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3.9/5 (sur 25 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Lannion, Côtes d’Armor , le 23/12/1977
Biographie :

Né le 23 décembre 1977 à Lannion, Mathieu Brosseau vit et travaille aujourd'hui à Paris. Romancier et poète, il a fait paraître une quinzaine de livres.

Il donne des lectures musicales[2], notamment avec Olivier Mellano ou Nicolas Lafourest. Il collabore régulièrement avec des artistes peintres, comme Winfried Veit, Jean-Marc Scanreigh ou plus récemment avec Thierry le Saëc ou Ena Lindenbaur.

Natacha Andriamirado écrit « s'il lui faut une identité, Mathieu Brosseau est poète, mais il est en réalité au-delà des genres. » (in La Nouvelle Quinzaine Littéraire, 15 juillet 2015).

BIBLIOGRAPHIE

Poésie

- L'Aquatone, La Bartavelle Éditeur, 2001 (ISBN 9782877446310)
- Surfaces : journal perpétuel, Éditions Caractères, 2003 (ISBN 9782854463521)
- Dis-moi, livre d'artiste avec Thierry le Saëc, Éditions La Canopée / La Rivière échappée, 2008
- La Nuit d'un seul, Éditions La Rivière échappée, 2009
- Uns, Le Castor astral, 2011 (ISBN 9782859208639) (paru auparavant sur Publie.net en 2009). Illustrations par Winfried Veit et préface de Jean-Luc Nancy.
- L'Espèce, éditions Mots tessons, 2009
Et même dans la disparition, Wigwam éditions, 2010
- La Confusion de Faust, éditions Le Dernier Télégramme, 2011 (ISBN 9782917136454)
- Ici dans ça, Le Castor astral, 2013 (ISBN 9782859209438). Illustrations par Jean-Marc Scanreigh.
- L'Animal Central, Le Castor astral, 2016. Frontispice par Edmond Baudoin.
- L'exercice de la disparition, Le Castor astral, 2020. Dessins de Ena Lindenbaur.


Romans

- Data Transport, éditions de l'Ogre, mai 2015 (ISBN 9791093606101)). Postface de Sandor Mychkine (pseudonyme de l'astrophysicien Aurélien Barrau).
- Chaos, éditions Quidam, février 2018 (ISBN 978-2-37491-075-8)

Livres pauvres

- L'amour est un art populaire, avec Lou Raoul. Juin 2018
- Aux confins, avec Thierry le Saëc, Mai 2020.

Ouvrages collectifs

- Variations sur l'Animal Central, avec Aurélien Barrau et Véronique Bergen, Éditions La Lettre Volée, avril 2018
- Peinture et Poésie : les peintres vus par les poètes. Catalogue. Musée Paul Valéry, Ville de Sète. 2018.
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Source : Wikipedia
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Entretien pour Mediapart, 2019


