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4/5 (sur 1 notes)

Nationalité : Roumanie
Né(e) à : Bucarest , le 20/03/1886
Mort(e) à : Jassy , le 07/05/1937
Biographie :

George Topârceanu (ou Topîrceanu) est un poète de grande spontanéité, d'un vers classique, qui se fit remarquer aussi par des esquisses, chroniques littéraires et articles polémiques. Ses vers satiriques, ses parodies et son humour lui valurent une grande popularité.

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Bibliographie de George Toparceanu   (1)Voir plus

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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
George Toparceanu
À Pâques

Aujourd'hui dans la salle à manger
Sur une assiette somnolaient
Soupirants et barbouillés
Dix œufs en rouge colorés.
Un œuf blanc à peine pondu
Ébahi leur demanda :
– Que vous arrive-t-il, mes frères,
De quoi souffrez-vous ?
Pour vous, il ne neige et il ne pleut,
Vous êtes, de nouveaux habits parés
Comme si, Dieu me pardonne, Lui
Vous n'étiez pas des œufs…
– Nous sommes cuits !
Un œuf couleur fraise dit
Près de la pască au riz
Et changeant d'allure brusquement
Tous s'enflammèrent oralement :
– Au final, je ne puis me sauver !
– On nous prépare pour la parade.
– L'un contre l'autre pour nous cogner
Nos coquilles dans la rue pour jeter…
– Quelle honte !
– Quel désastre !
– Une omelette être j'aurais préféré.
– Moi, si à la couveuse on m'avait donné
Un bleu poussin j'aurais fait.
– Et moi un violet.
– Quant à moi je vais me taire
Si jaune je suis que j'ai envie
De me figurer que d'une brioche
Je suis le mioche !
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George Toparceanu
La corneille

Tout comme un drap le champ blanc,
Jusqu'à l'horizon s'étend.
Sur un poteau télégraphique,
Perche une corneille unique.

Immobile tout au sommet
Comme aigle sur socle de marbre,
Noire comme ramoneur l'est
Ou comme croque-mort macabre ;

De la couleur de l'as de pique,
Sur un firmament sans fin ;
Isolée, toute petite
Comme de poivre un simple grain ;

Courbée tout comme la mèche
D'une bougie ayant brûlé ;
Avec figure revêche
De Maure ayant un grand nez,

Mais sinistre et misérable
De la queue jusqu'à on bec
Comme un aigle un peu minable
Foudroyé sur un obélisque ;

Dans l'atmosphère incrustée
Comme un œuf en chocolat ;
Malheureuse, dépareillée
Comme un pruneau ne l'est pas ;

Avec l'allure interlope
D'un musicien en habit,
Dévote comme un pope
Et goudronnée comme l'Ennemi ;

Digne comme un homme célèbre ;
Mystique, sans entrain aucun,
Commme bas-relief qui ceint
Certain monument funèbre ;

Importune au soleil comme,
Saleté que dans l'œil on a ;
Néfaste comme l'est l'homme
Qui vous cramponne au baccara ;

Suspendue comme une note
Sur une portée de géant ;
Laide comme une Hottentote
Abandonnée par son amant ;

Petite dans la nature
Comme grain de poudre à canon ;
Noire comme on se figure
La gueule d'un chien pas trop bon ;

Vilaine comme un coup reçu
Au cours d'un match de boxe ;
Ou comme un morceau de coke
Sur qui la nuit il a plu ;

Résignée comme réclame dernière
En vitrine pour un chacun,
Et légère comme un rien
De suie dans la lumière ;

Triste comme crêpe de deuil
Dans la diaphane atmosphère,
Comme un petit point dans l'air
Sur des neiges de blanc orgueil ;

Étrange comme tout à coup
La nature de craie faite ;
Solitaire mais coquette
Comme en ébène, un coucou ;

Noir comme mouche dans du lait,
En contours très fantastiques,
Comme une nuit fantomatique,
Que la lumière cernerait ;

