A force d’analyse, nous nous égarons dans une multitude de faits dont nous n’apercevons plus la coordination.
Dans ces conditions, pour introduire un quatrain tout entier dans l'oeuvre il est indispensable que chacun de ses vers possède toutes les qualités requises, sans en excepter une seule. On ne peut donc fabriquer aisément du Nostradamus.
Or, il y a eu un interpolateur. C'est celui qui a inventé le quatrain placé immédiatement à la suite de la Centurie X et qu'a reproduit l'éditeur d'Amsterdam en 1668 - en le faisant précéder d'ailleurs de la mention « ajouté après l'impression de 1558 )).\Ce quatrain, dont les vers, se suivent avec une touchante ingénuité, est visiblement écrit pour flatter Louis XIV, suivant la coutume du Grand Siècle. Outre qu'il n'est pas écrit dans la manière de l'auteur et qu'il est établi en dehors de sa règle cryptographique, il ne porte aucun numéro d'ordre. On dirait que l'interpolateur n'a pas pu le numéroter, ne sachant où le placer : puisque toutes les Centuries ont cent quatrains, il fallait nécessairement en faire sauter un pour insérer l'interpolation sous quelque numéro.
Admettre sans preuve, sans démonstration d'aucune sorte, un ensemble de pratiques dont l'utilité immédiate échappe, cela répugne à toute mentalité moderne. Les philosophies critiques, positivistes et rationalistes ont donné aux esprits contemporains une admirable et sûre méthode scientifique. Aucune théologie ne peut résister au contact de cette méthode.
Les doctrines religieuses comprennent les dogmes et la morale. Les dogmes forment un ensemble de connaissances sur la Divinité, sur le Monde sur l'Homme. La morale indique les devoirs de l'homme envers son dieu, envers ses semblahles, envers lui-même, envers aussi les différents plans de « ce qui existe ».
Nostradamus a raison de dire que son oeuvre est un « monstre sans pareil » (monstrum, en latin, signifiant à proprement parler une chose qui sort de l'ordinaire) : c'est absolument inimaginable à première vue que le cerveau d'un homme ait pu l'enfanter. Ceux qui Font étudiée — ne serait-ce que superficiellement — ont supposé qu'elle était le produit de facultés extra ou supra-humaines dont la moindre serait une « voyance » peu ordinaire; la vérité est plus simple : des documents anciens ont servi à l'établir — Fauteur le dit journellement dans la Lettre à son fils César — et une surprenante et malicieuse ingéniosité a fait le reste.
M. Ernest Bosc, l’infatigable écrivain d’occulte, a publié un consciencieux ouvrage théorique et pratique sur la Yoga, « La Yoga, dit-il, traite des procédés à l’aide desquels les mystiques hindous, dénommés yogis, acquièrent des facultés remarquables, assez surprenantes pour nous occidentaux » : ils peuvent notamment demeurer sans manger, voire sans respirer pendant plusieurs jours, être insensibles aux écarts de température et à toutes les impressions extérieures, se mettre par leurs propres moyens en catalepsie, s’extérioriser, etc.
Ces dieux-là n’ont jamais créé le monde, ils n’ont créé que l’athéisme !
Le sort des théories est d'être discuté et de ne durer qu'un instant. Les idées neuves remplacent fatalement les anciennes. C'est ainsi que de l'astrologie et de l'alchimie du moyen âge sont sorties l'astronomie et la chimie modernes. C'est ainsi, également, que de l’astronomie et de la chimie contemporaines sortiront l’astrologie et l'alchimie de l'avenir.
Le paganisme, en effet, c'est l'adultération des cultes, des initiations et des métaphysiques, c'est la vulgarisation du divin , le morcellement des religions. Son résultat est la superstition. La superstition est bien le cadavre des pratiques religieuses qui survivent encore, malgré toutes les déformations.
A l'heure actuelle, le domaine des sciences encore mystérieuses se trouve divisé en deux grandes parties : d'abord celle que le savoir officiel ne se refuse pas à étudier et qui comprend les phénomènes d’ordre psychique, ensuite celle qui inspire encore quelques doutes aux savants et qui embrasse l'astrologie, l'alchimie, les arts divinatoires et l'ésotérisme. De ces deux parties, la première est la plus désoccultée, elle rentrera demain dans le domaine de la science classique. La seconde devra suivre également cette évolution : peu à peu, après plusieurs découvertes dans le genre de celles que l’on a pu enregistrer jusqu'ici, l’occultisme n’existera plus.