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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Ce fut René Guénon qui tenta de trouver un remède aux défaillances des Occidentaux modernes, en leur parlant de la seule façon qu’il pouvaient comprendre. Il put ainsi éveiller chez quelques-uns d’entre eux le souvenir de la Réalité transcendante, l’intention de la réalisation spirituelle, l’intuition d’une connaissance possible, d’une gnosis, à travers l’adhésion à une Tradition déterminée et la découverte des valeurs spirituelles et des vertus humaines fondamentales.

René Guénon décrivit sa fonction dans l’introduction à La Crise du monde moderne : « Tout ce que nous pouvons nous proposer c’est donc de contribuer, jusqu’à un certain point, et autant que nous le permettront les moyens dont nous disposons, à donner à ceux qui en sont capables la conscience de quelques-uns des résultats qui semblent bien établis dès maintenant, et à préparer ainsi, ne fût-ce que d’une manière très partielle et assez indirecte, les éléments qui devront servir par la suite au future "Jugement", à partir duquel s’ouvrira une nouvelle période de l’histoire de l’humanité terrestre. »

Guénon reconnaît dans notre époque les signes de cette fin cyclique prédite par tous les textes sacrés, et appelle de ses vœux, pour l’Occident, la formation d’une tarîqah à l’instance de celle du Shaykh Ahmad al-‘Alawî. Cette confrérie doit avoir aujourd’hui un caractère autonome, sélectif et secret, afin que restent vivantes au moins quelques semences, lorsque surviendra la fin, qui ne sera, suivant les paroles du Shaykh ‘Abd-al-Wâhid Yahyâ, rien d’autre que la fin d’un monde.

Après avoir, au début du XXe siècle, nettoyé le terrain de toutes les mauvaises herbes que représentaient les occultismes et spiritualismes endémiques, Guénon combattit aussi les préjugés et les fausses idoles constitués par les théories modernistes, évolutionnistes et progressistes qui, encore aujourd’hui, empêchent la plupart des hommes de retrouver la foi et d’accepter la Réalité spirituelle contenue dans toutes les Révélations depuis l’origine de l’homme. Son œuvre eut pour effet de faire recouvrer à de nombreux lecteurs le chemin de leur propre Tradition d’origine, et d’amener certaines d’entre eux à adhérer à la dernière Tradition, l’islam, celle qui conclut le cycle des Révélations et qui, en ces temps ultimes, peut encore offrir la possibilité d’un rattachement initiatique.

De telles conceptions lui vaudront d’être accusé d’apostasie, de syncrétisme et d’ésotérisme – compris de façon occulte et magique – jusqu’au moment où, après avoir essayé de le dénigrer et avoir opté pour une conjuration du silence, ses ennemis, n’ayant pu le vaincre, décideront, en une dernière tentative, de l’intégrer dans leurs rangs.

Ces forces, que René Guénon appelait la contre-tradition, sont d’autant plus actives que maintenant presque plus personne ne croit en Dieu, et encore moins au diable. Ainsi ce dernier est-il libre d’opérer non seulement en dehors des structures des différentes formes religieuses, mais aussi en leur sein, en déformant leur perspective, sous l’égide de faux maîtres. (pp. 85-86)
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Les deux aspects de la vérité, la métaphysique et le religieux, aspect intérieur et aspect extérieur, que René Guénon appelait « ésotérisme » et « exotérisme », dans l’acception étymologique de ces termes, ne sont pas opposés, mais complémentaires. En effet, d’un côté, il ne peut y avoir de religion véritable sans métaphysique, de l’autre, la vérification de l’authenticité d’un ésotérisme réside précisément dans l’orthodoxie religieuse ; si bien que toute pratique rituelle, si elle est vraie, ouvre à une anticipation des états métaphysiques.

Si nous devions prendre comme exemple la prière rituelle islamique, as-salâh, nous verrions qu’elle se compose, au-delà de la purification préalable symbolisée par l’ablution rituelle et la récitation liturgique de chapitres du Coran, dans la langue sacrée de la Révélation, de trois « moments gestuels » représentés par la position debout, l’inclinaison et la prosternation.

La station debout nous rappelle la dignité de l’être humain, unique dans la création, qui tend, dans sa verticalité, vers Dieu « à l’image et à la ressemblance » desquelles l’homme est fait – ou « selon la Forme des qualités divines », d’après la tradition prophétique ; l’inclinaison renvoie à la soumission devant la Majesté divine, dans l’acceptation du destin compris comme la Volonté de Dieu ; la prosternation constitue enfin l’anticipation de cet état d’annihilation de l’individu qui s’éteint dans la conscience de la Présence immanente de Dieu.

Ces trois attitudes correspondent aux positions de l’homme qui se tient avant tout debout, même quand le monde est en train de s’effondrer, puis s’incline devant une Volonté qui le transcende, et s’unit enfin à cette transcendance dans l’annihilation de soi-même. Or, il se trouve que les lettres arabes qui composent le nom divin Allâh sont un alif, ou « a », représenté par un trait vertical, un lâm, la lettre « l » écrite en majuscule, de droite à gauche naturellement, avec un trait à angle droit, et un hâ, ou « h aspiré » final, comme un cercle replié sur lui-même. Ces lettres rappellent les trois moments gestuels de la prière.