Fine comme berlingot, que sais-je,
De mazout fondu au soleil ;
Bonbon pris dans les plis de neige,
À nœud de velours pareil ;

Irréelle comme une ombre
Avec son plumage curieux
Comme une coupe très sombre
Renversée dans les cieux ;

Gravée comme une prière
Noire comme l'est bientôt
Figurine charbonnière
À reflets de cacao ;

Tragique comme un emblème
De la fin commune à tous ;
Sombre comme un anathème
Proféré un peu partout

Muette au milieu de la plaine
Comme un pan de roc brûlé,
Comme boule d'obscure laine
Filée par l'éternité ;

Pendant sur la voûte vide
Tout comme pis de goudron
Où de Satan les nourrissons
Têtent leur bitume, avides ;

Porte-malheur, imprécation
Jetée sans que l'on y veille
Au Créateur de tous dons
Et banale… comme une corneille.

[Ciora, en français par Andrée Fleury Gropeanu]
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George Toparceanu
Seuls

Dors ! J’apporte avec moi tout un flot d’air humide ;
Tremblante la chandelle est morte sur la table.
Et maintenant l’œil de la braise est seul
À scintiller comme un rubis dans l’ombre douce.

La pluie, le vent frappent les vitres,
Dehors la nuit est noire…
La gouttière soupire, violon,
Et murmure l’histoire d’un temps oublié.
Nul rayon ne traverse les rideaux.
Les ténèbres amies régnant jusqu’au lointain,
Les hommes, les passions coupent notre bonheur.
Seul, je veille la nuit.
La pluie chante toujours plus haut.
J’approche pour ouvrir d’un baiser ses yeux noirs.

(Traduction d’Alain Bosquet)
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George Toparceanu
Sonnet pluvieux

Comme Robinson je suis seul,
On ne frappe pas à ma porte ;
C’est moi qui ai mis les verrous
Car je n’ai besoin de personne.

Je suis plus heureux que Noé,
Et les humains ont disparu…
J’ai dans mon arche un brin de fille :
Libres, nous flottons sur le monde.

Vous vous pressez comme à la foire
O vous, la faune de la terre ;
Moi je n’ai pas de bêtes ici !

Je sais qu’il suffit d’un seul couple,
Troubadour et fille sans dot,
Pour recommencer tout un monde.

(Adaptation d’Alain Bosquet)
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Ballade d’une petite cigale

Sur des collines rabougries,
Sur des champs tout en guenilles,
Arriva d’un coup, comme ça,
L’automne sombre que voilà.

Longue, maigre et fofolle,
Baptisant la nature molle
D’une liasse de mort-aux-rats,
Quand elle secoue ses guiboles,
Autour d’elle et plus loin
Elle répand à hue et dia
Pluies chétives,
Feuilles mortes,
Gouttes de boue,
Coups de froid …

Et quand des montagnes arrive,
Empestant
Et larmoyant,
Les chardons de la vallée
Se cachent tous dans des ravins,
Et les églantiers des berges
Ils l’accueillent dans l’allée
Avec des hâtifs câlins…

Sur la pente, en montée,
Depuis sa hutte en argile
Une cigale s’est montrée,
Noire, petite, d’encre mouillée
La brume sur ses ailes fragiles :

Cri-cri-cri,
Automne gris,
J’pensais pas que t’atterris
Avant que Noël passait,
J’aurais même pu ramasser
Un p’tit grain le plus petit,
Pour ne pas en emprunter
Chez ma voisine la fourmi,

Parce qu’elle ne m’en donne tintin
Mais se vante à tous enfin
Comme quoi je vais quémander …
Mais maintenant,
Dit-elle d’une voix vannée
Remuant son petit pied,
Mais maintenant c’est terminé …

Cri-cri-cri,
Automne gris,
Suis-je si petit et si peiné !
*
traduit du roumain par Cindrel Lupe
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Peste dealuri zgribulite,
Peste țarini zdrențuite,
A venit așa, deodată,
Toamna cea întunecată.

