Or avec la monnaie on voit émerger la figure du commerçant. Immédiatement, une perversion devient possible. Le marchand considère volontiers l'argent comme la fin de son commerce. Dès lors, l'échange permet l'accroissement d'une richesse superflue désiré pour elle-même. Ce mouvement est sans limites. Sans achèvement. Il est contre-nature. La nature d'une chose n'est-elle pas la fin qu'elle est destinée à remplir ? Comment en arrive-t-on à une telle altération ? Pourquoi des hommes se détachent-ils de l'ordre naturel des choses, au risque de se perdre dans une recherche indéfinie et donc malheureuse ? En réalité, ils échangent pour être heureux. Et puis ils s'égarent."
Lorsqu'elle n'est plus un moyen, la monnaie corrompt tout. Elle n'est plus au service de la satisfaction des besoins du plus grand nombre. Elle sert l'intérêt de quelques-uns. Elle distend les liens sociaux. Elle disloque la société. Elle l'atomise. Elle isole les personnes. Par sa faute l'individu se fait centre de tout. Il désire dominer. Ne faut-il pas abolir les gains financiers si l'on veut instituer une société harmonieuse ?
Ceux qui accumulent de l'argent se méprennent sur l'essence du bonheur. Ils n'accroissent pas leurs qualités d'âme. Ils aspirent seulement à satisfaire leur corps.
On n'échange pas, ni ne pactise avec les dieux ! (PLATON), Jean-Marie FREY