C'est parmi les modernes qu'il faut surtout chercher des enseignements pratiques, et, pour vous guider dans le choix de vos modèles, je n'ai qu'à vous interpréter ce mot de Corot, le fondateur de l'école paysagiste moderne : « Soyez sincère.. » Prenez donc, si, malgré ce que nous venons de dire, vous désirez faire quelques copies avant d'aborder la nature morte, des études de jeunes artistes sincères et consciencieux, dont les œuvres, reproduction naïve de la nature, ne portent point encore le caractère personnel de l'artiste arrivé. Autrement vous vous laisseriez aller à prendre la manière et les procédés de tel ou tel, ce qui à tout jamais vous interdirait l'originalité.
S'il faut une aptitude toute spéciale pour devenir paysagiste de premier ordre, et maître peintre, je crois qu'un peu de goût et d'amour de la campagne suffisent pour faire un amateur et même un artiste en paysage. Le champ est plus libre à la fantaisie et l'on ne se trouve point enfermé dans les règles sévères de la figure : la silhouette d'un arbre peut être plus ou moins juste et correcte, si elle porte bien son caractère propre, elle ne choquera jamais autant qu'une disproportion dans le visage. La nécessité d'une science approfondie du dessin n'est donc pas ici rigoureusement absolue, d'autant qu'on s'y perfectionnera toujours en peignant bien dans la forme et l'esprit du dessin, d'après nature.