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Le Cimetière de la mer

Titanic fantomas

Sentiment mitigé en refermant ce livre. Très bon démarrage, écriture fluide, thématique maîtrisée, comme un goût de Titanic revisité. Ce n'est pas mon style de lecture mais on se laisse clairement embarquer. Secrets de famille, tensions et mensonges sont au rdv.

Mais perdition sur les sujets abordés, le nazisme, l'Etat Islamique et les djihadistes, les forces spéciales... pour revenir sur un bateau coulé... même si c'est très bien écrit, j'en retiens peu de cohérence littéraire dans le sens... pourquoi ? Pourquoi partir dans tous les sens ?

C'est dommage c'était très bien parti.
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Poubelle

De part et d’autre du Rio Bravo qui dessine la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis, se font face la tristement célèbre Ciudad Juarez, capitale mondiale du meurtre et du féminicide, et la prospère El Paso, pour sa part l’une des agglomérations les plus sûres de l’Amérique. C’est dans cette zone frontalière de tous les contrastes que se croisent trois destins de femmes. Alicia, adolescente abandonnée et vagabonde, vit sur l’immense décharge à ciel ouvert qui, côté mexicain, permet à une foule de pauvres hères de subsister de la vente du moindre déchet récupérable. Griselda, médecin à El Paso, vient y mener un travail de recherche sur les « enjeux de santé publique et environnementaux ». Enfin, Reyna, chassée de son emploi et de sa vie américaine lorsqu’elle a décidé de quitter son identité d’homme pour s’assumer femme, s’efforce de tourner le dos au cloaque qui empuantit le quartier, tout en régentant la petite troupe de prostituées transsexuelles qu’elle a prise sous son aile.





Aux antipodes les unes des autres en raison de profondes inégalités – toutes deux adoptées, Alicia n’a connu que la misère au Mexique, tandis que Griselda, qui a grandi et étudié au Texas, a pu accéder à une vie confortable ; Reyna a, quant à elle, d’abord connu l’aisance sous ses traits d’homme à El Paso, avant de devoir se résoudre à rentrer au Mexique et à s’y prostituer pour subsister, cette fois en femme –, ces trois Mexicaines ne découvriront jamais, contrairement au lecteur, le lien invisible qui les unit pourtant. Mais, femmes au carrefour de diverses frontières poreuses et incertaines, entre sécurité et précarité, rôle de sujet ou d’objet, genre masculin et féminin, en tous les cas confrontées à l’éternelle loi du plus fort, elles ont en commun le courage et le sens de l’entraide, seuls capables de transmuer en opiniâtre résilience leurs incertitudes et leurs fragilités.





L’on se souvient du terrifiant 2666 où Roberto Bolaño s’inspirait de Ciudad Juarez pour peindre l’effroyable tableau d’une ville mexicaine frontalière ravagée par des assassinats de femmes. Ici aussi, les cadavres se mêlent à la marée des déchets quotidiennement déversés sur la décharge au coeur du récit. Ils sont simplement devenus la manifestation ordinaire – que, pour leur sécurité, les habitants ont pris l’habitude d’ignorer – de contingences avec lesquelles il faut bien composer pour survivre. Alors, pour autant toujours prégnants, violence et danger, qu’ils prennent la forme de meurtres ou d’agressions courantes – conjugales, familiales, ou même professionnelles pour les prostituées –, ne se manifestent qu’indirectement dans la narration, au travers de leur intégration dans le comportement quotidien des personnages. Sans se plaindre, chacune des trois femmes se défend comme elle peut : la plus jeune, avec la rage de survivre ; la plus favorisée, avec culpabilité ; et la plus lucide avec l’ironie du désespoir. Leurs regards et leurs voix se croisent en une alternance virtuose de trois styles d’expression, oral et lapidaire chez Alicia, plus nuancé et introspectif chez Griselda, plein d’une verve intarissable et délibérément irrévérencieuse chez Reyna.





Dans cette histoire, où non seulement les déliquescences familiales n’ont finalement rien à envier aux violences commises à grande échelle dans la ville de Ciudad Juarez, mais aussi où les personnages ne prendront de toute façon jamais conscience des secrètes filiations qui les unissent, ce sont en définitive d’autres formes de proximités que biologiques ou nationales, celles qui rassemblent par un vécu commun et une identité partagée, que reconstruisent les personnages pour se sortir de la poubelle, au propre comme au figuré, qu’est devenu leur environnement.





Un livre fort et parfaitement maîtrisé, sur un sujet que l’auteur, née à Sonora au Mexique et aujourd’hui enseignante à l’université d’El Paso, connaît de près, puisqu’elle a coordonné bénévolement des ateliers d'écriture pour les adolescents et les victimes de violence à El Paso et qu'elle y a fondé une résidence pour femmes et écrivains LGBTQ. Coup de coeur.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
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La Maison de mon père

"La maison de mon père" de Akos Verboczy, Le Bruit du Monde, 2024

Akos Verboczy est né en Hongrie en 1975 et a immigré au Québec à l'âge de onze ans. Son roman autobiographique s'ouvre sur la scène des funérailles du père du narrateur. Celui-ci reste indécis, avec sa grande soeur, au moment de choisir des fleurs. " Prenez un oeillet blanc, au nom de chaque enfant" leur conseille leur tante. Trois oeillets blancs, auxquels répondront, douze ans plus tard les trois cailloux déposés sur la tombe de ses grands-parents maternels, selon un rituel juif, pour ceux qui restent. C'est à eux, " ceux qui restent", qu'est dédié "La maison de mon père" , récit d'un retour au pays natal, douze ans après la mort de ce père, un père "qui aime par dessus tout -plus que les femmes, plus que la bouteille - les poètes et les paysages de son pays qu'il n'aurait quitté pour rien au monde". Une semaine au cours de laquelle il reverra Petya, son ami d'enfance, les gars de la rue Karpat, son ancienne nourrice, "sa mère suppléante", son premier amour, Gabor, l'ami d'enfance de sa mère. "En fait, dis-moi, en quel honneur es-tu de retour à la maison ? " lui demande Petya. La seule réponse qu'il parvienne à articuler : "Pour voir si j'y suis encore". Est-il un touriste dans sa ville natale ? Pourtant, il répond en hongrois au SDF, qui, sur le Körut de Budapest, qui lui avait fait remarquer : "Vous vous promenez les mains vides et vous marchez le nez levé"..."comme si c'était la preuve de mon statut d'étranger". Un grande qualité du roman de Akos Verboczy est sa justesse de ton. Il y a un fossé entre "Le père idéal " qu'il avait décrit dans une de ses compositions à l'école et son père absent, homme à femmes et alcoolique. Dans un passage poignant, le narrateur effectue un décompte du nombre de fois qu'il a rencontré son père au cours de sa vie :" environ soixante-quinze fois. Dans la catégorie des pères absents, il y a assurément pire." Aucun reproche envers ce père mais nous saurons peu avant la fin du roman, pourquoi sa mère avait eu raison de partir. Ce retour à la maison , c'est aussi l'espoir de revoir la maison près du lac Balaton, un vieil abris de vigneron transformé par son père, où le narrateur a passé deux étés de son enfance. "Je sais que je n'ai pas rêvé cette maison. Parce que c'est là où mon père a su me transmettre un peu de ce qu'il était, du meilleur de lui-même, de ce qu'il avait toujours voulu être."

Après ce roman du retour, j'ai grande envie de lire "Rhapsodie québécoise- Un itinéraire de la loi 101", premier livre publié par l'auteur et récit d'une immigration et de l'adoption d'une nouvelle langue, le français.

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