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    Mahautbabelio le 03 mai 2021
    Bonjour à tous,


    Pour le défi du mois de mai nous vous proposons de livrer un texte sur le thème des 5 sens !

    Depuis Aristote, l’être humain ressent le monde au travers de 5 sens : la vue, l’ouïe, l’odorat, le toucher et le goût. Définition philosophique et scientifique, les 5 sens nous permettent de saisir le réel autour de nous, de le comprendre. C’est une expérience positive du monde dont le versant négatif serait la laideur, la cacophonie, la puanteur, la rugosité et le dégoût. 

    Qu’est-ce que cela vous inspire ? Pensez-vous qu’il existe un 6ème sens ? 


    Comme d’habitude, la taille et la forme de votre contribution est libre et vous avez jusqu’au 31 mai minuit pour nous soumettre votre texte en répondant ci-dessous. Le gagnant remportera un livre.


    Épatez-nous !

    franceflamboyant le 04 mai 2021

    Diesel

    La Vie par tous les sens.

    Avertissement : morte lors de l'assaut d'un immeuble parisien en novembre 2015, la chienne Diesel a fait beaucoup fait parler et écrire. Ce texte n'est nullement un récit de faits exacts. Les noms de ses différents dresseurs sont fictifs ainsi que plusieurs épisodes de sa vie. Par ailleurs, Diesel était un mâle et non une femelle, comme l'a dit la légende. J'ai suivi celle-ci.

    Elle était née dans un chenil en région parisienne et ne s'était d'abord souciée de rien. Petite, elle se pressait contre sa mère pour en sentir la chaleur, en capter l'inoubliable odeur, recevoir ses affectueux coups de langue si purifiants et boire son lait. Le temps ressemblait à l'éternité. Elle ne voyait rien encore mais le monde lui appartenait. Était-ce à cause des petits geignements que poussait maman Dina pour se rappeler à elle ? Ou parce que ses quatre frères et sœurs la rassuraient ? Elle était bien. Elle l'était restée quand elle avait ouvert les yeux. Dina était grande et belle. Une solide berger malinois intelligente, impertinente et si dévouée...On ne pouvait que l'admirer et l'aimer follement et elle, petite chienne joueuse, avait adoré le pelage de sa mère mais aussi ses grands yeux noir doré, ses oreilles fines et mobiles et son maintien. Elle sentait toujours la paille et la cannelle (ou c'était une idée?), lançait des aboiements sonores, donnait encore son lait et se laissait caresser par ses maîtres. Elle, la petite, n'avait pas vu le danger. Elle y voyait maintenant, pourtant et ce couple qui la regardait ne lui semblait pas suspect. Il était brun, elle était blonde. Il était dans la police.
    Diesel. Ton nom. Un joli nom, hein ?
    On ne pouvait ni sentir, ni manger, ni caresser un nom mais on pouvait l'entendre et le voir. Diesel. Moteur puissant, énergie folle.


    franceflamboyant le 04 mai 2021
    Diesel
    La Vie par tous les sens.

    Elle était partie chez son premier maître, un certain Michel Falcon, qui adorait les chiens comme elle, les bergers malinois. Cet homme, il lui avait appris à être forte et adroite. Elle courait vite, elle sautait des obstacles, elle attrapait une proie au vol, elle reniflait un vêtement et en retrouvait le propriétaire, elle entendait des appels lointains...Oui, il l'entraînait, il l'aimait. C'était un célibataire aguerri qui avait plein d'amis. Il adorait les chiens mais n'était pas si exclusif. Cette chienne là, cette Diesel, elle avait un incroyable potentiel. Avec lui, elle verrait son horizon limitée. Il ne la garderait pas. Il lui fallait Cannes- Ecluse, ce centre où l'on formait les chiens qui serviraient la police nationale...Il était grand ce centre et Diesel avait eu beau écarquiller des yeux, elle n'avait pu en embrasser les limites. On lui avait donné un box pour elle toute seule et elle avait d'abord commencé par s'en approprier les odeurs : le bois des montants, la paille qui recouvrait le ciment, la litière qu'on lui avait donné et ses gamelles dont l'une était toujours pleine d'eau fraîche et l'autre de graines à intervalles mathématiques. Elle ne jouait plus, comme avec Michel Falcon, mais avec Bruno Delgade, elle travaillait. C'est qu'elle avait deux ans maintenant. C'était fini, l'enfance. Contempler Bruno était un bonheur. Grand, athlétique, les yeux verts, blond. Diesel aimait sa beauté et ses odeurs corporelles. Elle sentait la main de son maître, la léchait, adorait qu'il lui caresse la tête entre les deux oreilles et le dos. Elle aimait sa voix, tantôt tendre, tantôt impérative. Cet homme là, s'il avait été blessé, elle l'aurait protégé de tout danger, aurait aboyé pour attirer l'attention mais aussi pour le défendre, se serait couchée contre lui pour le réchauffer...Pour l'heure, il lui apprenait une profession. Il était agent cynotechnicien et comptait travailler pour une société de gardiennage. C'est du moins, ce qu'il prétendait. Son rêve secret, c'était le RAID, cette unité d'élite de la police où chiens et maîtres luttent ensemble contre le terrorisme. Il rêvait d'un chien assez brillant pour être recruté dans cette prestigieuse unité. Pensez ! Seuls dix sept chiens la composaient....
    franceflamboyant le 04 mai 2021
    Diesel
    La Vie par tous les sens. 

