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EAN : 9782070149735
408 pages
Gallimard (18/02/2016)
3.54/5   28 notes
Résumé :
Ce roman est une histoire d'amour : celle d'une famille d'origine juive, les Angel, pour une ferme cachée au cœur des Andes, La Secrète. Sur cette terre luxuriante, vaste forêt tropicale devenue riche plantation caféière, plusieurs générations se sont succédé depuis un siècle. Trois voix singulières, celles des trois derniers enfants de la lignée, vont alterner pour nous faire découvrir les destins et les rêves qui se sont croisés à La Secrète.
Antonio, le f... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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En pleine jungle, au coeur des montagnes de la province d'Antioquia au nord-ouest de la Colombie, la Secrète est la demeure des Angel depuis un siècle et demi et l'arrivée des premiers colons dans la région. Anita, ultime pierre angulaire de la famille, vient de mourir, laissant la demeure et ses plantations de tecks et de caféiers à ses trois enfants. L'aînée Pilar, gardienne des lieux et des traditions familiales, s'est toujours consacrée à la sauvegarde de la propriété et a promis sur le lit de mort de son père de ne jamais vendre le domaine. Antonio, violoniste exilé à New York pour y vivre son homosexualité au grand jour, revient régulièrement passer ses vacances à la Secrète à laquelle il est viscéralement lié. Eva, femme émancipée attachée à son indépendance, a pris la maison en grippe depuis qu'elle y a échappé de justesse aux représailles de racketteurs. Quel sort la fratrie va-t-elle décider pour la Secrète ?


Alternant constamment les voix de chacun des frère et soeurs et leurs récits des liens indéfectibles qu'ils ont noués avec la maison de leur enfance, le roman retrace peu à peu l'histoire de cette famille et, à travers elle, celle du pays tout entier. Terre de pionniers conquise de haute lutte sur la forêt et la montagne, réceptacle de l'attachement viscéral de générations qui se sont éreintées à la domestiquer, la Secrète a traversé avec les Angel tous les soubresauts du pays. Guerres civiles et coups d'état, affrontements entre libéraux et conservateurs, vagues successives d'« envahisseurs » : guérilleros marxistes, paramilitaires, narco-trafiquants et, en dernier lieu, compagnies minières et promoteurs immobiliers … Jusqu'ici, la famille a su plier et rebondir, parfois en payant le prix fort, et rien n'a pu la déraciner de ce lieu défendu bec et ongles contre les agressions, autant humaines que naturelles et climatiques. Pourtant, après tant de péripéties et de dangers traversés, l'éclatement de la dernière génération ainsi que l'envie d'une vie libre et confortable pourraient bien, assez ironiquement, mettre un terme à l‘épopée de la Secrète, rattrapée, comme tant d'autres grandes demeures devenues trop lourdes pour leurs propriétaires, par les contraintes économiques et par l'urbanisation.


Si j'ai apprécié le versant historique du roman et la connotation nostalgique d'un récit que le passage du temps, le poids du destin et la cruauté du hasard imprègnent d'une saveur douce-amère, j'ai trouvé lassante la lenteur d'un texte qui semble souvent tourner autour de son sujet. Même si sa lecture nécessite quelque effort, ce livre aux accents sans doute autobiographiques reste indéniablement une oeuvre intéressante sur l'ambivalence humaine entre attachement aux racines et envie d'émancipation, besoin d'ancrage et rêve de liberté. Une chose est sûre : l'exilé ne retrouvera jamais intact ce qu'il a laissé…

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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" le premier d'entre nous à arriver en Colombie, un pays qui s'appelait encore la Nouvelle Grenade,fut un jeune espagnol natif de Tolède,greffier de profession,qui s'appelait Abraham Santàngel...." ,ainsi débute Antonio, l'histoire de sa famille, les Angel, une famille d'origine juive,convertit au catholicisme.

