Il faut dépasser la douleur, la surmonter, maîtriser ses sentiments, pour que la vie, ou plus exactement la mort, soit un peu moins insupportable ou un peu plus acceptable. (Page 12)
La propriété donne mal au crâne et crée de l'injustice : la propriété nous rend avares et mesquins. La propriété nous lie les mains. Si je n'avais rien, de quelle liberté je jouirais, de quelle pureté. Enfin dépouillée de tout. Ne pas régler de factures, ne pas payer d'impôts, ne pas se tracasser pour l'assurance, les trous dans le toit, les clôtures et les bêtes, voilà l'idéal.
Parfois les malheurs sont ainsi, ils ne s'espacent pas à travers les ans, mais arrivent tous à la fois, comme il en va aussi des joies, l'un après l'autre. La vie est faite de vagues de joies et de vagues de tristesses, et de longues années de calme, sans sursauts, qui sont les meilleures.
On naît en croyant que les gens sont bons, jusqu'à ce que la vie apporte son démenti et nous démontre que, s'il existe des personnes bonnes, il y a, à côté de ça, des tas de gens très méchants, animés de mauvaises intentions, calculateurs, hypocrites et ingrats. Des gens au cœur minuscule, pas comme une mangue, mais comme une petite goyave verte et aigre.
Le rire très souvent [...] est la meilleure cuirasse.
" L'église libérait l'homme de sa désolation pendant quelques instants, et c'est cela même qu'obtenait la prostitution. " Ou comme aurait dit plus rudement un paysan : dans une maison on pèche et dans l'autre on nous pardonne ; ou encore : dans l'une on soulage notre corps et dans l'autre on soigne notre âme.
La vie ne tient qu'à un fil, et dans l'air il y a des ciseaux qui volent au vent.
Malédiction de la vie : tout est si lent et difficile à construire, si facile et rapide à détruire, il suffit d'un peu d'essence et d'une allumette.
Les inégalités naissent de l'effort ou de l'astuce de quelques-uns, voire de la méchanceté ; des vices, de la paresse ou de la simple malchance. Ou encore d'un héritage , [...] ? Ou parfois par malice, par mérite ou par chance. Il suffit d'une chute de cheval pour rester invalide et sombrer dans la pauvreté ; à l'inverse, on peut tomber de son mulet et trouver par terre une mine d'or. Voyez bien qu'il n'y a pas seulement les injustices des hommes, il y a aussi celles du destin, comme l'a dit un poète. Comment savoir ? Il est possible que les inégalités s'accentuent et alors, si elles sont trop grandes, dans un siècle ou plus, il faudra battre les cartes à nouveau et les redistribuer.
La nuit est le jour des scélérats [...].