Lungă, slabă și zăludă,
Botezând natura udă
C-un mănunchi de ciumafai, -
Când se scutură de ciudă,
Împrejurul ei departe
Risipește-n evantai
Ploi mărunte,
Frunze moarte,
Stropi de tină,
Guturai...
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George Toparceanu
Rhapsodies d’automne
I
Il passa d’abord une brise
Au dessus des taillis,
Et vola, par friandise,
L’aigrette des pissenlits.

Aux oblongs accords de lyre
Répondirent les prés,
Toutes les fleurs soudain pâlirent
Se tenant auprès.

L’acacia visa en haut
Fier comme une bannière.
Les écailles sur ses rameaux
S’en ébouriffèrent.

Bien plus tard une pie rebelle
Sans occupation
Apporta une nouvelle
Qui fit sensation.

Elle disait que depuis hier,
Du haut de la montagne
Il paraît qu’un vent d’hiver
Fonce envers la plaine,

Et qu’en entendant de loin
Sa voix tyrannique,
Les chardons de par recoins
Courent, pris de panique…

Par vergers le bruit descend.
Au mare, sur une bûche,
Un corbeau s’y entretient
D’un héron de souche.

En passant il lui jeta
Une nouvelle étrange :
Que les feuilles vont déjà
Partir en vacances !…

II
Alarmés, par de suite,
Les piafs voltigent,
Sur le lac le jonc s’agite
Balançant ses tiges.

En son frac un martinet,
Monte sur un roseau,
Déclamer un long couplet
Rempli d’apropos.

Mais les crapauds loufoques
Carrément l’insultent
Et du jonc ils le provoquent
Aux propos incultes.

Les foulques tirent des cris fugaces
Comme les chatouilleux,
Des cigognes, sur des échasses,
Arrivent sur les lieux.

Un moustique nerveux d’une très
Mince constitution,
En vain veut participer
A la discussion.

Quand, soudain, un hobereau,
Flic de par naissance,
Sur l’étang arrive tout droit
En reconnaissance.

Aux ordres de la Police
En cas d’attentat
De cacher le préjudice
Pour raisons d’État…

Très émue et en sourdine,
Sans illusions,
Une petite gousse anodine
Fit explosion.

III
Les fleurs au jardins s’agitent
Soigneuses aux détails,
En vraies dames de l’élite
Redressant leur taille.

Deux ou trois lavandes fluettes
D’un air de famille,
Se demandent l’avis, coquettes :
„Qu’est-ce qu’on fait, les filles ?…”

De sa part le tournesol
Déjà désespère
Qu’il va perdre sur le sol
Ses dents de misère.

En sa jaune apparence
Il se tient branlant,
Comme le plateau d’une balance
Qui penche d’un flanc…

Les insectes, sans rien comprendre
Recommencent les tours.
Seulement une petite calandre
Maudissant ses jours,

Affligée demande l’avis
D’une mite tendre :
Son mari, il est parti
En habit de gendre !

Et autour lui chantent depuis
Les cigales aux flûtes.
Ouf, quel monde, ma chérie !
Y’en a qui l’envoûtent ?

L’a trouvé dans le verger
Mort sous un calice.
Et se presse pour annoncer
Le cas à la police.

IV
Les bruyères épouvantées
Par cette vie affreuse,
Décidèrent d’entamer
Une voie religieuse.

Parce-qu’elle en savait des choses,
La vieille sagittaire,
Le concile lui propose
L’élire supérieure.

Mais là-haut, au pâturage,
Les vermeilles bonnes-dames,
Veulent déjà pour le veuvage
Vivre de leur âme.

Pour cela la belladone
Apprend un criquet
Leur jeter en face une,
Qui va les piquer !…

Là-bas, sur une campanule
De la même paroisse,
S’arrêta une libellule
Son vol plein de grâce.

Aux écailles tel un dragon,
Son fin corps balance,
Un pur joyau du lagon
Aux lueurs d’faïence.

V
Mais soudain, sur les collines
Baisse l’animation…
De surprise le vent décline
Sa respiration.