Il s’agit là de la représentation d’un « symbole agi », comme Guénon définissait le rite, qui porte en lui la possibilité de réunir l’homme à Dieu dans la gestuelle humaine. La représentation sacrée de Son nom est la préfiguration physique de la réalisation des états de l’Être, par l’intériorisation contemplative de la doctrine et des énoncés dogmatiques et sapientiaux.

La conjonction entre les principes métaphysiques et la pratique religieuse, dans la réunion de l'intention et de l'action, est semblable aux deux fragments de l'épée du roi Arthur : une garde qui donne la direction droite et une lame bien effilée dans le discernement, inutiles l'une sans l'autre, mais parties complémentaires de l'homme à la recherche de sa propre intégration et intégrité. (pp. 62-63)
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Le dhikr est la mention ou répétition du nom divin, semblable à ce qu’est le japa-yoga dans l’hindouisme, le nembutzu dans le bouddhisme zen, et la prière du cœur dans l’hésychasme du monachisme orthodoxe. Il devrait être superflu de signaler une nouvelle fois que l’aspect technique de telles méthodes ne peut être séparé de la ferveur dévotionnelle, comme soutien aux possibilités de concentration propice à l’intervention de la Grâce divine. (p. 45)
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Allâh est le Nom de Dieu, qui littéralement se décompose en son article al avec le terme ilâh qui signifie Dieu, pour donner le témoignage de foi islamique qui dit en effet lâ ilâha illâ Allâh, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de dieu si ce n’est « Le Dieu », comme diraient nos coreligionnaires immigrés qui traduisent Allâh avec son article, comme nous pourrions dire nous-même en italien en conjuguant l’article il au Nom de Dieu dans Iddio, pour signifier Son Unicité et Son caractère absolu.

Le professeur Franco Cardini, grand connaisseur de la vie de saint François, me disait que dans ses moments extatiques le saint semblait roucouler, comme font les colombes sur la devanture de mes fenêtres. En effet, si vous deviez répéter le nom de Dieu continuellement – comme dit saint Paul : Sine intermissione orate –, vous noteriez que, à un certain moment, le mot Allâh se contracte dans sa dernière syllabe qui correspond en arabe au pronom Huwa qui signifie « Lui » : Hu Hu Hu.

Il n’est resté de cette parole qu’un souffle, l’Esprit de Dieu, comme nous appelons Jésus qui est véritablement le « Maître du Souffle », ce qui reste après nos paroles prononcées dans une langue miraculeuse, comme celle du saint qui est conservé dans la Basilique de Padoue ; Jésus dont nous attendons la seconde venue au moment de la Fin, et dont nous invoquons la protection, avec cette « Grâce », « qui n’est jamais de trop, saint Antoine ! » (p. 125)
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S’il est une chose qui nous frappe, durant les voyages modernes ponctués de panneaux publicitaires et d’annonces radio, c’est bien de voir écrite à la bombe de peinture ou au charbon de bois, sur une borne kilométrique ou à l’entrée d’un tunnel, l’affirmation : « Dieu est. »

Notre émerveillement est provoqué par deux impressions opposées : d’une part, notre tendance contemplative trouve étrange qu’à la lumière du soleil et sous la voûte du ciel, il faille exprimer en toutes lettres ce qui devrait surgir à l’esprit comme la certitude immédiate d’une réalité évidente ; d’autre part, notre esprit critique nous fait apprécier, dans un monde comme celui d’aujourd’hui, l’œuvre de l’inconnu qui sait encore témoigner, ne serait-ce qu’avec des mots, de la Vérité la plus ancienne et la plus essentielle.

Ces deux impressions représentent les limites entre lesquelles reste suspendu l’homme d’aujourd’hui. S’il a perdu la dimension de la transcendance, il ne se résigne pourtant pas à croire que le monde visible soit tout ce qui existe, demeurant ainsi comme un poisson hors de l’eau.

En effet, notre surprise, devant l’affirmation d’une telle évidence, nous rappelle l’histoire de ce jeune poisson qui, ayant entendu parler de l’océan, demande à ses parents où il se trouvait. Mais ceux-ci ne purent lui répondre à cause de leur manque de culture. Alors le jeune poisson quitta sa famille pour parcourir le monde en long et en large. Personne ne parvint à lui donner une réponse et le pauvre poisson finit par mourir sans jamais su où se trouvait l’océan. Peut-être aurait-il été nécessaire qu’une seiche ou un calmar eût écrit sur une algue ou sur un coquillage le mot « océan », pour que notre jeune poisson pût s’apercevoir qu’il y était immergé, et qu’il constituait lui-même la petite partie d’un tout.

La formule « Dieu est » écrite sur une pierre nous rappelle aussi l’affirmation d’un maître bouddhiste selon lequel le zen, l’essence de sa religion, était comme « prier dans un taxi », c’est-à-dire sacraliser, rendre sacré, jusqu’aux moments et aux lieux les plus profanes de notre existence. C’est cela, à l’origine, le sens vrai du mot sacraliser, ou sacrifier, sacrum facere, de même que le mot « existence » vient de ex stare, se « tenir en dehors », justement comme un poisson hors de l’eau, ou un poisson qui ne sait pas où est l’océan. C’est cela exister, et non être, car Dieu seul est. (pp. 25-26)
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