    Une sélection eut lieu. C'était la règle. On cherchait des chiens d'élite. Et on recruta Diesel. Bruno lui, se vit confier un autre chien. Dans l'Essonne, à Bièvre, la chienne prit ses quartiers au siège du RAID. Elle était déjà bien adroite mais son nouveau dresseur, Franck Langelois, fut carré :
    -Ecoute-moi bien, Diesel, tu as déjà bien travaillé, sinon, tu ne serais pas ici. Mais le RAID, c'est très exigeant. Ton boulot, ce sera de traquer les terroristes et de protéger de hautes personnalités de l'état. Tu donnais soixante pour cent de tes capacités. Maintenant, tu donneras cent-vingt pour cent. Compris ?
    Diesel, fière et belle, acquiesça. Il était hautain, ce Franck, mais il inspirait confiance. Elle aurait voulu qu'il soit plus câlin mais bon...
    Évidemment, oui, c'était autre chose !  Il fallait travailler beaucoup. Aller débusquer un terroriste armé dans un immeuble ou sur un toit, ça demandait du savoir faire et du sang froid. Repérer une mallette pleine de drogue ou débusquer des explosifs aussi. D'autant qu'il fallait s'habituer à travailler avec des hommes-soldats en uniformes noirs, cagoulés et armés. Il n'y avait aucune pose dans l'entraînement. Diesel en percevait les exigences mais elle mettait tous ses sens en action pour être au service de l'idéal qui se vivait ici. Elle apprenait à sauter en parachute avec son maître et à descendre en rappel avec lui. Ses perceptions visuelles et auditives étaient affinées. Son odorat était devenu bien plus subtil. Sensible au toucher, elle anticipait l'attaque et l'agressivité. Elle savait aussi d'instinct ce qu'il fallait goûter ou refuser. Elle devenait un chien d'élite. On continua de la former et on l'employa dans diverses missions. Elle y excella.  Grâce à elle, Franck recevait beaucoup de compliments. Tant mieux ! Il était plus joueur. Un chien d'élite aime jouer à la baballe, mais oui !
    franceflamboyant le 04 mai 2021
    Diesel
    La Vie par tous les sens.

    En 2015, Diesel était en fonction depuis quatre ans. Elle avait donc six an et demi. Rêvait-elle de sa retraite, qu'on lui accorderait le jour de ses huit ans ? Ce sera trop la personnifier que de lui accorder ce désir. On lui demandait beaucoup, elle donnait beaucoup. Franck et elle étaient soudés. C'était différent d'avec Michel qui avait été une sorte de papa protecteur et de Bruno qui était un maître plus joueur. Franck était plus froid mais il état fort. Elle aimait cette force et cette rigueur. Physiquement, il en était marqué, de la racine de ses cheveux bruns à l'ovale de son visage un peu dur en passant par son corps musclé. On parlait beaucoup de terrorisme au sein du Raid. En novembre, trois commandos avaient opéré près du stade de France où se déroulait un match amical France-Allemagne et dans les onzième et douzième arrondissements. Près du stade, où se trouvait François Hollande, trois terroristes s'étaient fait exploser. On avait tiré à la mitraillette sur des convives attablés à la terrasse de cafés. Et pire, au Bataclan, où mille cinq cent personnes assistaient à un concert, on avait tiré sur la foule. Les agents du Raid étaient dans tous leurs états et depuis ces attentats, suivaient des pistes fermes à Paris et en banlieue. Diesel savait-elle que la République se sentait menacée ? Marianne pleurait-elle ? Cherchait-elle à se rapprocher d'elle pour caresser sa fourrure ? Lui demandait-elle de montrer les dents et de faire appel à tous les talents qu'on avait fait croître en elle pour contrer les terroristes ? Oui, elle les sentirait, les verrait, les entendrait. Elle les confondrait, elle assisterait à leur défaite. Voilà, c'était simple. Elle avait encore à se montrer grande et puissante. La retraite, c'était quand elle aurait huit ans !
    franceflamboyant le 04 mai 2021
    Diesel,
    La vie par tous les sens.

    Le 18 novembre, au 48 rue de la Fontaine, à Saint-Denis, un assaut fut lancé contre un immeuble dans lequel, de source sûre, se cachaient des terroristes. Ce fut très violent. Tout le monde était sur la brèche. Vive, alerte, Diesel, chienne d'élite à la face noble, attendait le signal. Après une charge violente, l'immeuble, depuis longtemps vidé de ses habituels habitants, devint silencieux. C'était le moment d'envoyer en éclaireur le plus pertinent des soldats qui étaient présents : Diesel. La chienne suivit les ordres donnés. Entrer avec force, désarmer un adversaire, elle l'avait déjà fait. Elle le ferait encore....
    D'où venait la balle qui lui ôta la vie ? Les hommes qui se cachaient là était restés plus vigoureux qu'il n'y paraissait. Ce devait être l'un d'eux...Qu'arriva t'il à Diesel avant le grand départ ? Sentit-elle de nouveau l'odeur incomparable de Dina, sa mère ? Eut-elle envie de se retrouver tout bébé contre son ventre ? Revit elle le visage sévère mais aimant de Franck ? Entendit-elle ses dernières consignes et pensa t'elle qu'elle avait fait quelque chose de mal ? Quel était ce goût dans sa bouche, ce goût qu'elle n'aimait pas ? Son pelage devenait froid, elle ne respirait plus que lentement et entendait une musique d'une douceur inouïe. Celle du paradis pour chiens dont, non sans tendresse, on lui avait parlé. On la retrouva allongée, immobile et toujours noble et on la pleura.

    Puis on parla d'elle, on la pleura encore, on en montra des image mais cette fois dans la presse et les médias. On la décora à titre posthume. Et on la garde en mémoire, celle qui sut vivre et combattre par tous ses sens en des temps d'incertitude où il est bon de démontrer qu'on a bien plus de réserves qu'on n'imagine et qu'avoir un sixième sens fait partie des possibles...Un ultime, qui ferait de vous un héros ou, dans le cas présent, une héroïne...
    hseb72 le 04 mai 2021
    Pourquoi ça tombe toujours sur moi ?

