Laurent Peyrard m'avait complètement conquise avec son roman "Ce n'est loin du paradis" et j'ai évidemment sauté sur l'occasion quand il m'a proposé de lire son dernier roman, autopublié cette fois. Rien à voir ici (bien que...) avec la passion adolescente et tragique de son précédent texte, puisqu'il s'agit d'un cinquantenaire qui fait le point sur sa vie et le sens qu'elle a au sein d'une société en déliquescence. Pourtant, j'ai retrouvé dans cette trajectoire d'homme mûr un ton et une approche qui existait déjà dans le premier roman, qui est peut-être la marque de fabrique de l'auteur. Il fait une description à la fois cynique et sensible de notre monde, en analysant très bien les ressorts de la société actuelle, son fonctionnement au bord de l'absurde, ses fractures inévitables et entretenues, et s'évertue en même temps à chercher une sortie de secours, comme si ses rêves de jeunesse s'accrochaient encore et qu'il ne puisse renoncer à en atteindre au moins un. Je me suis identifiée complètement à Marc, ce qui m'arrive rarement quand c'est un homme qui écrit, à travers ses questionnements et sa douloureuse mélancolie, ses engouements et ses retours en arrière, ses coups de gueule et ses coups de coeur. Et malgré tout le noir qui colore ce roman, l'auteur parvient à terminer sur une note optimiste grâce aux leçons et conseils de son ancien prof de philo, qui lui répète que "le bonheur est fonction du regard que vous portez sur ce qui vous arrive". Un roman philosophique à la fois plein de bon sens et de poésie.