Courent des nouvelles ignobles,
S’entrecroisent rumeurs…
Qu’est-ce qu’il y a ?… Vers les vignobles
On regarde en peur.

Le voilà !… De la haute plaine,
En couvrant les champs
D’un habit à longue traîne
Au couleur du vent,

Est paru l’Automne qui est
L’Ange des mélopées,
Crainte des fleurs et Prince des
Cucurbitacées…

Il en porte comme idéal
Et comme nimbe de gloire,
Une masque triomphale,
Plutôt illusoire.

Puis il prend pour sa cohorte
De tous les recoins,
Un cortège de feuilles mortes
Les porter au loin.

*

Petits insectes, fleurs tardives !
Ma veine satirique
Vous dédie, en récidive,
Quelques strophes lyriques.

Mais sachant de la rudesse
D’hiver misérable,
Je suis proie à une tristesse
Irrémédiable…
*
Traduit du roumain par Tudor Miricặ et Cindrel Lupe
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George Toparceanu
Printemps

Après tant de froid et brume
Le soleil revient au ciel,
Nous épargne le nez du rhume
Et les pieds des coups de gel !

Au narcisses, au lys, au lotus,
Le beau temps approche,
Car maintenant, par son astuce,
N’est qu’une ébauche.

Sur une pierre des environs,
Peu après les Giboulées,
Est sorti un moucheron
Pour sécher ses pieds.

Quand les oiseaux migrateurs
Rentrent des tropiques,
Les insectes déposent à l’heur
Œufs microscopiques.

Tout le monde de la basse-cour
Chante sans une pause,
Et deux coqs s’insultent pour
Une quelconque cause.

Un dindon reste à l’écart,
Triste et étrange.
Sa rouge fraise lui gît d’une part
Flasque comme une frange.

Seul le vieux mâtin n’a même
Plus les os de quoi ronger,
Car depuis l’autre Carême,
Tout lui marche de travers.

Pour c’qu’il a souffert, surtout,
N’a à qui se déballer.
Sous son nez même, le matou
Est venu miauler.

Mais cette fois enfin l’a pris
Et le secoua, ce con…
Sur tout ce charivari
Passe en vol un papillon.

Dans la rue, désinhibées,
Des filles passent sans arrêt…
J’ai l’envie d’abandonner
Tous mes intérêts !
*
Traduit du roumain par Tudor Mirică
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George Toparceanu
La ballade du locataire

Partent les ans, partent les mois en voyage
Et les semaines s’envolent à leur gré.
Madame, je vous rends mes hommages,
Car je prends ma valise et m’en vais !

J’ignore vers quel havre, quelle soute
Je pars avec mes souvenirs,
Quel démon m’envoie sur la route,
Quel mystère me pousse de partir.
Car je n’cherche jamais qu’un abri,
Et je suis locataire passager :
Dans le bref délai de la vie
Le décor j’ai l’envie de changer.

J’ai logé une mansarde de fortune.
Mais Madame, du haut de mon cloître,
Le jour et les nuits à la lune,
Je m’sentais dans la loge d’un théâtre :
Quand la lune luisait joaillière,
La ville me lançait un appel
De lui voir dans la bleue lumière
Son image plutôt irréelle…
Au delà du mur mitoyen,
Ensemble faisaient leur ménage
Un vieillard, un acteur et un chien.
Et plus loin, en dessous, à l’étage –
Une dame recevant des visites.
À côté un célibataire,
Sérieux et de belle conduite,
Qui était quelque part secrétaire.

De là, par une pluie tranquille,
J’ai mis dans le tram ma pagaille,
Pour rejoindre un nouveau domicile :
Le Berzeï, chez le maître Mihai.

Je revois la cour génuine à
Une treille en style passéiste…
En face logeait tante Irina,
Derrière un ex-archiviste.
L’on voyait apparaître tentant
Un recoin lumineux de maison,
Le portique à lierre grimpant
Et les fleurs souriantes de saison

En ce temps fleurissait le lilas,
Et la nuit arrivait toute tranquille.
Remplissant d’arômes le gala, —
Et avait l’archiviste une fille…
Mais j’veillais, car de ma solitude
J’étais trop souvent arraché
(L’archiviste avait l’habitude
La nuit affreusement de ronfler).
Pourtant, quand s’élevait une partie
Du rideau, j’avais l’air de rêver…

Donc je suis à nouveau reparti,
De peur de ne pas me fixer.