    La semaine dernière, on m'a donné le devoir le plus surprenant qu'on ne m'ait jamais donné. Nous étions en cours de musique comme tous les mardis de seize heures à dix-sept heures, le dernier cours de la journée. Comme à chaque fois, nous avons eu droit aux cinq minutes de chahut de rigueur de la part des deux trublions de la classe. Comme à chaque fois, la prof s'est un peu énervée pour obtenir le silence. Comme à chaque fois, cela a fini par une menace d'heure de colle, qui a mis fin au brouhaha. Elle s'est ensuite mise au piano, et a commencé, à tour de rôle, à nous interroger sur la note qu'elle jouait.

    - Kling, fit le piano.
    - Quelle note ? demanda-t-elle .
    - La, répondit Jonathan.
    - Fa, répondit-elle. Pas loin.
    - Klong, fit le piano.
    - Quelle note ? demanda-t-elle .
    - Mi, répondit Mélanie.
     -Si, répondit-elle. Suivant.

    Et ainsi de suite jusqu'à ce que chaque élève se soit trompé, car, bien entendu, aucun d'entre nous n'a la fameuse oreille musicale dont elle nous rebat, justement, les oreilles. Je ne comprends pas bien à quoi sert cet exercice hebdomadaire, grâce auquel personne ne progresse, puisque l'on ne s'y exerce que sur une note pas semaine. Je crois que ces dix minutes la rassurent, comme un rituel, où tout reste immuable : sa classe est relativement calme, seules se font entendre les quelques notes qu'elle choisit au hasard, et tout le monde a la mauvaise réponse à sa question, comme d'habitude. Je me demande d'ailleurs si elle les choisit vraiment au hasard. Un jour, il faudra que je pense à noter les bonnes réponses pour voir si elle ne déroule pas un schéma, lui aussi, immuable.

    Une fois, Alexis, un des deux boute-en-train sus cités se permit de demander une preuve qu'elle saurait répondre à l'aveugle comme elle le leur demandait pour prouver l'existence de cette oreille absolue qu'elle tenait tant à nous faire acquérir. Après un soupçon de panique - ou bien de colère - que l'on pût discerner dans sa réponse, elle se prêta  au jeu, en envoyant Alexis au piano pour jouer une à une quelques notes de son choix, et s'exilant au fond de la classe, elle identifia chaque son. En y réfléchissant bien, et connaissant le niveau en musique d'Alexis, elle aurait bien pu dire n'importe quoi, ce dernier n'aurait pas été en mesure de la contredire. Je suis à peu près sûre qu'il ne savait pas lui-même sur quelle touche il avait appuyé. En tout cas, cela le calma suffisamment ; et les autres aussi. Personne ne remit plus en cause la pertinence de l'exercice.

    Pour revenir au cours de la semaine dernière, il se poursuivit, comme d'habitude, par une séance cacophonique de flûte à bec, pendant laquelle nous devions jouer de conserve. J'ai bien dit "de conserve" et non "de concert". Pourquoi, donc me demanderez-vous, alors que "de concert" serait plus adapté pour un cours de musique ? Et bien, cela est très simple et fait écho au cours de français de la veille. "De concert" viendrait du fait de se concerter et d'être donc d'accord et même en accord avec une décision commune. En revanche, "de conserve" viendrait d'un terme ancien de marine pour un navire qui irait porter secours à un autre dans un esprit de conservation. Dans notre cas, on pouvait dire qu'aucun d'entre nous n'était accordé aux autres, et que notre prestation était un vrai naufrage. Mais trêve de digression, voilà que nous arrivons au moment où, pour une raison obscure, mon univers s'obscurcit soudain.

    Dix minutes avant la fin du cours, la prof décida que, pour une fois, nous devions nous impliquer davantage dans le cours de musique, et que, si nous n'avions aucune prédisposition particulière pour l'entendre et la jouer, peut-être saurions nous au moins nous cultiver en étudiant son histoire. C'est pourquoi, un par un, elle nous attribua un exposé à rédiger sur le thème de la musique à partir d'une liste qu'elle avait dans son carnet. Lorsqu'arriva mon tour, elle leva les yeux au dessus de ces lunettes, et me dit mi amusée, mi surprise :

    -Cinq sens. Pour vous, mademoiselle, ça ne pouvait tomber mieux.

    Mon cerveau se mit à bouillonner d'idées et de sentiments contradictoires. D'un côté, comment faire un exposé sur les cinq sens en musique quand on est probablement censé n'en utiliser qu'un ? De l'autre, pourquoi, alors que mes camarades pourraient juste aller sur Wikipédia chercher la biographie de Mozart ou de Beethoven - et probablement s'en sortir avec une bonne note - moi, je devrais me coltiner une recherche presque philosophique sur un thème improbable ?

    Notez-bien que je suis plutôt une bonne élève, bonne note, studieuse, travailleuse, et tout, et tout. Sachez aussi, que je n'ai jamais rechigné à faire un devoir, ni même faire des exercices supplémentaires pour améliorer mon niveau et dans n'importe quelle discipline de surcroît. Même en sport ou, faut pas se mentir, je ne fais pas que des étincelles. Mais, quand même, moi, pour l'instant, je vise une école d'ingénieur après le BAC, dans quatre ans. Pas histoire de l'art ! Mais je vous l'ai dit : je ne suis pas du genre à refuser l'obstacle. Alors je m'y suis collée.

    Merci internet, d'autres se sont déjà penchés sur le sujet, et l'inspiration a fini par m'atteindre, bien que j'ai longtemps cru qu'elle n'arriverait pas à me trouver. J'ai commencé par parler des comptines pour apprendre, en musique, les cinq sens au plus petits. Et puis, j'ai brodé, doucement, lentement, le fil du devoir et du désespoir, détaillant un à un chaque sens. La vue : grande tirade sur la beauté des instruments, l'esthétisme de l'instrumentiste en parfaite osmose avec son instrument sans oublier la lecture des partitions. L'ouïe : comment passer à côté de l'objet même de la musique ? Mais je n'ai pas omis, de parler de ces musiques dissonantes, afin de ne pas oublier que nos sens ne sont pas toujours sollicités pour notre plaisir par tous les morceaux de la terre. Le toucher :  évidence des formes et des matières des instruments au bout des doigts des musiciens ; évocation subtile des corps qui se touchent pour danser sur les musiques langoureuses. L'odorat : petite pirouette sur les parfums des différentes essences des instruments à bois. Et puis la vraie galère : le goût.