Un siècle et demi plus tard....la mère , Anita, vient de mourir à la Secrète, la ferme familiale nichée depuis la fin du XIXe siècle en Antioquia, une région du nord-ouest de la Colombie. Les trois enfants d'Anita,Antonio,jeune violoniste ,exilé à NewYork,pour vivre à découvert son homosexualité,mais qui ne rêve que du retour à la Secrète, Éve la cadette,mère célibataire et femme libérée,qui,elle voudrait sans hésitation le vendre, et Pilar l'aînée et gardienne du logis, qui n'envisage pas de le quitter ,y vivant encore avec son mari,doivent décider du sort de ce domaine, qui est au coeur de ce récit.Un sort difficile à décider.....d'autant plus que Cobo, leur pére, fit promettre à Pilar de ne jamais vendre La Secrète , peu avant sa mort, symbole pour lui, de la lutte pour la vie de plusieurs générations, "un endroit au monde d'où partir et où revenir,un lieu où vivre et où mourir...".
Un récit à trois voix, où trois personnages et trois destins très différents s'entrecroisent .Antonio,Eva et Pilar prennent la parole à tour de rôle,livrant en trois monologues, leurs intimités alternées avec une part de leurs histoires passionnelles avec les lieux .Le récit gagne en profondeur avec la veine historique, l'histoire de la Colombie et celle de la colonisation du Sud-Ouest antioquégne, en toile de fond. Antonio nous raconte celle des pionniers qui s'installent sur cette région et y introduisent la culture du café au XIXéme siècle ,alors qu' Eva et Pilar à travers leurs histoires personnelles nous relatent la violence inouïe des paramilitaires, des narco trafiquants et de la guérilla marxiste qui ont sévit le pays pendant plus de trois décennies ....

Cette fresque familiale classique enrichie par des références historiques et autobiographiques de l'auteur , nous donne une saga fascinante,où l'amour est omniprésente , sous toute ses formes.Beaucoup de références aussi , au hasard et au destin qui souvent décident (?) des choses hors de la portée de notre volonté....y décideront-ils aussi du sort de la Secrète ?....

"L'oubli que nous serons" , son livre autobiographique sur son pére,était mon grand coup de coeur de l'année dernière. Je retrouve ici en Cobo,la figure du pére ,en Anita,celle de la mère...et La Secrète semble trés proche de la finca familiale de "La Inés" , a trois heures de Medellin....bien qu'il ne m'a pas autant touchée que son livre précédent, reste une lecture intéressante ,profonde,originale, lu avec grand plaisir.


































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Une histoire de famille colombienne.
Trois voix fraternelles s'entremêlent pour raconter la Secrète, grande maison blanche et rouge entourée d'eau, de montagnes et de verdure, lieu de vie, de travail ou d'enfance, indissociable des générations Ángel depuis la fin du XIXème.

Les souvenirs se croisent et se complètent. Il faut aimer se noyer dans les générations, dans l'intimité des individus, dans les traces des disparus et de l'héritage laissé. Les deux filles Eva et Pilar apportent la note personnelle, sentimentale et évènementielle au récit quand le frère Antonio, expatrié new-yorkais, se fait historien de la famille et du pays, par sa société et ses événements politiques.

Les deux soeurs sont les deux faces d'une même pièce, l'une au vécu matrimonial traditionnel, l'autre, mère célibataire librement assumée. Quant au frère, son homosexualité est la transgression la plus aboutie dans une société très catholique.
Tous décrivent un attachement irrévocablement lié à la ferme, à la terre, entre amour et haine de ces chaînes invisibles et provinciales.

J'ai eu beaucoup de plaisir à vivre ce dépaysement géographique, dans la connaissance de la région d'Antioquia et cette Colombie terre de conquistadors, d'aventuriers, et de guérillas. C'est un roman généreux, qui fait vivre, aimer, travailler, lutter les individus dans une nature foisonnante, difficile à domestiquer.

Une belle manière de rendre hommage à des racines familiales et à ce sentiment d'appartenance à un endroit qui vous possède plus que vous ne le possédez.

