AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Les éditions Gaïa sont une maison d`édition française créée en 1991 spécialisée dans la littérature scandinave, la littérature serbo-croate, éditant également un domaine français en développement et quelques incursions en littérature anglophone. La mission de la maison est de faire "des romans qui font voyager, dans le monde comme dans la tête, de grandes sagas, des personnages que l’on peut prendre le temps de connaître, d’apprivoiser, de suivre tout au long de leurs aventures"

Livres populaires voir plus


Dernières parutions


Collections de Gaïa



Dernières critiques
Rue Sans-Souci

Nesbo est adoubé par Connelly : ce n'est pas rien.

L'auteur nous embarque dans une ambiance bien (trop ?) tordu dont il a le secret.

Ça commence par un hold-up avec décès, d'où l'intervention d'Harry Hole...

Celui-ci a arrêté de picoler mais ne se rappelle plus de sa soirée avec une dame.

Qu'on retrouve morte...

Il est aidé par une dame très physionomiste...

En plus, on voyage au Brésil...
Commenter  J’apprécie          10
Je pleure encore la beauté du monde

Et soudain, on sent qu'enfin on tient un bon livre !

Après plusieurs semaines d'errance, d'abandons, de bouquins chroniqués par acquis de conscience et d'autres carrément refermés au bout de quelques chapitres, j'en tiens un.

« Happée» J'ai lu ce mot dans une des critiques babeliotes. Et je dois dire que je ne trouve pas mieux pour décrire ce moment où on se laisse embarquer avec délectation. Happée, littéralement, c'est le mot.

C'est l'histoire d'une biologiste australienne qui participe à la réintroduction de loups en Ecosse, dans une zone désertifiée, où tentent de subsister des éleveurs de moutons.

Sa particularité n'est pas banale : elle est atteinte d'un syndrome qui en fait une personne ultrasensible percevant avec une très grande acuité le ressenti émotionnel et physique des êtres vivants qui l'entourent par le biais du visuel. C'est certes une faiblesse dont elle doit faire une force, mais c'est aussi ce qui en fait une biologiste particulièrement intuitive et efficace.

Comme on s'en doute, sa tâche ne va pas être simple car comme un peu partout en Europe, réintroduire des grands prédateurs dans des zones d'élevage où la vie est déjà fort rude sans eux ne va pas sans heurts ni animosité!

Habitant moi-même une région où le loup s'est installé en peu d'années, prélevant des dizaines de bovins pour se nourrir, j'avoue être très circonspecte sur le sujet de la réintroduction dans un monde qui n'a plus guère de place pour la cohabitation pacifique.

Et puis on ne peut s'empêcher de craindre la rencontre fortuite qui pourrait menacer nos petits-enfants, nos chiens et on comprend la tristesse des éleveurs qui retrouvent morts des animaux qu'ils ont soignés et vus grandir.

Pourtant, ce texte magnifique m'a bouleversée et j'avoue avoir versé des larmes tant l'écriture est belle et le message émouvant. J'ai été conquise et ai appris beaucoup de choses que j'ignorais totalement sur cet animal et le sens des réintroductions.

Bien sûr, le récit est aussi une vraie histoire avec des sentiments, du suspense, des tensions, une intrigue. C'est un vrai beau roman à rebondissement car comme vous le découvrirez Inti n'est pas venu seule en Ecosse. Elle protège sa soeur jumelle dont on découvre par étapes le passé douloureux.

Un hymne à la vie sauvage et un plaidoyer pour le loup qui remue les tripes et retourne le coeur, mais plus que cela, ce roman est un voyage rude, sordide parfois, merveilleux aussi, dans l'intime des sentiments humains des personnages qui tous d'une manière ou d'une autre ont été confrontés à la violence. De quoi mettre en perspective…

Un gros coup de coeur.

Commenter  J’apprécie          100
Le testament des gouttes de pluie

« Gouttes de pluie

Coulent derrière la vitrine de mon enfance

Ruissellent sur le bitume de mes souvenirs ».



Ce poème d’ Alain Bonati colle à merveille à ce testament islandais.

Le réalisme magique dans toute sa splendeur.



Ce p’tit bouquin, c’est une succession infinie de rêves éveillés, c’est une émanation continue d’hallucinations en tous genres.



Cet écrivain, c’est un esprit déjanté, loufoque, maboul, frapadingue.



Deux mots, qui fracassent comme le tonnerre. Suivis de phrases interminables, qui déboulent comme une avalanche.

Il rit des intempéries et les transforme en feu d’artifices qui nous réjouissent.





« Qui sait…



Mais c'est le soir et la tempête qui se déchaîne dans les rues porte avec elle une question qui n'obtiendra sa réponse qu'en regardant l'océan, la mer cruelle et hérissée qui, avec sa crinière écumante composée de monstres marins sauvages se rue sur les rochers où les mouettes effrayées perdent la raison alors que les vagues inondent la grève, mouillant instantanément le sable qui, l'espace d'un instant, luit alors qu'elles se retirent ».



