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Oiseaux de tempête

« Que de longs jours sans sommeil

Où les yeux las dans la brume

Cherchent un feu qui s'allume

Implorent ce grand soleil

Et ce sont les icebergs

Les glaçons venus du pôle

Géants à la rude épaule

Spectres blancs sur les flots verts ».



Cantique des Terres-Neuvas



A l'époque embarqués sur leurs voiliers fragiles, ces marins-pêcheurs, venus de Bretagne ou de Normandie, menèrent leurs campagnes — c'est ainsi qu'ils appelaient leurs saisons de pêche qui duraient des mois — sur des mers funestes ou célestes, ils furent des amants fous ou des forcenés de la mer, y gagnant à peine deux sous, oubliant, noyés sous leurs morues, le goût des fraises et du printemps.



Car, de cette vie-là, si difficile et périlleuse, ils en redemandaient sans cesse, les terres-neuvas, ils ne pouvaient plus s'en passer. Malheureux à terre de n'être pas sur la mer. Et malheureux sur la mer d'être loin de leur terre et des leurs. Paradoxe auquel les condamnait, esclaves éblouis, l'exaltation de la mer.



"Il y a trois sortes d'hommes, les vivants, les morts et les marins."



Cette citation attribuée à Aristote nous emporte sur le chalutier Mafur – Mouette en français – en février 1959. le bateau ne vient pas de Fécamp mais de Reykjavik, capitale de cette île nordique dont le nom est glaçant.



« Être marin en Islande, c'est être soldat en temps de guerre ».



Les 150 pages de ce bouquin, ce sont les dix premières minutes du film de Spielberg, 32 marins qui font corps, aucun d'entre eux ne s'appelle Ryan, mais en cette année mémorable, impossible de ne pas penser à ces soldats venus de la mer qui firent rougir de peur et de honte les eaux de la Manche.



Un récit palpitant, un combat contre les éléments, une équipe soudée qui fait preuve de cohésion à tout instant, une aventure qui se lit d'une traite, accroché au bastingage pour ne pas sombrer corps et biens, à suivre d'heure en heure la lutte des marins en quête de survie.

Au coeur d'un réalisme insensé, le lecteur fait partie de l'équipage, impossible de rester de glace face à cette furie tempétueuse. La mitraille ne vient pas de munitions en acier, mais de l'eau à l'état solide. Labrador, non, rester éveillé pour ne pas congeler, être en mouvement permanent contre les éléments, avoir la pêche à défaut de poisson, forçats de la mer en quête de rédemption.



Je pense à « Hommes des tempêtes » de Frédéric Brunnquell, un récit de journaliste embarqué sur un chalutier, mais aussi à « Terreur » de Dan Simmons, épopée glaçante dans le passage du Nord-Ouest.

L'Islandais Einar Karason nous propose ici un récit romancé, entre réalité et fiction, pas de phrases superflues, pas d'états d'âme, un compte-rendu détaillé de tous les gestes de marin, une description saisissante des éléments qui se déchaînent, et des comportements humains qui ne se contrôlent plus face à la terreur subie.



« Personne ne pleurait, mais un gars venu s'asseoir à la cantine se mit tout à coup à rire sans motif, à rire interminablement au point de s'étouffer, c'était d'autant plus douloureux de l'écouter qu'on ne pouvait rien faire pour lui : on peut consoler un homme qui pleure ou, en tout cas, lui remonter le moral en lui disant de relever la tête, mais que peut-on faire pour apaiser un homme qui rit ? »



Au début, on assiste aux scènes de pêche, le pourquoi du voyage, la nécessité de la recherche de nourriture, pendant qu'il est possible de remonter les filets, avant que la mer se transforme en enfer, le calme avant la tempête.



« Il suffisait de tracter le chalut entre dix et douze minutes pour qu'il remonte d'un coup à la surface où il jaillissait, comme gorgé d'air. C'était d'ailleurs le cas ; les prises écarlates enflaient lorsqu'elles étaient libérées de la pression des grands fonds, elles atteignaient la surface boursouflées, vomissaient leurs ouïes roses par la gueule comme si elles s'étaient époumonées à gonfler un ballon de baudruche ou à faire une bulle avec un gros chewing-gum. »



Mais lorsque la météo change brutalement, que la température chute de plusieurs degrés en quelques instants, il faut réagir au plus vite pour ne pas finir comme les produits amassés dans le congélateur.



« Brusquement, la gangue de glace grinça, se fissura puis éclata. Les énormes icebergs qui enserraient les poulies tombèrent sur le pont et glissèrent jusqu'au bastingage. Il fallait maintenant les réduire en morceaux plus petits qu'on pourrait évacuer par-dessus bord. Tout à coup, le navire se redressa, expédiant au milieu du pont les blocs de glace poursuivis par les matelots armés de leurs outils. Avant qu'ils n'aient eu le temps de les casser, une vague déferla. »



Le chalutier va finalement revenir à son port d'attache, ce ne fut pas le cas d'autres bateaux. Après cette terrible aventure, sur les 32 hommes d'équipage, 8 seulement eurent le courage de reprendre la mer le mois suivant.

Car, c'est bien connu, tempête en février, t'en chie en mars.



Cette histoire, c'est l'énergie du désespoir. Pas de temps pour être exalté ou ému, le dérisoire de l'être humain face à la domination de la nature.

Des scènes saisissantes, de l'entraide, de la cohésion, de la complicité.

Et la traduction toujours impeccable d' Eric Boury.



Ils m'ont entraîné au bout de l'enfer, les démons de la mer.

Ils ne manquaient pas d'audace, les terres-neuvas.



La pêche n'est plus miraculeuse. Elle n'est plus, tout simplement.

On a vidé les bancs de Terre-Neuve, de Gaspésie et de tout le golfe Saint-Laurent. Saignés à mort.



Karason tu détonnes, ton récit romancé les ressuscite, ces morutiers en doris.

Allez, encore une autre histoire de marins, s'il te plaît ! Dis, tu la fais quand ?
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Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur

Un livre resté longtemps dans ma pal c’est parti !



Franchement je ne suis pas une grande adepte du style d’écriture des auteurs américains. J’ai trouver le début très lent et je n’ai pas accroché.

Mais au fil de l’histoire je me suis attachée au personnage et à l’ambiance du livre.

C’est donc un excellent livre mais qui a eu du mal à démarrer en tout cas pour moi, émouvant et sûrement drôle même si je ne comprend pas très bien l’humour américain.

Je le recommande

A bientôt !
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Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur

J’ai beaucoup aimé ce classique que j’ai découvert pour la première fois après en avoir souvent entendu parler. J’ai été un peu déçue par le tournant de l’histoire qui finalement n’est pas vraiment centrée sur la ségrégation mais plutôt sur la vie des deux personnages Jem et Scout et de leur père Atticus. Pour autant, j’ai trouvé le récit très agréable à lire et l’histoire assez prenante avec quelques moments plutôt drôles.
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