4/5 étoiles
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Perdue au fin fond d'un coin sylvestre de la Colombie se trouve le domaine de la Secrète. Ana Angel vient de mourir, et grâce au romancier, ce sont ses trois enfants : Antonio, Pilar et Eva, qui nous racontent l'histoire de leur famille, de cet endroit si particulier et à travers ces petites histoires, l'histoire de la naissance de la Colombie moderne.

D'un point de vue narratif, difficile de ne pas remarquer l'admirable travail d'Hector Abad qui a créé trois personnalités bien distinctes, jusque dans le ton et la différence d'écriture. Et chacun de ces ersonnages, à sa façon, est attachant. Bien que ces trois voix soient bien différentes, on sent bien la lourdeur du secret qui pèse sur ces 'confessions'.

C'est un roman très fort et assez complexe que signe ici Abad avec cette Genèse de la Colombie autant que de la Secrète.
Un roman dans lequel le romancier nous parle aussi bien des mythes et utopies ("sociales") du 19ème siècle à l'origine d'une certaine forme d'expansion coloniale vers la " Terre Promise " que de l'appartenance viscérale que chaque individu entretient avec la terre qui l'a vu naître. Et avec la confrontation de la vie au XXIème siècle : le lien nostalgique qui nous unit à cette terre lorsqu'on s'en éloigne.
Il y a dans ces histoires un savant mélange de cohabitation du passé et du présent, comme dans les romans latinos marqués du sceau du réalisme magique, mais ici, la réflexion de l'auteur sur le rapport des individus au temps et à leurs ancêtres (avec les maisons-musées) est tout de même très poussée.

