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450 pages
Dentu Éditeur (01/01/1892)
5/5   1 notes
Résumé :
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Quand Georg Sand voulut tenter la fortune littéraire, elle porta un roman à Keratry. Le romancier, déjà en cheveux blancs, venait de se marier.
« Vous faites des romans, Madame, lui dit-il, faites plutôt des enfants. »
« Faites-en vous-même. » Dit George Sand, piqué au vif.
(…)
Dans l’œuvre de George Sand, on voit qu’elle a eu ses lunes, hormis la lune de miel. Ces lunes, c’était tour à tour Sandeau, Musset, Litz, Gustave Planche, Delacroix, Chopin, Michel de Bourges, Pierre Leroux, Lamennais, Ledru-Rollin – sans compter les vieilles lunes et les éclipses.
Quel que fut son génie, elle a subi les reflets ; ce qui à fait dire à Delatouche : « c’est un écho qui double la voix. »
Quand George Sand entra dans la vie par le chemin des iniquités sociales, elle leva un front superbe et jeta un défi à Dieu en déifiant l’humanité. Elle reprocha à Dieu d’être trop loin puisqu’il n’entendait pas le grand cri de nos misères, puisqu’il ne pardonnait pas à Satan, et qu’il lui imposait l’empire du mal. Elle voulut rejeter Satan de l’humanité, ou lui donner droit de cité de par le sang et les armes de Jésus.
Ainsi George Sand tailla sa plume comme une épée.
Elle avait cherché la vérité dans l’histoire. Elle avait salué les martyrs de la révolte comme les martyrs de la foi, les interrogeant de son grand œil dantesque, dans sa descente aux enfers des vivants. Elle aurait voulu parler haut contre la force perpétuelle de la bêtise humaine ; elle se contenta des paraboles du roman.
Comme les femmes qui traversent le monde en voilant leur beauté, on a pu dire que George Sand s’efforçait de faire oublier par sa simplicité touchante, sa personnalité radieuse.

Elle aimait l’amitié plus que l’amour.
Son bonheur était de voir ses amis dans les nuages de ses cigarettes.
Presque toujours silencieuse, elle se contentait de nous passer à tous les cigarettes de la conversation. Les joies bruyantes ne la prirent jamais ; c’est qu’il y avait dans son imagination tout un monde de figures crées par elles, vivant par son souffle, parlant par son génie.

Cette adorable romancière devint bien vite la femme la moins romanesque du monde, parce qu’elle vivait dans le roman toujours rajeuni de son imagination. Elle n’avait rien trouvé dans la vie réelle de comparable aux magies de sa pensée.

La génie n’a pas de sexe, il y a des femmes qui écrivent comme des hommes. On a dit qu’aucun chef-d’œuvre n’était sorti de la main des femmes : c’est une calomnie. (…)
Pourquoi nier aux femmes le droit de penser comme les hommes ? Croit-on que Dieu, en les créant, ait voulu les doter moins bien pour en faire des mères de famille ?
(…)
Qui dira que ses pages enflammées sous ses idées enthousiastes ont moins de virilité que celles de Jean-Jacques, son premier maître ? C’est que son second maître fut son cœur.

Chaque nuit George Sand reprenait sa plume éloquente qui n’avait jamais manqué d’encre – et quelle encre ! Quand on est doué comme Lamartine, comme Victor Hugo, comme George Sand, on trouve tout en soi sans chercher ; la nature a mis dans l’esprit des maîtres une bibliothèque merveilleuse qui donne comme par magie les idées et les sentiments. Aussi, en art et en poésie, il n’y a que les inspirés.
(…)
George Sand n’attendait pas : dès qu’elle prenait la plume, elle était possédée. En montant à son cabinet de travail, elle montait sur le trépied.
(…)
Que ne lui doit-on pas pour nous avoir fait oublier les mauvais jours de la vie par le charme irrésistible de ses récits tour à tour tendres et passionnés, de ces figures toujours vivantes qui nous ont fait une autre famille humaine, de ces pages émues et brûlantes qui ont ramené tant d’esprits égarés au sentiment du beau, qui est toujours celui du bien.
(…)
On peut traverser ses adorables paysages en toute confiance, on y respirera toujours l’air le plus vif et le plus pur.
(…)
Elle conte avec simplicité sans rhétorique, mais tout à coup la muse éclate dans la femme et marque l’accent divin. C’est ce contraste du grand et du familier qui fait son génie.
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(Mort d'Alfred de Musset)
- « Je suis bien heureux de vous voir », dis-je au malade.
- Il était temps, mon cher ami, cinq minutes plus tard, vous ne me trouviez plus de ce monde ! Je ne suis même pas bien sûr de n’être pas un revenant. Mais je ne crois pas aux revenants, parce que je ne crois pas à l’autre monde.
- Voilà une idée qui n’est pas de vous. Rappelez-vous « l’Espoir en Dieu » du poète Alfred de Musset : « Malgré nous, vers le ciel il faut lever les yeux. »