Citations et extraits (38) Voir plus Ajouter une citation
Il Padrino, lui, était désormais immobile et muet, sur son siège à bascule. Une poche à pisse à droite, une poche à merde à gauche, il portait un bavoir couleur arc-en-ciel qui recueillait la mousse écumeuse que sa langue repoussait par à-coups brefs. Il ne bouge pas le vieux, se disaient ensemble les sœurs jumelles, la vieille a dû lui couper les roustons, à force de les lui ronger, c’est ça l’amour, pas vrai ?
Elles en déduisaient qu’avec l’âge et l’infirmité, on était moins conquérant.
Quand il était beau gars, il avait dû traficoter pas mal, Il Padrino, comprenaient-elles, à venir de l’Autre Ville avec sa palabre, à faire son commerce avec les peuples en guerre, ceux du désert, qu’est-ce qu’il avait dû pavoiser ce conquérant voleur de pièces de musée, pilleur de païens animistes, aspirateur de cultures à recracher plus tard aux archéologues amateurs de ruines, poussières, et qu’est-ce qu’il en vendait des armes pour que les primitifs s’entretuent, munitions aux fous de dieux archaïques, ventes d’œuvres d’art aux opulents, et on tire sur ceux qui ne veulent pas de nos armes, et on écarte ceux qui ne veulent pas de notre culture-la-nôtre, on vend des mitraillettes et avec l’argent récolté, on se fabrique des musées dans la Ville ou dans l’Autre Ville monte des expositions qui inspirent nos peintres en mal de gâchettes, parce qu’il n’y a pas de sang sur les pinceaux, tout se transforme, et dans le désert, ça vend, ça n’arrête pas de vendre, et ça transite comme dans les intestins, la guerre, ça se passe dans les boyaux, il y a un espace pour tout, le lieu des intestins et le lieu du crâne, les militaires se musclent l’œsophage barbare à force de gueuler, et les kalachnikovs caquètent, dessinent le contour des corps étendus, et les agonisants font la même tête que lorsqu’ils sont nés, magnifiques, qu’ils sont beaux ! une bulle sur leur bouche, qui claque, un soubresaut avec le ventre rouge, si beau ! et Il Padrino, il en vendait du sang, de la gouache, et les barbares, eux, pour croire que le monde a une raison d’être, qu’il a la vérité d’un art, et c’est pourquoi ils s’entretuent, la prière, et Il Padrino, il savait ça, il avait des relations à travers le monde, les barbares pensent qu’il y a des idées qui valent mieux que leur propre vie, mais ils ne savent pas que la nature, c’est-à-dire les vagues continues de la matière, est la seule chose qui ait une raison, parce que les hommes, eux, n’ont pas encore leur vrai visage.
Il Padrino avait toujours été une ordure, il n’avait plus de roustons, il voyait le monde comme un réseau de capitaux, un marché de symboles et de faux sentiments dégueulasses. La Bourse des guerres et des Musées, il avait tiré des ficelles, lui et ses amis. (…) Il Padrino et ses pairs avaient passé leur vie à faire croire qu’ils ne faisaient que bouger des flux, fruits de leurs vols et ventes et c’était tout, que ça bougeait comme des cartes sur une table de voyante, un point c’est tout, ils déclinaient toute responsabilité, ne faisaient jouer que des mouvements entrants et sortants, tout naturellement, rien de plus. C’était ça la vie, entrer et sortir. Rien de plus. Entrer ➔ sortir.
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.. il se pouvait donc qu’en toi, rien ne fasse fin, il faut dire que la fin, tu la portais en toi, dans un sac à dos troué, il faut dire que tu as cru que dans la fuite il y avait de l’infini, tu as pensé que par les trous, il y aurait des mondes à toucher, aussi durs que ma corne
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homme libre, tu verras l’immensité toute tendue contre les coeurs des uns et des autres mêlés, tu seras parent des temps concentrés dans l’expression des vies, tu seras l’âne et le corbeau puissant, l’aigle et le vers disgracieux, de jugement tu n’auras que celui qui absorbe tes mouvements dans la joie, les chatouillements et les vacillements du corps seront rejetés comme diable en aval, la parole donnée sera source de rafraichissement, les mains mortes donneront à boire, non dans la charité, seulement dans l’expression du vivre là dans ça, en son corps, en son temps, homme libre, tu ne craindras plus l’accident, tu seras l’accident, l’éclair de l’accident. Et nous nous aimerons quand même il serait trop tard.
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... nous nous fabriquons et nos prières s’adressent à nous-même, nous ne saurions vivre sans acheter nos possibles, nous ne saurions vivre entre deux os, sans lien, garde-toi de perdre la mémoire, c’est autant de possibles qui te quittent, c’est autant de promesses qui périssent, garde-toi d’oublier la trace de ton corps, elle définit ce qui advient, tout se transforme, le train avance, celui du continu, les rails portent la valeur de l’échange.
