Madame Solario (2012), bande-annonce
A l’autre bout du corridor, madame Solario venait vers lui. Ils marchèrent à la rencontre l’un de l’autre et, pendant les dernières secondes, avant qu’ils ne se rejoignissent devant la porte de la jeune femme, il eut conscience de certains détails, comme le frou-frou de sa jupe et le port de sa tête rejetée un peu en arrière. Elle attira Bernard dans la pièce, sans refermer la porte, qu’elle laissa entrouverte. Tandis qu’il demeurait pétrifié, elle leva le bras dans un geste d’une grâce admirable et pencha vers elle la tête de Bernard jusqu’au moment où les lèvres du jeune homme pressèrent les siennes. Puis, se dégageant de ses bras, elle le poussa dehors.
«J'ignore quelles études vous avez faites, dit-il, mais vous savez peut-être que les géologues appellent «failles» des points faibles de l'écorce terrestre, qui provoquent des tremblements de terre et des affaissements de terrain.»
Ses gants une fois enfilés, il se mit à les boutonner avec des gestes énergiques:
«Et je vais vous dire une chose que l'expérience m'a apprise, poursuivit-il. Voyez-vous, il existe des gens qui, à l'exemple des failles, sont comme un point faible dans le tissu dont est faite la société: partout où ils se trouvent, ils apportent le trouble et le désastre.»
Sous ses sourcils hérissés, il lança à Bernard un regard féroce.
«Jeune homme, ne restez pas ici! Retournez sur un terrain solide, le plus tôt possible!»
C'est ce que j'entends dire de tous les côtés, répondit Bernard. Trouvez vous qu'on doive l'admirer sous prétexte qu'il a cent ans ?
Qu'y a-t-il d'admirable à cela ? dit-elle. Sans doute n'a-t-il guère de cœur, sinon il n'aurait pas vécu aussi longtemps.
Ah je vois vous pensez que le cœur use la vie des humains...