- Je parlais en vers ; mais, pour parler en prose, l’autre monde, c’est le Père-Lachaise.
- Ce ne serait pas la peine de partir, mon cher ami.
- Aussi, je ne suis pas pressé de partir. Ce monde est mauvais, mais c’est la lumière ; l’autre monde, c’est la nuit. 

Je tentais de le réconforter.

- Pouvez-vous croire un instant que votre âme, toute rayonnante, votre âme qui a parcouru, en un vol radieux, les mondes disparus et les mondes promis, irai s’ensevelir, un jour ou l’autre, sous six pieds de terre, dans un campo-santo ?
- Pourquoi pas, si mon âme a joué son jeu ?
- Le jeu qu’elle a joué prouve que vous n’en êtes pas à vos dernières cartes. La vie n’est qu’un commencement.
- Si c’est un commencement, c’est une fin. Donnez-moi une cigarette.
- Oui, à la condition que vous ne la fumerez pas.

Je passais une cigarette à Alfred de Musset, qui la mordit : « du feu ! Du feu ! Pour me rafraîchir la bouche. »


Tout en disant cela, la toux reprit de plus belle ; il m’effraya par sa pâleur ; il se cacha la tête dans son troisième oreiller :

- Pourquoi ai-je vécu ? Dit-il en se relevant. J’ait toujours attendu quelque chose, ce quelque chose n’est pas venu.
- Vous avez vécu pour allumer des âmes. Combien de générations qui seront consolées par votre poésie ?
- Oui, mais moi, je ne suis pas consolé du tout. Plus on monte, plus on descend dans la vie, plus on reconnait que l’homme est une machine qui pleure ou qui fait pleurer. Voilà pourquoi le moyen âge était bien heureux de croire au lendemain.
- Qui vous empêche de croire au lendemain ? Le lendemain est écrit là-haut. Il est impossible de regarder le ciel, le jour sous l’éclat du soleil, la nuit sous la splendeur des étoiles, sans être convaincu que c’est là notre pays. Nous sommes tous des exilés. Mais nous retrouverons le plus où fleurit l’oranger.
- Vieille chanson ! Je vois distinctement le noir, noir le tombeau, noir le linceul blanc.
- Comment voulez-vous que l’âme qui a crée des merveilles comme les vôtres s’en aile en fumée ?
- Comment-vous que la femme qui met au monde un enfant ne meure pas avant lui ?

Ici un étouffement. Je me levais et je pris la main d’Alfred de Musset : « Adieu, mon ami, vous êtes dans un jour noir ; je reviendrai après-demain ; j’espère vous retrouver dans un jour rose. »

Le sommeil allait le reprendre : il dormait beaucoup en ses dernières heures. Je lui serrais encore la main. Il me fit un signe de tête. Je m’éloignais, non sans me retourner, comme si je voulusse ressaisir, pour la marquer encore une fois dans les eaux-fortes de ma mémoire, cette figure que la fièvre avait faite plus belle et plus expressive ; les lignes du front s’étaient accentuées, l’oeil jetait plus de feu, la bouche avait un vaillant sourire de résignation. L’air de tête conservait toute la fierté des meilleurs jours.
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