    J'ai bien pensé à citer le goût de l'anche du hautbois, moulte fois suçotée par son propriétaire qui devait bien avoir un goût de salive séchée, mais je ne m'en suis pas senti le courage. Que dire du goût des touches d'un piano, ou des cordes d'une guitare ? Alors, là aussi, j'ai esquivé, j'ai extrapolé, j'ai… fait ce que j'ai pu. Et j'ai fait une jolie petite tentative sur le souvenir du goût d'un met à l'écoute d'un morceau : des plats régionaux sur les musiques régionales, des plats orientaux sur des musiques orientales, des plats rustiques sur des musiques rus… tribales. De sorte même que mon exposé, finalement, ne paraissait pas tellement déséquilibré et que chaque sens y avait trouvé sa place.

    Je me permis même de faire une petite conclusion sur le sixième sens, en ouvrant le débat, en l'élargissant à d'autres horizons, comme pour me préparer aux dissertations que j'aurai sûrement à produire quand je serai au lycée. Six pages grand format à petits carreaux. Trente minutes d'exposé au bas mot, si personne ne m'interrompait - ce dont je ne doutais pas, car la moitié de mes camarades de classe avaient pour consigne implicite de s'endormir après la première page de chaque prestation, du moins aurait-on pu le croire. Et bien figurez-vous que tout cela ne lui a pas plu. J'ai même eu droit à des remontrances et un regard de reproches dont je me souviendrai à vie.

    - C'est bien écrit, c'est argumenté, c'est pertinent. Mais quel est le rapport avec ce que je vous ai demandé ?
    - Et bien, vous m'aviez donné un exposé sur les cinq sens et la musique, et c'est ce que j'ai fait.
    - Saint-Saëns, Camille. Saint-Saëns. Je vous ai donné ce compositeur à cause de votre prénom.

    Comment j'aurais pu le savoir, moi ?
     le 04 mai 2021
    Toujours vient son odeur. Première, intemporelle. Elle ne se lève jamais avant l’étourdissement qui suit le parfum. Sa mémoire renifle le mois de mai 82, quand le soleil s’est couché sur lui. Il sent le café du matin, les pivoines fraichement cueillies, l’hortensia qui s’allonge contre la façade de la maison, il sent la force de ses quarante ans et la fragilité de ses humeurs, il sent le vent tiède qui murmure entre les arbres, le ciel clair et la terre de leurs ainés, il sent la vie partout en ce dimanche si lumineux qui entre doucement dans la nuit.

    Elle se lève étourdie et garde tout contre elle le vertige des heures abandonnées. Dans ses mains palpite un souvenir tendre, fracturé et plus solide que la pierre, le souvenir d’un homme et d’une femme qui s’aimaient et qui étaient heureux. Alors, ses mains serrent et caressent, ses mains frôlent, désirent et consolent le souvenir comme si c’était leur enfant, celui qui n’a pas eu le temps de venir et d’être, de rire, de jouer, de jeter partout des éclaboussures d’innocence, celui qu’elle regarde parfois au-delà du jour et de la nuit, l’enfant perdu d’un bonheur passé.

    En rejoignant la salle de bains, elle jette des yeux éteints dans le petit miroir accroché au-dessus du lavabo. Pour le revoir, elle ferme ses yeux immenses et sombres, ce lac sans fond dans lequel il venait exister et se perdre. « Tes yeux sont mon âme » affirmait-il parfois avec ce regard sérieux et léger qui n’appartenait qu’à lui. Derrière les paupières, elle le rappelle, elle ne crie pas, son silence est plein de frissons qui dessinent un chemin pour arriver jusqu’à lui, c’est du bout des cils qu’elle l’accueille là, entre le cerveau, le cœur et les yeux, là où il sera encore, aussi longtemps que les yeux s’ouvrent et se ferment pour alimenter l’autre vie, l’autre rive, le rêve sans cesse renouvelé de la vie d’avant.

    Elle voudrait se laver, entrer dans la baignoire, faire couler l’eau longtemps, se laver, de tout, de la vision, du souvenir, de l’odeur mais non, il y a cette musique qui se faufile et qui entre avec un fracas connu, l’air qu’elle attend chaque jour pour recommencer à sentir et à vivre. Un piano, une sonate. Les oreilles tendues, elle écoute. Mozart arrive, sans emphase, presqu’en s’excusant. Il lui dit que ce n’est pas si grave, il lui raconte le jour d’après, celui de la nuit définitive et des soleils noirs. Il lui répète que rien n’est grave et qu’elle peut confier ses larmes et sa douleur au piano, qui en a vu d’autres et qui ne juge pas. Mozart lui parle et elle écoute, chaque matin elle ne fait que ça.

    Alors, elle quitte la salle de bains et revient parmi les vivants, suivant ses pieds qui descendent sans joie ni appétit à la cuisine parce qu’il lui reste un rituel avant de redevenir celle qui n’a plus d’amour et plus de passé. Il lui reste le café, qu’elle prépare avec des gestes lents, minutieux. L’odeur la rattrape et lui offre la dernière expérience de lui, son café sur ses lèvres, gardé en bouche longtemps, comme si c’est lui qu’elle retient sur la langue, cette chair qui manque à sa chair, tout le temps.

