Le père, l'homme de la maison ou l'homme de sa vie, on l'appelle comme on veut, il aura toujours le pouvoir. Et quand Herrmann Kafka, patriarche intransigeant, travailleur et écrasant, s'adresse au petit Franz, frêle, bizarre et faible, ce rapport est poussé à son paroxysme. C'est l'histoire d'un moule trop parfait où la petite matière volubile qu'est ce petit garçon ne peut investir, au désarroi d'un père abominable qui, à force de tailler son fils pour qu'il lui ressemble, et de lui rabâcher son échec, fera de Kafka l'homme marginal, malheureux et incapable d'amour que l'on connaît. Cette lettre c'est la tentative de tout dire, de dénoncer et d'accuser. Pourtant, elle est touchante en ce que Kafka n'ose jamais dire les choses crues, elles sont toujours modérées, il s'accuse toujours lui-même d'être trop.. lui-même. La lettre ne parviendra jamais à son destinataire, mais j'espère qu'elle parviendra à ces autres Herrmann Kafka.
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