Indubitablement, c'est là l'oeuvre d'un grand écrivain.
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La secrète, qui donne son nom au roman de Hector Abad, est une ferme nichée dans les terres de la région d'Antioquia, au nord-ouest de la Colombie, avec Medellin pour capitale. D'une certaine façon, le livre est celui du pays tout entier depuis la colonisation intérieure, au XIXe siècle, qui rappelle celle des pionniers américains, les indiens en moins, puisque déjà presque totalement décimés. Abad donne à cette saga familiale et rurale une tonalité aussi bien intime, à travers trois monologues qui se succèdent à intervalles réguliers, que historique, embrassant notamment les années de guerre civile, des guérilleros aux paramilitaires. le procédé narratif fonctionne bien, entre les récits d'un frère exilé aux Etats-Unis et de ces deux soeurs aux caractères dissemblables, l'une plutôt traditionaliste, l'autre plus émancipée et ouverte au monde. Néanmoins, l'auteur n'évite pas les répétitions, les mêmes évènements et l'attachement à La secrète étant contés par ces trois voix à de multiples reprises, sans se soucier de chronologie. Mais le livre fait partie de ceux où l'on se sent bien, nous rendant attentif à chaque bruissement de feuille, aux élans du coeur, à la violence qui surgit en un contraste fort à la quiétude de ce paradis sans cesse menacé. On apprend beaucoup sur le passé de la Colombie et on quitte à regret ses trois personnages principaux, devenus familiers avec leurs doutes, leurs blessures et leurs différences.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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Citations et extraits (31) Voir plus Ajouter une citation
Vous pouvez donc faire venir des péons, mais pas pour qu'ils travaillent pendant que vous, comme des petits seigneurs, vous les regardez en leur hurlant des ordres,ça non.Même les péons seront propriétaires.
-Ah, insista Pelaez,vous êtes donc de ces gens modernes qui croient que nous sommes tous égaux,Blancs et Noirs, riches et pauvres,intelligents et crétins?
-Non,je ne crois pas cela,répondit Echeverri trés calmement en souriant.Ce que je crois,c'est que lorsqu'on entreprend quelque chose,il faut donner la même chose à tous,comme lorsqu'on commence une partie de cartes ou de dominos......tous auront le même jeu en main.Ensuite, la chance, le talent ou l'effort décideront.Et les abus des méchants et la bêtises des bêtas.Ces choses ne sont pas statiques comme les rochers mais fluides comme les rivières. P.129
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La chance et la malchance ; l’effort et le mérite et la chance ; la chance et la bonté ; la sécheresse ou les inondations. Personne ne devrait être fier de ce qu’il a ni avoir honte de ce qu’il n’a pas : l’enchaînement des faits, la roue de la fortune, tout est si difficile à définir et à savoir. Les idéologies et les religions nous apprennent l’indignation ou le ressentiment ; elles désignent d’un doigt sûr les coupables : le capital, le péché, la paresse, l’alcool, l’envie, la cupidité. Il y a un peu de ça ; mais il y a aussi beaucoup de hasard, purement et simplement la chance ou la malchance.
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...il y a des gens disposés à payer des milliers de dollars pour une vieille tronçonneuse signée Jon Vacuo; j'imagine qu'ils l'accrochent dans leur salon,et expliquent ce que cela signifie.Moi franchement,bien que je comprenne le sens historique des objets,la dénonciation sociale qu'ils renferment,et alors même que je l'ai aidé à concevoir,cela me fait plutôt rire.Je n'imagine pas le salon de Pilar,celui de maman,ou un couloir de La Secréte, avec une vieille tronçonneuse suspendue à un crochet, et un carton à côté qui explique, sur plusieurs paragraphes et dans une prose tarabiscotée,l'importance de l'œuvre comme témoignage de la mémoire historique du conflit en Colombie.p.161
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La propriété donne mal au crâne et crée de l'injustice : la propriété nous rend avares et mesquins. La propriété nous lie les mains. Si je n'avais rien, de quelle liberté je jouirais, de quelle pureté. Enfin dépouillée de tout. Ne pas régler de factures, ne pas payer d'impôts, ne pas se tracasser pour l'assurance, les trous dans le toit, les clôtures et les bêtes, voilà l'idéal.
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Les gens croient que je suis venu vivre à New York, voici presque trente ans, parce que j’ai obtenu une bourse pour poursuivre des études de violon. Non, je suis venu vivre à New York pour quitter Medellín, pour abandonner Antioquia, qui est un endroit d’un enchantement rude, mais réel, et en même temps un lieu asphyxiant, clérical, intolérant, raciste, homophobe, conservateur, ou du moins il l’était jusqu’à la moelle quand j’en suis parti. Il l’est encore, bien qu’un peu moins, peut-être, car même à Antioquia la nouvelle est parvenue que le monde change. Ces monts reculés et isolés produisent des gens fermés, réservés, méfiants, et ce n’était pas une atmosphère propice à cette liberté que j’étais décidé à m’accorder. Je voulais vivre à ma manière, je voulais embrasser qui je voulais, coucher avec qui bon me semblait, sans le regard inquisiteur de la famille, des amis, de mon père et ma mère, de mes sœurs. Eux, après la peur et le scandale du début, me comprenaient, ou disaient qu’ils me comprenaient, mais ils ne pouvaient cesser d’être antioquègnes dans le pire des sens. Ils savaient que mon grand-père aurait eu une attaque s’il l’avait su, ma mère préférait ne pas parler de la chose et mon père, s’il était d’accord en théorie avec mes préférences, en était fort contrarié, ou plutôt que contrarié, il était attristé, car il ressentait cela comme une maladie ou un malheur. Comme si son fils était né avec une difformité, aveugle, sourd ou manchot. Une fois, ivre, il avait dit — il croyait que je ne l’entendais pas — que le problème n’était pas que je sois pédé, ça n’était pas si grave, le problème était que j’allais beaucoup souffrir dans ce monde en étant pédé, et que pour cela même je devrais m’efforcer de ne pas l’être, suivre un traitement, et en cas d’échec tenter de me contrôler, ou du moins le dissimuler en faisant abstinence. C’est ce qu’on avait toujours conseillé de faire dans ma province d’Antioquia, ce que les curés m’avaient suggéré aussi, et en un sens je n’ai pu cesser d’être antioquègne.
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