    Armée du goût de lui, de son image derrière les paupières, de son odeur partout sur la peau, de ce toucher qu’elle ne retient plus jamais et de la sonate de Mozart, elle peut enfin commencer sa journée.
    secondo le 04 mai 2021
    Les 5 sens, les 5 sens, les 5 sens, les 5 sens, les 5 sens

    Au début tu ne vois que le sens commun, la route qui se déroule devant toi, l'enfance, adolescence, dégénérescence, impuissance et pour finir obsolescence. Obéissance.
    Mais au fil de ta vie, tu sens comme un truc pas clair, qui t'appelle sans sonnerie mais dont tu ne peux ignorer l'exhortation, un gout de l'au-delà déjà,  tu te dis "quelque chose en toi ne tourne pas rond", bien sûr à 300 pour 100 tu refoules le tout derrière tes beaux yeux sans pattes d'oie et c'est parti mon qui? qui ? , tu avances, tu rencontres l'amour ou pas, tu fondes une famille ou pas, tu connais la gloire ou pas, tu montes ta boite ou tu démontes tout autour de toi, tu humilies ou te  roules dans la boue de la honte, bref tu vis comme un petit ver de terre en te tortillant au désespoir et en bouffant de la terre du terroir de tes origines, de tes ascendants, de tes putains de racines !

    Quand soudain tu vois le sens contraire,  tu te retournes, tu vises le chemin parcouru, le vertige te vrille la tête, t'as envie de vomir ou de jouir, tu pars à droite puis tu vires à gauche,  tu croises pil poil à la fourche du diable et ça te fait rire, tu ne peux pas garder ça en toi, bon sang t'as pourtant appris à te retenir, les bonnes manières c'est pas pour les chiens !

    Alors tu baluchonnes tes rêves et tu prends le sens inverse de tes congénères, tu te dis que tu vas faire ta trace, la trace, comme la saloperie d'escargot qui t'escorte depuis toujours. Tu seras celle, tu seras celui, et puis, et puis, le temps passe et rien ne vient, alors tu retournes au sens commun, papa, maman, je reviens, divorce, licenciement,  plus rien, à force, plus rien, te voilà à te vautrer dans ta chambre d'enfance, y'a comme un parfum de sens commun, oh putain !

    Ok, ok, maintenant t'es un vioque, une femme vieillie-bouillie, mais t'as un sacré sens critique, tu connais tous les chemins secrets, faut pas te la faire, on te la fait si souvent, et maintenant même si t'as 20 ans dans ton âme t'as 100 ans sur ta tronche, c'est injuste, le sens critique te flingue tes derniers cauchemars. ô misère, MI SAIR REU ! dirait Coluche avant de prendre le virage fatal!

    A la fin tu ne perçois que le sens figuré qui te fait t'éclater de rire quand tu vois tous ces abrutis se prosterner devant le recrutement terre-à-terre et trompeur des mots au sens propre. Au bout du compte de la vie, c'est du propre, y'a qu'un sens à vénérer, le sens de l'orientation pour regarder tout autour de soi les possibilités et les choix, sans toi ni toi,  tête de noix, qu'est-ce que tu crois ?!
    Nyckie le 05 mai 2021
    L'odeur du café, de ce café un peu trop chaud préparé dans cette cafetière sifflante et grise. L'odeur telle une impatience, qui démange la peau, qui soulève les draps, qui réveille. Voilà. C'est ainsi que la journée commence. Le parfum amer du café trop, trop quoi d'ailleurs, trop chaud, trop torréfié, trop amer, trop cuit. Si seulement elle avait grillé du pain, ou même mieux de la brioche, je me trouverais en meilleures dispositions. Le sucre, ça fait sourire, ça rend joyeux, c'est doux… Et si de surcroit cela sentait le beurre, tiède comme une réminiscence d'étable, je serais déjà debout, habillée, souriante. 

    « Viens déjeuner »

    Si en plus je pouvais trouver sur la table une pomme pelée, une orange pelée aussi, une figue bien mûre que je pèlerai moi-même, j'éprouverai à son égard un sentiment moins confus, aimable, amical. Autre chose qu'une simple curiosité, cette curiosité à laquelle je ne peux échapper et qui, plus que l'appel et l'odeur du café, me pousse à sauter du lit.

    « Bonjour ma Belle »

    Je lui souris. Je ne vais pas dès le matin reprendre ma partition d'hier soir qui se limitait à grimace/grognement/mauvaise  humeur. Alors je me fends d'un sourire et d'un mouvement de tête qui arrange mes cheveux dans le bon ordre. 

    « Paf ! »

    Le bruit léger d'une tape sur mes fesses quand je passe — un petit claquement de baiser qui ne se dévoile pas. Et moi je dis « aïe » en réponse mais elle sait bien que je ne souffre pas alors elle rit et s'assied. 

    « Criccc ! » 

    Le bruit de la chaise et de ses pieds qui raclent le sol de la terrasse. La chaise verte. je crois que si j'avais été plus rapide c'est celle que j'aurais choisie plutôt que cette orange à la peinture écaillée, à l'assise faite d'un treillis métallique qui va me laisser des marques sur les fesses et les cuisses. Ma chemise est trop courte et si je tire vers le bas je découvre le haut et au regard qu'elle me lance je comprends qu'elle l'a fait exprès. Qu'a-t-elle encore besoin de me tester, je me le demande. Elle verse le liquide si noir dans une tasse minuscule pour elle et pour moi dans une grande tasse à la porcelaine jaunie. Une seule cuillère, et elle se l'accapare. J'aime, quand le café est servi, jeter deux sucres qu'immédiatement je fais fondre en tournant et heurtant les bords de ma tasse. Je suis comme paralysée mes deux sucres au bout des doigts, dans l'attente.