« Et soudain.

A travers la voûte du ciel toute drapée de noir jaillissent des éclairs aussi gros qu’une planète. Il fusent à une telle vitesse qu’en un instant, on dirait que tous les corps célestes explosent haut dans le ciel. Alors la terre s’illumine d’une lueur bleutée, fulgurante, et une clarté fugace vient frapper maisons en pierre et immeubles ».



Le calme après la tempête, et toujours la permanence dans l’insolence, des envolées qui nous emportent dans son délire inassouvi.



« Le silence.

Il est suspendu aux perles de lumière scintillante, aux appliques murales à côté de la table, aux ampoules Osram blanches comme la neige, aux abat-jour blanc crème.

Le silence.

Il joue à l'harmonium, virevolte au-dessus du petit autel de la salle à manger et dialogue avec les rideaux tout en aspirant les images pieuses à l’intérieur de leur cadre.

Le silence.

C'est un aveugle avec sa canne. Il entame un solo de batterie dans l'évier de la cuisine, tire la chasse d'eau et transforme les gouttes de pluie qui cinglent les vitres en orateurs qui, juchés dans leurs chaires comme des bosses sur un dos haussent de plus en plus la voix.

Ils haussent le ton, encore et encore jusqu'à former un chœur d'hommes à plusieurs voix tellement écrasant que même les serpillières se bouchent les oreilles.

Oui, le silence.

C'est un rêve qui renaît suspendu en l'air ».



Tout bruit qui résonne se transforme en mutisme omnipotent.



« Il pousse un cri de douleur, un aïe silencieux »



Un oxymore dans le décor, un silence assourdissant.



Gouttes de pluies !

Opium de rêves dorés de souvenirs en filigranes.

Tout baigne dans un univers subtilement érotique et sensuel, où phonétiquement les objets deviennent les zobs-jets, un univers dans lequel la vie rêve d’un merveilleux bonheur temporel !

Les phrases coulent langoureusement comme un fleuve inondant le cœur de bonheur !





« L'espace d'un instant, on dirait que l'obscurité éblouie de bleu s'irise de lumière jaune et ils voient clairement la voûte céleste traversée par un chariot de feu bourré à craquer de sirènes aux poitrines généreuses, aux cheveux dont les boucles sont autant de rayons de soleil et aux lèvres si désirables, si tentantes, que même les chastes pêcheurs bandent ».



Et ces mots qui reviennent inlassablement tout au long du texte.

Vareuses, doudounes à capuche, bière, placard à balais.

On se croirait envoûté par la sorcière du conte de Gripari. Et pourtant, on n’est pas rue Broca, mais à proximité d’un hôpital psychiatrique. HP, comme Haute Potentialité, les sons et les images sont exacerbés, l’âme du bison se profile, ça plane à cinq mille, envie de rester en apesanteur.



« Les gouttes de pluie transparentes tombent sur leurs vareuses vertes et déchirées, caressent leurs paupières telles des larmes de tristesse et, quelque part, bien loin au creux de l’obscurité, on dirait que le vent tend son bras vers une flûte traversière rutilante.

Il la porte d’abord aux lèvres détrempées de l’univers, s’emplit les poumons d’air et se livre à quelques exercices respiratoires à peines audibles ».



Rêver, ça part dans tous les sens, les cinq en alerte.

Rêver, ça se lit dans les deux sens, tout dépend de l’endroit où l’on place le sire qu’on flexe, vous savez, celui qu’a l’accent. Un palindrome imaginaire bien que réel.



« Quelqu'un s'étonnera-t-il qu'à posteriori, on ait l'impression que tout cela n'était rien qu'esbroufe, mensonges, hallucinations et poudre aux yeux, comme si la réalité se réduisait à une illusion qui s'allume par intermittence dans le regard des gens ou bien à des balivernes colportées par des langues mouchetées de pluie : des balivernes où même l'imaginaire devient réel alors que le visible s'évapore ».



Mais y a quand même bien une histoire, non ?

Pas une, plusieurs, infinies, des histoires dérisoires, des personnages sans âge, des lieux merveilleux, des émotions sans dévotion.

Ce bouquin ne se raconte pas, il se vit.

Démo ? Non, des mots. Délire de lire. Et la douleur ? Elle se meurt.



« Rappelle-toi cependant que les rêves sont toujours bénéfiques, oui, même lorsqu'ils sont mauvais, ils sont quand même bons car ils purifient l'âme, un peu comme une course de natation. Je crois même avoir lu quelque part qu'on peut les considérer comme les peignes fins avec lesquels on attrape les poux de l'esprit ».



Il faut croire en ses rêves.













Commenter  J’apprécie          2011

{* *}