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Les peupliers de la Prétantaine

Ce roman est à l'image de son titre "Les peupliers de la Prétantaine".



D'après le dictionnaire, prétantaine signifie "Fait d'être toujours parti en vadrouille. Fait de laisser l'esprit ou l'imagination vagabonder. Personne multipliant les aventures galantes."



Difficile d'imaginer que ce mot puisse être choisi comme nom de lieu, pourtant Marc Blancpain a choisi de nommer ainsi l'exploitation agricole où il situe son récit !



Au milieu du récit on comprend que ce titre est une allusion au personnage central, qui multiplie les aventures galantes, mais cela ne fait pas pour autant de prétantaine, un vraisemblable nom de domaine.



Les personnages sont aussi alambiqués que le titre.



L'intrigue est poussive ; les dialogues invraisemblables : quelques soient les individus en cause, ils s'expriment sur le même ton que le narrateur.



A éviter.

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Les raisins de la colère

Quel livre, vraiment magnifique!



Ce roman, considéré comme l'un des plus aboutis de Steinbeck, prix nobel de littérature, a été écrit à la fin de la première moitié du 20ème siècle.



L'auteur nous offre dans ce roman une plongée dans l'Amérique profonde, pauvre, en pleine souffrance. Il parle de l'exode des peuples qui fuit la misère vers un pseudo Eldorado, au moment de la mise en place du grand capitalisme.



C'est un roman a très forte dimension sociale. L'écriture est prodigieuse, mélangeant poésie et tristesse.



Un roman avec un sujet encore d'actualité malheureusement...



J'ai particulièrement aimé suivre cette famille Joad, avec des personnes très différents et une dimension comme j'en ai rarement lu.



Un 4.5 car les 100 premières pages ont été difficiles à passer pour moi.
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Les Confessions

La vie du jeune Jean-Jacques, bien qu’originale, n’a pas la saveur d’une épopée.

Si la narration de ses aventures ne m’a pas captivée, je me suis toutefois plongée avec délectation dans ses pensées, sa perception sensorielle du monde, son regard sur la société, et son rapport intime avec lui-même et les autres. Je me suis sentie privilégiée d’entrer ainsi dans l’intimité de ce monstre sacré. J’ai vu l’humain derrière le grand penseur, et la figure est attachante.

Jean-Jacques apparaît comme sensible, aimant, peu adapté aux conventions et aux codes sociaux. Son intelligence toute particulière, son émotivité, sa timidité le rendent inapte dans une société où prédomine l’art de la conversation dans les salons.

Les symptômes de la maladie qui le rongeât toute sa vie apparaissent dès sa jeunesse : il alterne des phases maniaques d’hyperactivité, de sentiment de toute puissance et de mythomanie, avec des phases plus sombres de nostalgie, d’apathie et de profond abattement. Comment oublier cette scène où le jeune Jean-Jacques, qui ne sait rien à la musique, se prétend grand compositeur, allant jusqu’à monter un opéra pour se produire sur scène : ce fut bien sûr un fiasco complet. Jean-Jacques est un écorché vif, un génie tourmenté à la sensibilité exacerbée, capable du meilleur comme du pire.

Rousseau est intransigeant avec lui-même et n’hésite pas à rire de lui-même, racontant ses ridicules avec humour : il ne cesse de se présenter comme timide, gauche et stupide en société et dans son rapport à l’autre. Jean-Jacques explique sans pudeur son difficile labeur, ses problèmes de concentration, sa pensée arborescente, sa mémoire défaillante, et son étanchéité à certains sujets qu’il n’arrive pas à appréhender comme il le voudrait malgré son acharnement (le latin, les échecs, la musique dans une moindre mesure). Il ne cherche pas à se présenter comme un génie érudit et livre toute ses contradictions et difficultés via l’autodérision et l’autocritique.

Rousseau déteste travailler. S’avilir huit heures par jour pour exécuter des besognes grossières alors qu’il pourrait se nourrir de musique, de botanique, de lectures, de dessins et tant autres sujets qui le passionnent ? Rousseau est d’ailleurs un autodidacte qui a tout appris par lui-même, et c’est d’ailleurs selon lui la seule réelle source de savoir. Je partage en tout cas sa révolte face à l’ennui et la perte de temps d’un travail certes rémunérateur, mais qui n’affine pas nos goûts personnels. Il a d’ailleurs lamentablement échoué à toutes ses tentatives d’entrer dans le moule : il n’est pas parvenu à embrasser la profession de juriste, lui qui devint le grand penseur des lumières que l’on connaît, développant des théories complexes sur le fondement du droit (le contrat social notamment).

La voie classique n’a ainsi pas été le choix de Rousseau, qui a forcé son destin à l’âge de 14 ans. Alors qu’il était en apprentissage chez un graveur, il fuit la violence de son maître en quittant brutalement le domicile familial de Genève. S’ensuit alors un long vagabondage exaltant dans les alpes françaises et italiennes, au cours duquel il se convertira au catholicisme pour bénéficier de la protection d'une paroisse.