    « J'y suis presque »

    Elle s'accorde encore quelques secondes de toutnicotage la chipie. Le café refroidit et risque de passer de trop trop chaud à tiède tiède. Si elle me fait encore attendre je vais bondir, saisir la cuillère, gommer ma presque bonne humeur et le petit déjeuner sur la terrasse se transformera vite en une sorte de déclaration de guerre qui va nous pourrir la journée. 

    « Slurp !!! »

    Je le crois pas. Avec délectation elle vient de sucer LA cuillère qu'elle me tend en l'agitant devant mes yeux. Oh! Nom d'un chien, qu'elle a le don de m'exaspérer dès le matin. Et voilà. Elle m'oblige à briser ma routine. Je pose mes sucres sur ma sous-tasse. Ils se colorent en aspirant le café renversé. Je dois me presser car ils ne vont pas tarder à fondre et d'humides ils vont vite devenir dégoûtants. Et cette petite cuillère qu'elle me tend, que je saisis, qui a la mauvaise idée de me brûler la main. Ne dis rien ne dis rien me dis-je.

    « Slurt, splurt »

    La musique de ses petites aspirations sur le bord de sa tasse. Le café à petites gorgées, elle peut mettre plusieurs minutes à le boire. J'essuie la cuillère, non sans l'avoir sucée à mon tour, sur le coin de ma chemise et, quand je me décide à reprendre mes deux sucres pour les jeter enfin dans mon café, ils se désagrègent en une sorte de boue gluante. La colère n'est pas loin. Quelles seraient les alternatives ? Prendre de nouveaux sucres, ramasser les résidus dégoulinants avec la dite petite cuillère, transvaser le contenu de la sous-tasse dans le café en faisant glisser… Ça semble la meilleure solution non ? 

    « Bling »

    Elle a fini, elle repose sa tasse sur le plateau de métal et rejoint la cuisine. Elle disparait. Je jette un regard furtif pour être sûre qu'elle ne s'est pas cachée pour m'observer mais aucun reflet sur la vitre de la porte-fenêtre n'indique sa présence. Alors je respire, je soulève ma tasse que je pose délicatement sur la table, j'attrape la sous-tasse entre deux doigts avec délicatesse, je l'incline et comme du miel le sucre fondu tombe en gouttes épaisses dans le liquide brun et mat. J'imagine une série d'images stroboscopiques avec des couronnes qui se soulèvent et des cercles concentriques qui s'en suivent, se croisent se mélangent en prosaïque-mosaïque. Un index gourmand passé sur la petite assiette atterri dans ma bouche que j'illumine d'un sourire. Quand enfin, cela m'a pris du temps, je tourne la cuillère qui m'appartient désormais, c'est pas trop tôt, l'odeur du café noir s'adoucit, la vapeur comme un nuage, le goût inimitable de la première gorgée.

    Si je le voulais, je pourrais facilement m'approprier la chaise délaissée. Mais non, le plaisir du breuvage me comble. Je ne sens plus les mailles de l'assise, je ne vois qu'une belle, très belle, journée qui commence à cet instant-même. Avant c'était trop tôt.

    « Du bruit dans la cuisine, des tac, paf, toc, gloups »

    Elle est presque revenue, des trucs et des machins s'entrechoquent. Ma tasse a inscrit sur la table une auréole mielleuse que déjà une mouche bruyante colonise pour être très vite chassée par un bourdon aux reflets bleus à son tour remplacé par un horrible couple de guêpes. 

    « File de là ! Bon sang ! File donc avant d'être piquée …»

    Je renverse la chaise et j'agite les bras en tous sens comme un sémaphore rendu fou. La cuillère sucée, le café trop cuit, la brioche absente, ce n'est rien comparé à une ou deux piqures de guêpes. 

    « Ne reste pas là, rentre. Si elles te piquent tu danseras »

    Je suis rassurée par cette remarque, cette attention, cette prévenance. Je pense qu'elle m'aime toujours. 

    Elle tient dans ses mains une assiette, une très grande assiette blanche ornée d'une frise végétale de fougère. Dessus, un quartier de pomme, deux figues, une feuille de mimolette du plus bel orange et tu ne vas pas le croire une belle et épaisse tranche de brioche. Je l'adore et j'adore aussi les dimanches matins.
    glegat le 05 mai 2021
    Le miraculé

        Par un beau matin de printemps, happé par le parfum des marronniers en fleurs, Benoît, d’un geste vigoureux, s’empare de sa canne sort de son appartement et descend l’escalier de bois qui le mène à l’orée du quai Conti.

     Il est accueilli par le bruit familier de cette voie dont les échos sont atténués par la proximité de la Seine. Il marche d’un pas alerte et se réjouit à l’avance du terme de sa promenade. Les effluves de café et de croissants chauds narguent ses narines lorsqu’il passe devant le café anglais. Il reste insensible au miroitement des bijoux exposés à la devanture de la joaillerie. Il longe l’hôtel des monnaies sans un regard sur son imposante façade et arrive bientôt à sa destination : la bibliothèque Mazarine.

        Il pénètre dans l’édifice avec le même émoi que le premier jour et ressent les vibrations émanant de ce lieu historique chargé du savoir des hommes. L’odeur des boiseries et des maroquins rouges l’enivre et le dirige vers la salle de lecture comme s’il était conduit par la main d’une bienveillante hôtesse.

        Un tumulte de silence l’enveloppe, il se trouve au milieu d’une foule invisible et tranquille dont le bouillonnement interne n’affleure que par un fluet murmure. Il longe la grande galerie et caresse du bout des doigts les somptueuses reliures, il hume les fragrances de cires, de papiers et de cuirs qui réveillent les papilles de l’imaginaire. Enfin, il s’arrête devant une étagère, tâtonne quelques instants avant de trouver l’ouvrage qu’il convoitait. Avec précaution, il l’extrait d’entre ses congénères et s’installe non loin à une table libre. Il s’assied, pose sa canne et ouvre le livre. Il tourne les premières pages et fait glisser ses doigts sur le papier aux délicats reliefs.

