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Presses de la Cité Évreux, impr. Hérissey [corriger]


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Jeunes filles seules

« Jeunes filles seules » d’Edna O’Brien fait directement suite aux « Filles de la campagne ». On y retrouve presque exclusivement Cathleen, Baba, ne faisant guère, quant à elle, que de fugitives apparitions. D’entrée de jeu, Cathleen s’éprend d’un cinéaste américain plus ou moins en instance de divorce (son prénom, Eugène, dans le texte original anglais, devenant bizarrement Bernard dans la traduction française).

Prisonnière de son éducation, de ses préjugés et de sa peur de l’Enfer, elle ne s’aventure que du bord d’elle-même dans cette relation, se refusant notamment, tout en en culpabilisant par rapport à lui, à toute relation sexuelle.

Lorsqu’on apprend, dans son village natal, qu’elle fréquente un homme marié, c’est le branle-bas de combat. On convoque le ban et l’arrière-ban de la famille et du clergé pour la remettre « dans le droit chemin ». On la ramène de force « à la maison ». Elle s’échappe, le rejoint et ils s’investissent tous les deux dans une vie de couple cette fois effective.

Mais… mais elle réalise peu à peu qu’un gouffre les sépare. Ils n’ont ni les mêmes codes d’existence, ni les mêmes fréquentations, ni les mêmes valeurs, ni les mêmes centres d’intérêt. Elle se sent en permanence en décalage. Pas à sa place. Humiliée. Qu’ont-ils en commun ? Pas grand-chose. Et elle finit par en tirer les conséquences qui s’imposent. Elle part, tout en espérant qu’il fera tout pour la faire revenir. Ce ne sera pas le cas.



Bien sûr, par certains côtés, ce texte date. Autres temps. Autres lieux. Il a néanmoins quelque chose de poignant et de très actuel : il met l’accent, de façon magistrale, sur la difficulté que peuvent éprouver à se comprendre et à se reconnaître deux êtres issus de deux cultures différentes. Façonnés par elles. Et, au-delà, par le fossé qui s’instaure « naturellement » entre qui demeure engoncé dans ses préjugés et ses habitudes de pensée et qui a eu la chance de pouvoir s’en désincarcérer.



Le style d’Edna O’Brien, pour autant qu’on puisse en juger sur une traduction, est une permanente mise à distance. Un peu comme si tout, même le pire, n’avait finalement que très peu d’importance. Mécanisme de défense ? Peut-être. Cela donne en tout cas à ses textes une tonalité très particulière.
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