Images étrangères et fugaces,
Sachez que je porte dans mon cœur
Une arôme qui jamais ne s’efface,
Parfum d’un passé qui se meurt…

J’ai logé chez un oncle, le Romană,
Mais où donc n’ai-je pas habité?
Chez ’sieur Manuc, une personne
Bousquée un peu de son nez ;
Chez Madame Mary, le Regală,
Ses avances s’avérèrent un échec
(M’envoya même une carte postale);
Et puis rue Unirii, chez Şbeck ;
Près d’la taverne de Sbierea, au Grand ;
Au Witing, au Tei chez Confort, —
Partout me porta l’effrayant
Pouvoir de ce même ressort.
Si ma vie reste toujours un voyage,
Les chagrins partiront de leur gré…

Madame, je vous rends mes hommages,
Car je prends ma valise et m’en vais !

*
Traduit du roumain par Tudor Miricặ
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George Toparceanu
Ballade du pope de Rudeni

Depuis la foire du village
Raccourcissant son chemin,
Dodeline sur son cheval sage,
Le pope Florea de Rudeni.

Et dans le paysage riche
Haut sur cimes, bas dans l’orée
L’hiver pâlot s’en affiche
Ses inventions de fumée.

Sommeil coulant dans l’essence,
Le gel saint d’Epiphanie
A caillé plein d’argent mince
Sur la neige et dans ses plis
Et, liant en glace les gouttes,
La brume qui va s’y ensuivre
Au pope lui tisse la moumoute
Avec des longs fils de givre.

Le ciel gris comme le granite,
Le forêt – en sommeil penche.
Ne résonne que la marmite */
Qui pendouille sur sa hanche.

Frappe le Gris d’un pied transi
Voie d’hiver, sans trop penser,
Il traverse lent, réfléchi
Les glissances dans le sentier.
Dans le silence qui perdure,
Comme au fond d’une rêverie,
Le pope parfois en murmure
Dodelinant sur son cheval gris …
En passant secoue des gaines,
Joyaux froids et mensongers,
Effrite des blanches voûtes qui traînent
Sous des portails argentés.
Près des sillons des traîneaux
Aux berges prêtes à s’écrouler,
Il voit des traces d’animaux
Sur la neige pure étoilées.
Puis sur la cime d’un rocher,
Etourdi par le paysage,
Il serre brusque les étriers
Ouït, figé sur son Gris sage.

Pas un soupir … pas un brin …
Seulement en ce gris profond
Arrive le bruit du tocsin
Sur la forêt monotone …

En oreilles longuement résonne …
Avec soin il va extraire
Un dodu ancien flacon
De la besace derrière.

Et comme il tâte la bibine,
D’une allure héroïque,
Le pope en reçoit soudaine
Une grandeur symbolique.

Là, en vallée, où la route
Traverse clairières et mares,
En peupliers reste la fumée
De l’auberge de Vadul-Mare.

Le cheval, sent la mangeoire
Et y trotte en hennissant, –
Car la bête est coutumière
Du plaisir de l’homme saint …

L’hôtelière sort en seuil, vite,
Se réjouissant du blé.
Ses yeux louchent vers la marmite */ :
– Froid, mon Père ?
– Brrr, ch’uis gelé !
*

*/ Coutume dans l’église chrétienne orientale : après avoir béni – à domicile- les gens ou leurs biens, le pope recevait l’obole de ses fidèles (en petite monnaie métallique) dans un tronc mobile … une « marmite » ou petit seau à anse, remplie à moitié d’eau bénite, dans laquelle se trouvait aussi un goupillon, en brins de basilic parfumé.
*
traduit du roumain par Cindrel Lupe
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