        Le miracle se produit de nouveau, les images affluent dans sa tête, les couleurs inondent l’espace, le soleil se lève à l’horizon, les armées se mettent en branle, les cavaliers chevauchent des montures sauvages, le monde s’ouvre à son esprit, à nouveau, il peut voir !
    VHUET le 05 mai 2021
    Institutrice, Emilie étudiait des méthodes de développement personnel afin d’enrichir l’aide aux devoirs pour les enfants aborigènes. Elle raconta ses méthodes d’apprentissage. Afin d’accélérer la lecture et les leçons, elle s’appuyait sur leurs facultés sensorielles très développées.

    Pour mémoriser un mot, leurs cinq sens devaient l’intégrer. Elle insistait particulièrement sur le ressenti de leurs perceptions. Ses élèves maîtrisaient l’orthographe à condition que le mot soit lu, entendu et ressenti par l’écriture. Elle rajoutait le repérage de l’odeur du mot et son goût lorsqu’il correspondait à un objet comestible. En balayant les cinq sens, les chances de réussite étaient multipliées pour les enfants aborigènes.

    De même, les récitations donnaient lieu à une construction de bandes dessinées. Les enfants aborigènes ne disposaient-ils pas d’un don inné, ou transmis culturellement, pour l’art rupestre ? Dessiner des histoires les aidait à s’imprégner du sens et de la chronologie des leçons. Ainsi, ils retenaient mieux, selon les convictions de Tante Emilie.
    Véronique Huet  

    https://www.babelio.com/livres/Huet-EAUX-TROUBLES/1324767
    glegat le 06 mai 2021
    hseb72  Un récit bien construit d'une lecture agréable et qui répond bien au thème, bravo.
    VHUET le 06 mai 2021
    Merci pour votre encouragement, d'autant plus qu'en ce moment j'en ai bien besoin dans les moments pénibles que nous vivons. Heureusement nos 5 sens nous permettent de voir aussi la beauté et l'espoir de la Vie. Bon vent à vous également dans vos écrits !
    charlottelit le 06 mai 2021
    défi 5 sens mai 2021

    Elle aperçoit un homme magnifique et élégant.
    Elle l'entend parler de littérature et de Baelio.
    Elle sent sa peau et ses cheveux qui volent au vent.
    Elle le touche avec délicatesse.
    Il est tellement ébranlé qu'il lui propose de l'embrasser 
    et de partir faire
    le tour du monde à vélo.
    Elle ressent un goût fin et délicieux qu'elle n'a jamais apprécié 
    ailleurs.
    Il partent ensemble faire le tour du monde.

    Ils admirent, subjugués, de sublimes paysages, des océans,
    le ciel et des nuages, des animaux sauvages et des personnes
    qui les accueillent avec gentillesse.

    Ils écoutent le vent, les feuilles qui dansent, les oiseaux qui
    chantent si fort, tous les animaux qui passent près d'eux,
    les vagues des océans qui les envoûtent.
    La musique leur permet de se reposer ou de s'activer.
    Ils sentent les fleurs et les légumes qui envahissent la planète
    avec un désir de biodiversité.

    La chaleur du soleil sur leur peau leur donne envie de
    s'allonger dans l'herbe remplie de coccinelles et d'abeilles
    qui permettent à la planète de
    vivre.

    Ils apprécient le parfum de la terre mouillée par de douces 
    pluies. La nature va vivre et permettre aux animaux de se
    nourrir.

    Ils ont décidé de ne pas oublier de se toucher chaque jour
    pour conserver leur amour.
    Ils étreignent les arbres pour leur parler et les remercier.

    Leur goût est puissant pour les plantes et les légumes
    qu'ils collectent une grande partie de la journée et 
    s'en délectent.

    Ils s'embrassent et ressentent une saveur très 
    spéciale ; leur vie s'enjolive.

    Ils possèdent  tous les deux un
    troisième sens qui leur fait apprécier tout le positif de la
    planète terre.
    Ils méditent chaque jour en demandant l'aide absolue 
    pour les enfants, les animaux, les gens, la nature.

    Chaque jour, tout s'organise et s'accommode grâce à 
    eux ; la terre devient extraordinaire.

    Leur choix de vie sera de parcourir la terre et l'aider à
    survivre.
    VHUET le 06 mai 2021
    Aiguise tes cinq sens au bord de la mer et des océans

    Ecoute les marins de Toulon, de Brest, de tous les océans.
    Ils le disent.
    Parfois le crient.
    Oui, la mer est traître !

    Lors de la tempête, tes algues arrachées ont crié.
    Tes graviers ont joué un rock avec fracas.
    Tambour battant, tes bouts de bois ont martelé, sali ce beau sable doré.
    Comme pour te faire pardonner, tu viens maintenant embrasser le sable dans un murmure, le lécher dans un clapotis léger.
    Oui ..
    J
    usqu’à quand ?

    Touche la fraîcheur des êtres maritimes.
    Pose ta main dans la flaque.
    Frôle les cailloux rugueux
    Lisse les algues de velours.

    Enfouis tes doigts dans le sable jusqu’à les recouvrir.
    Rencontre un ver, il te chatouille.
    Parfois un crabe ami, il peut venir te serrer la pince !


    Observe ce boulet roulé.
    Arraché à la carrière.
    Coincé dans son trou de la digue.

    Bientôt, il deviendra galet.
    Bande rectiligne de roches blanchâtres, grisâtres.
    Chemin tracé sur la mer bleutée.
    Laissant à peine apparaître un bout d’horizon.
    Sans désir de contemplation.
    Dénonce l'architecte qui t'en a privé.

     
    Déguste cette arapède sur son lit d’algues vertes.
    Chapeau chinois, patelle, brennig en breton, bernique pour le quidam.
    Iodée mais coriace.

