Imaginez que suite à une cuite nocturne, alors que vous êtes en train de vous dessoûler à l'aube, quelqu'un vous appelle, se présente ( Qui est-ce ? Luis ? Luis who ??? ), vous interpelle avec votre propre nom, et vous dit, que Clara est mort, et que sa crémation aura lieu le surlendemain à 11 heure à .......Clara ? Clara who ? aucune idée......mais pourquoi ne pas prolonger le jeu ? d'autant plus que l'interlocuteur d'en face insiste pour ignorer vos balbutiements qui se démènent pour exprimer qu'il y a erreur sur la personne appelée..... ha, ha, ha, parfois vaut mieux éviter de caresser le destin dans le sens du poil, ça peut s'avérer très compliqué et vous porter loin.....
À travers ce conte un brin fantastique, Ovejera nous parle du voyeurisme au XXI iéme siècle, devenu légal, voir banal, grâce aux déchaînements des médias, soutenus par un haut audimat; comme quoi on se demande si la pudeur chez l'homme a-t-il jamais existé ? Imposture, voyeurisme, mais aussi notre subjectivité face à la Vérité, « A chacun sa vérité » comme dirait Pirandello, manipulent l'histoire et les personnages de l'histoire. L'auteur se livre ici à un exercice particulier et intéressant, où un homme, qui n'a jamais connu l'Amour, se plaît à créer une relation amoureuse fictive avec un personnage disparu, qu'il n'a jamais connu, avec ses propres paramètres d'existence, et le pire c'est qu'il se fait prendre au jeu......
Parsemé de réflexions existentielles, une fine analyse des relations humaines, et de nos sociétés occidentales actuelles, où l'auteur ne ménage ni Samuel, ni les autres personnages croisés, qui finalement vont tous sombrer dans la fiction, “Che telenovela......”.
Fiction dans la fiction, peut-on donner vie à l'imaginaire ? Oui 😊! Décidément ces écrivains espagnols sont capables de tout ! 😊 !!!
Ce livre qui reçut en 2013 le prix Alfaguara, le Goncourt espagnol, n'a pas encore était traduit en français ( traduction disponible en italien et en anglais) .Espérons que vite, vite, il le sera !
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....les gens qui nous admirent, nous mettent mal à l'aise, car ils ne reconnaissent pas nos points faibles; nous admirer est une manière de dénier ceux que nous sommes en réalité.
p.134
Le pire ennemi du bonheur n’est pas la douleur, mais la peur.
p.42
Déjà nous sommes tous, deux personnes, ou trois ou quatre; moi,certaines de mes personnalités je ne les ai même pas encore croisées.....
José Manuel Fajardo & José Ovejero