La maturité apporte un certain apaisement.
[...] pourquoi le bon et le fort ne coexistent jamais dans la même personne ? Peut-être parce que le bon ne peut jamais obliger, seulement convaincre.
[...] les tropiques collent à la peau comme la bave du crapaud, qui ne part ni au savon ni à l'éponge.
La beauté vous condamne : elle vous ouvre toutes les portes pour ensuite les fermer.
Se souvenir, c'est comme prendre dans ses bras les fantômes qui nous ont permis de vivre ici.
La pensée magique, si trompeuse soit-elle, nous aide parfois.
Le premier et le dernier regard sont très importants, [...], et tout comme la maman veut voir son enfant beau la première fois, le fils aussi veut voir sa mère belle la dernière fois.
[...] j'ai cherché sur la galerie de mon portable de vieilles photos de maman. Les photos de sa jeunesse, celles où on la voyait jolie et souriante, pleine de vie, avec tout son avenir devant elle. J'en ai trouvé une où elle me tenait, à un an, dans ses bras, et nous souriions tous les deux en nous regardant, remplis d'amour et de joie. Je l'ai mise sur Facebook, qui est l'endroit où maintenant on poste les annonces, les deuils et les condoléances [...].
C'est toujours pareil: on ne désire que ce qu'on n'a pas. P.303
...il y a des gens disposés à payer des milliers de dollars pour une vieille tronçonneuse signée Jon Vacuo; j'imagine qu'ils l'accrochent dans leur salon,et expliquent ce que cela signifie.Moi franchement,bien que je comprenne le sens historique des objets,la dénonciation sociale qu'ils renferment,et alors même que je l'ai aidé à concevoir,cela me fait plutôt rire.Je n'imagine pas le salon de Pilar,celui de maman,ou un couloir de La Secréte, avec une vieille tronçonneuse suspendue à un crochet, et un carton à côté qui explique, sur plusieurs paragraphes et dans une prose tarabiscotée,l'importance de l'œuvre comme témoignage de la mémoire historique du conflit en Colombie.p.161