    A pêcher et mastiquer.
    Pêche à pied.
    Cuisine de la mer ce dimanche.
    Grand-père les mastique à même le rocher.
     
    Renifle cette huitre citronnée.
    Mariée à l'agrume d’un fin muscadet.
    C’est un mois en R.
    Pot-pourri retrouvé 
    Mêlé aux relents des algues séchées.
    Parfums iodés, boisés, citronnés, amers.

    Organes de perception exacerbés.

    Par ta ballade au bord de mer.
    Tu es prêt désormais.
    A découvrir ton sixième sens.

    Véronique Huet
    hseb72 le 06 mai 2021
    glegat a dit :

    hseb72  Un récit bien construit d'une lecture agréable et qui répond bien au thème, bravo.


    Merci bien. Grande courbette et petite révérence de salut, bien bas ;)
    hseb72 le 06 mai 2021
    Dialogue de sourds, à (cinq) sens uniques
    (titre non discriminant et parfaitement inclusif !!!)

    Lui, au salon :
    - Qu'est-ce qu'on mange ce soir ?

    Elle, à la cuisine :
    - Je ne t'entends pas avec le bruit du mixeur, je prépare le repas à la cuisine.

    Lui, au salon :
    - Oui. Je disais : ça sent drôlement bon !

    Elle, à la cuisine :
    - Ha ! Oui, c'est moi qui les ai laissé sur la table, ne touche à rien, je les rangerai.

    Lui, au salon :
    - D'accord. Ca te va si je regarde les informations à la télé en entendant ?

    Elle, à la cuisine :
    - Ho hé ! Si tu as faim, t'as qu'à venir m'aider, plutôt que de te plaindre.

    indelebilevagabonde le 07 mai 2021
    Celle-là,

    tu l'avais pas vu  venir.

    Tu étais resté aveugle et sourd aux premiers signes,
    ils étaient apparus discrets,
    pointilleux dans la masse,
    puis ils étaient devenus plus oppressants,
    scindant le rythme des jours.

    Tu avais refusé d'y croire, non pas que tu adhérais aux pseudo groupes complotistes, juste que c'était de l'ordre de l'improbable,
    non,
    combien y-avait-il de chance dans une vie ?

    C'était encore loin,
    ça n'arriverait pas jusqu'ici,
    cela allait s'épuiser et s'éteindre____ comme c'était venu.

    Les jours, semaines et mois passaient inlassablement.
    Les chiffres augmentaient et paradaient,
    les contaminations aussi,
    mais c'était toujours suffisamment loin

    pour penser être épargné.

    D'ailleurs, à cet instant, tu n'étais pas le seul à le penser.

    Mais ce matin de septembre au lever,
    tu t'étais senti fébrile,
    avais touché ton front,
    un peu chaud,
      l'espoir encore d'une rhinite passagère,
    quelques frissons et courbatures,
    jusqu'au verdict,

    le café frappé insipide,
    la tartine cramée parce que tu n'avais pas senti.

    Maintenant, tu ne doutais plus, tu savais,
    et tu aurais préféré ne pas savoir.

    Six mois avait passé,
    la fatigue elle, ne te quittait plus,
    tu t'essoufflais pour un rien,
    tu avais pris quinze ans en quelques mois,
    perdu dix kilos,

    tu parvenais maintenant à déterminer le sucré
    du salé..voilà où tu en étais,
    à t'extasier, parce que tu avais reconnu le goût de vanille,
    alors tu t'étais empiffré de ces desserts au goût retrouvé.

    Tu renonçais à suivre l'épidémie, tu y étais.Tu te fatiguais maintenant des incrédules, de ceux qui y avaient goûtés si peu intensément et qui se pensais invincibles, tu enviais secrètement ceux qui passaient entre les gouttes.

    On t'avait dit que tu n'étais pas seul,

    ce n'est pas ce qui te consolait.

    Tu  voulais juste retrouver l'insouciance, celle d'avant...

    Indelebilevagabonde/MG
    SarM le 07 mai 2021
    Sens dessus-dessous

    A propos de Sens, laissez-moi vous présenter Louis. Ce sénonais sensationnel était un véritable touche-à-tout qui, quand il s'agissait de mettre la main à la pâte, ne baissait jamais les bras.

    Il a été pêcheur et faisait de belles touches mais sans jamais hausser le ton, pourtant il n'avait pas la langue dans sa poche. Il avait le nez pour trouver les bons coins de pêche. Devant ses prises (et Dieu sait qu'il y en avait pour tous les goûts), les autres restaient sans voix, muets comme des carpes !

    Il a été serrurier mais a fini par mettre la clef sous la porte. Il faut dire qu'il avait vu les choses en grand pour sa boutique. Sur ce coup-là, il avait eu les yeux plus gros que le ventre.

    Il a même été plombier un temps, mais rapidement il en a eu ras-le-bol. Ça commençait à sentir le roussi...

    A l'occasion, allez jeter un œil à ses dessins. Moi, je n'y entends rien à l'art mais on disait de lui qu'il avait un certain goût. C'est dommage qu'il ait dû arrêter, mais sur la fin, il n'y voyait goutte. A l'époque, le pauvre faisait grise mine, c'était la tuile ; la pire déception de sa vie juste après son expérience dans la couverture.

    Comment ça il partait dans tous les sens ? Non, je dirais qu'il cherchait un sens à donner à sa vie et qu'il était tout sauf du genre à aller à sens unique.
    On ne peut pas dire non plus qu'il était m'as-tu-vu, non. Par contre, Louis était sourd comme un pot. Il avait perdu l'ouïe à force de faire la sourde oreille.

    C'était vraiment un gars touchant Louis...
    Un contre-sens ? Mon histoire ? J'entends bien, mais à vue de nez, j'espère que non... Pourvu que ce ne soit pas de mauvais goût pour pouvoir toucher dans le mille !





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