Un soir que le Duc de Mantoue — alias le roi François 1er — s'en allait en bonne fortune, il avait aux lèvres une ballade, dont chacun sait par cœur et l'air et la chanson : La donna è mobile. Bien qu'elle n'appartienne déjà plus à la première manière de Verdi, cette mélodie ne laisse pas d'être assez vieille. C'est en 1851, il y a tout juste soixante années, que Rigolelto fut représenté pour la première fois.
Verdi venait d'avoir seize ans. Le maestro Provesi, qui lui donnait des leçons et qui dirigeait la Philharmonique de Busseto, sentit le moment venu de céder la place à son élève. Il le fit avec humilité. Organiste, chef d'orchestre, le fils de l'aubergiste de Roncole pouvait désormais donner libre cours à son improvisation.