Rousseau revient d’ailleurs par deux fois sur ce choix qui fut crucial quant à sa destinée. Lorsqu’il s’est trouvé à la croisée des chemins, il choisit de fuguer vers l’inconnu, plutôt que de s’établir comme commerçant à Genève, et devenir ainsi un bon bourgeois. Selon ses propres termes, il aurait pu aspirer à une vie classique, insipide mais douce et tranquille, qui l’aurait sans doute préservé de beaucoup de peines : « Cet état, assez lucratif pour donner une subsistance aisée, et pas assez pour mener à la fortune, eût borné mon ambition pour le reste de mes jours, et, me laissant un loisir honnête pour cultiver des goûts modérés, il m’eût contenu dans ma sphère sans m’offrir aucun moyen d’en sortir (...) j’aurais aimé mon état, je l’aurais honoré peut-être, et après avoir passé une vie obscure et simple, mais égale et douce, je serais mort paisiblement dans le sein des miens. Bientôt oublié, sans doute, j’aurais été regretté du moins aussi longtemps qu’on se serait souvenu de moi ».

J’admire son choix, cette pulsion de vie, et son voyage initiatique à travers la France, la Suisse et l’Italie. L’époque permettait aux aventuriers de déambuler ainsi en se mettant sous la protection de l’église, d’une maîtresse, ou plus généralement d’un personnage quelconque qui se plaisait à prendre autrui sous son aile pour le seul plaisir d’avoir sa compagnie.

Son voyage s’est arrêté avec la rencontre de Madame de Warens, une noble entretenue par le duc de Savoie moyennant services rendus. Elle décide de prendre sous son aile ce jeune vagabond qu’elle éduque et qu’elle finance. Ainsi lui-même entretenu, Jean-Jacques peut vivre librement et vaquer à ses occupations en étudiant, se promenant, jardinant. Il décrit cette période de sa vie avec nostalgie, celle qui se rapproche selon lui le plus de l’état de nature : une vie provinciale à Chambéry, en marge de la vie mondaine. Une vie tranquille dans un ménage à trois avec Madame de Warens, qu’il appelle « maman », et le secrétaire de cette dernière qui est également son amant. Cette relation entre « maman » et Jean-Jacques est d’ailleurs troublante et dérangeante, du propre aveu de ce dernier. A l’âge de 20 ans, il vécut comme un inceste la volonté de sa « maman » d’en faire son amant dans une sorte de rite initiatique.

En tout état de cause bien, Rousseau a bien usé de son temps et de sa liberté : il a commencé par étudier en quantité, à se constituer un magasin de pensées pour forger son esprit, et lorsqu’il s’est senti prêt, armé d’une capacité de réflexion et de différentes théories et doctrines qu’il pouvait comparer et éprouver, il a constitué sa propre pensée. Il s’est torturé en se faisant des programmes d’études exigeants, relisant des livres en permanence pour ne pas oublier. Je me suis reconnue dans cette démarche consistant à étudier différentes idées et théories pour les comparer et les déconstruire. J’éprouve les mêmes difficultés que Rousseau, me déconcentrant, ne sachant par où commencer, oubliant, retournant en arrière, m’éparpillant entre plusieurs études lorsque l’une fait référence à une autre.

La construction d’une pensée se fait nécessairement dans la souffrance pour celui qui se plonge dans cette quête : c’est le fardeau de toute personne qui enlève ses œillères pour sortir de la torpeur de son quotidien et déconstruire le système : s’interroger sans concession sur soi-même, ses choix, sa vision du monde, ses névroses, à l’instar du Rousseau qui s’est plié à l’exercice de toute son âme. Il décrit très bien la torture que cela représente pour l’esprit : la recherche d’une vérité perturbe notre sérénité, les idées absorbées fourmillent dans l’esprit. Il est tellement plus facile de se laisser anesthésier par le tourbillon de la vie moderne : j’envie parfois ceux qui poursuivent leur quotidien avec sérénité et confiance, sans jamais rien déconstruire, sans faire le procès permanent de leurs choix.

Tout au long des confessions de Rousseau, j’ai été subjuguée par la complexité du personnage, par ce mélange de génie et de folie. Peu importe les procès intentés contre lui concernant son caractère difficile ou sa vie de gigolo entretenu : j’admire la hargne et l’intensité de sa jeunesse qui le conduisent à vouloir tout tester sur le chemin de la connaissance, à tout ressentir puissamment, que cela soit du désespoir ou de l’exaltation. Rousseau vit des émotions violentes, pour le pire comme le meilleur : il accepte de les ressentir et de s’ouvrir aux sensations. Cette intensité, bien que nécessairement douloureuse, me semble de loin préférable au consensualisme assommant et à l’apathie et de notre société moderne anesthésiée. Tout affairés à nos carrières, l’argent, et la recherche de reconnaissance pour gonfler notre orgueil, nous en oublions « notre état de nature » fondamental décrit par les philosophes humanistes. L’homme dans son état de nature est libre, il jouit de la vie en ressentant des émotions plutôt que de s’asservir sous le joug d’autrui comme un esclave qui ne ressent plus rien.

Je partage les rêves et les convictions profondes de Rousseau : son dégoût du code social, son rêve d’une société plus spontanée, où le paraître aurait moins de place, prioriser la nature profonde de l’homme et ses valeurs et qualités intrinsèques. Jean-Jacques préfère au théâtre social l’authenticité de la nature : en mettant tous ses sens en éveil, il arrive à ne plus penser, à être dans la jouissance des éléments qui l’entourent : le chant des oiseaux, l’éclat de la lumière de l’eau, la montagne et les gorges qu’il aime admirer pour mieux s’effrayer et ressentir la folie du vertige.

Terminons par la célèbre théorie du philosophe que nous retrouvons en filigrane à travers ses réflexions: l’homme est bon par nature, il est originellement innocent, avec un cœur pur, c’est son expérience et les frustrations corrélatives qui le corrompent.

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