Après y avoir entendu la messe, il écrit : « Nous sommes faits de telle sorte, que la simplicité extérieure du lieu où nous sommes colore même les choses surnaturelles, à moins que ce ne soit plutôt ces dernières qui colorent les choses humaines, ce que je crois plus volontiers. Toujours est-il qu'en ce moment j'ai senti ma foi comme revêtue de celle de ces pauvres habitants des Saintes, et que j'ai goûté là, pendant cette messe si simple et si tranquille, une paix profonde comme la mer qui est à cent pas. »
La paix ! Il en éprouve tout le bienfait, il en goûte pleinement les délices. A chaque ligne de ses lettres, il la célèbre et la bénit. « La paix, toujours la paix, qui est la vie, au lieu du vacarme , qui est la mort... »
« Comme je travaille! Gomme je suis calme et reposé ! C'est tout un paradis que la paix ! »
Plus tard, demeurée veuve et sans ressources, Mme Gounod fut obligée de recourir au métier de sa jeunesse. Artiste de plus d'une manière, elle crut pouvoir essayer aussi de la lithographie et continua pendant quelque temps le cours de dessin que bon mari avait fondé. Mais bientôt elle dut choisir et l'enseignement de la musique l'occupa tout entière, pour toujours. Comment elle assura sa vie, celle de ses deux enfants et leur éducation, Gounod l'expliquait en affirmant que certaines âmes « sont une démonstration vivante de la multiplication des pains dans le désert » et que sa mère avait une de ces âmes-là.
« Ma mère... ». Par ces deux mots commence un fragment autobiographique et trop court (il s'arrête à l'apparition de Faust) publié depuis la mort de Gounod sous le titre de Mémoires d'un artiste. Gounod y nomme son père le second seulement. Sa mère en effet, nous le verrons, mérita bien de sa part « le premier amour et les premiers honneurs ».