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Tout se passe comme si l’absence n’avait pas sa place au monde. Il collectionne les évidences comme autant de souvenirs laissés sur la pierre et les murs. S’il fait silence, il n’y aura pas d’horizon, s’il le fait, ce sera-là sa seule certitude. Il voit là-bas ce qu’il faut voir... et s’il oublie, il ne peut plus. Il ne peut plus oublier qu’il a jambes et bras et tête. Impossible !
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.. revenir à ce qui est nôtre, par les animaux qui me délient dans les landes désertes à l’abri d’une mer à peine calmée, au delà de la succession, il paraît que nous vivons, je ne parviens pas à y croire, je détermine l’horizon seul, il est un lieu réel où nous ne vivons pas, une cachette où tout est nombres, par l’ombre, où tout est nombres encore inconnus,
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"quand il s’agit, pour nous de parler, le corps de la voix, non juste son timbre mais sa parole en entier, le grave de la voix, l’hésitation, le silence, la culpabilité, la lenteur, le corps des mots, leur sens, l’haleine, le corps du corps, les yeux qui disent, la phrase, l’ensemble, du début à la fin, la fin comprise dès le début, le bègue, le début qui fait obstacle, la difficulté de dire, le corps de la bouche, le corps de la voix, de ce qu’elle a à dire, coupable, pourquoi dire, s’autoriser, imposer les mains de sa parole, avoir une place, le corps de l’ombre, une honte, non, avoir cette joie, cette égalité, apaiser la rencontre avec le corps, le corps dit, le corps parle, il a à dire le corps de la parole,"
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Lui, l’Interne, futur obstétricien, encore jeune, il va passer sa vie à faire naître, naître, naître, il est fils de bonne famille, son trajet est tracé on dirait, et la réussite sociale l’attend probablement, c’est comme ça qu’on dit. Il gagnera la fierté de ses parents ! De ses amis, il sera notable, voilà, on l’écoutera, mais cela ne lui fait pas grand-chose, même quand il dira des bêtises, ses paroles auront du poids, c’est sûr, on souhaitera connaître son avis, sur tout, en politique, la psychologie d’un tel ou d’une telle, sur l’actualité scientifique, économique ou internationale, on voudra, on dira C’est le Docteur qui le pense, il sera envié, tu le seras ? Et certains s’identifieront à lui, ils diront Je t’aime bien. Et il aimera cela. Mais pour dire vrai, l’Interne n’a jamais douté d’être bien seul, comme les autres, oui, misérable parmi les misérables, oui, poussière qui redeviendra poussière, ça tourne, ça graine et ça fane, il est souvent déprimé, bien souvent passif. Des millions d’hommes vivent la même vie que lui, tous, tous possédés par le même esprit, le même grillage, le même plan, la stratégie du gain, la conquête de ce qui n’existe pas encore, c’est ça qu’il faudra dire à ceux qui l’envieront, il n’a pas toujours envie… Il s’en rend compte. Il ne sait pas. Mentir. Médecin, pour quoi faire ? Et si spécialisé ! Il aimerait vivre une rupture, une fission douloureuse.
L’esprit de dépendance des hardes grégaires est d’une triste vérité. Il en a conscience, l’Interne. Il est affaibli de le savoir, triste de ne trouver aucune voie de traverse, il a besoin des autres, dans le réseau des fourmilières, il a besoin d’être aimé bien que cela lui semble absurde. Il a des angoisses, il est fragile, mais il sait parfaitement s’oublier dans le silence et le travail. Pour taire son vœu, prendre la tangente.
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Il n’y a pas d’âge pas plus que d’esprits. Il n’y a que des phénomènes superposés par effet de rouleau et qui en définitive n’en sont qu’un seul, communiquant, le singulier et le plusieurs se rejoignent, les langues apparaissent dans les plis de cette immense vague, ce phénomène qui décolle et s’écrase en un rouleau multiplicateur de confettis géants, aucune forêt ne cache l’arbre, aucun arbre ne cache l’autre arbre, il n’y a qu’une vague d’arbres uniques au-dessus de laquelle se courbe le monde plat du ciel, aspirant les vagabonds, les errants par son sablier filamenteux. Il n’y a pas de chose, il n’y a que des pertes.
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Prendre corps au rebond



Extrait 2

Et un corps, ne jamais répondre à la question triviale :
« Oh, mais quel bon vent vous amène ? » Taire la pensée
des autres n’est pas la nier, elle, non, non, c’est juste
rester fluide, le, fluide, dans ses, attaques, et, ses, remous.

Ça ressemble à du rafting ça.

Ou à un corps ça.

Un objet chutant sans fin dans un tunnel mal pavé,
chutant comme celui d’une pensée vivante, un corps-
poupée parfois raclant les pierres, rafting, chutant,
ou rebondissant contre elles, parfois tamponnant
contre les rochers qui l’expulsent ou glissant dans
un air noir.
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