Rares sont les relations heureuses et apaisées entre l'amour et la bibliothèque. Comparées aux inventions de Poe; aux enchantements quand même inquiétants de Hoffmann, aux visions érotiques d'Anatole France, les veillées sous l'abat-jour risquent fort d'ennuyer le lecteur. Seuls les plus grands, comme Stifter, ont été en mesure d'enchanter le spectacle de l'ordre.
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D'une façon plus générale, le convalescent fait toutes sortes de découvertes. Dans une formule splendide, Canguilhem a écrit que la santé c'était "l'innocence organique" : on ne sent pas son corps, il répond docilement aux injonctions de la volonté. Dans la convalescence, il occupe toute la place, il intrigue, il capte l'attention désœuvrée. Voilà pourquoi elle est dangereuse.
Les familles se réjouissent de la fin des passions destructrices. Sans elles, pourtant, le monde est comme décoloré, ce qu'annonce déjà dans le sanatorium l'obsession du blanc.
Pas de résilience sans un passé, proche ou lointain, où l'on trouve des ressources affectives insoupçonnées.