaissait le prix.
P209
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Il m’a fallu beaucoup de temps, mon cher Aza, pour approfondir la cause du mépris que l’on a presque généralement ici pour les femmes. Enfin je crois l’avoir découverte dans le peu de rapport qu’il y a entre ce qu’elles sont et ce que l’on s’imagine qu’elles devraient être. On voudrait, comme ailleurs, qu’elles eussent du mérite et de la vertu. Mais il faudrait que la nature les fît ainsi ; car l’éducation qu’on leur donne est si opposée à la fin qu’on se propose, qu’elle me paraît être le chef-d’œuvre de l’inconséquence française.
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J’ai vu dans l’enfoncement une jeune personne habillée comme une Vierge du Soleil ; j’ai couru à elle les bras ouverts. Quelle surprise, mon cher Aza, quelle surprise extrême, de ne trouver qu’une résistance impénétrable, où je voyais une figure humaine se mouvoir dans un espace fort étendu !
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Quoique j’aie pris tous les soins qui sont en mon pouvoir pour acquérir quelque lumière sur mon sort, mon cher Aza, je n’en suis pas mieux instruite que je l’étais il y a trois jours. Tout ce que j’ai pu remarquer, c’est que les sauvages de cette contrée paraissent aussi bons, aussi humains que le Cacique; ils chantent et dansent comme s’ils avaient tous les jours des terres à cultiver. Si je m’en rapportais à l’opposition de leurs usages à ceux de notre nation, je n’aurais plus d’espoir; mais je me souviens que ton auguste père a soumis à son obéissance des provinces fort éloignées, et dont les peuples n’avaient pas plus de rapport avec les nôtres : pourquoi celle-ci n’en serait-elle pas une?
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Cette maison, que j’ai jugé être fort grande par la quantité de monde qu’elle contenait ; cette maison comme suspendue, & ne tenant point à la terre, était dans un balancement continuel.
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Dans la littérature spéciale qui traite des Indiens, nous verrons que les malheureux amenés de gré ou de force à Paris, mis en contact direct avec des civilisés, ne cessent de regretter leurs forêts, de nous faire, à notre face, l'éloge de leur vie, et, dès qu'ils en ont le pouvoir, retourne à leur solitude avec la haine et le mépris de la civilisation. L'exotisme américain est, dès l'origine, antisocial, ce caractère ne va faire que se développer au cours du XVIIIe siècle.
P.14
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