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Critique de gabb


Le cow-boy solitaire, ténébreux et vaguement anarchiste, sa noble monture alezanne, le vent de liberté soufflant sur l'immensité des plaines désertiques du Nouveau-Mexique : pas de doute, nous sommes bien chez Edward Abbey.

Seuls sont les indomptés (quel joli titre, tellement plus évocateur que le "Brave Cowboy" original !) date de 1956, et ce n'est que son deuxième roman, mais on y trouve déjà toutes les thématiques chères à celui que l'on considérera plus tard comme "le Thoreau de l'Ouest américain". Citons entre autres l'amour de la nature et des grands espaces, le rejet du mode de vie citadin et de l'inexorable expansion urbaine, l'insoumission d'un héros "en marge" ou la défiance face à l'autorité fédérale...
Ici, le cow-boy dissident se nomme Jack Burns, et c'est l'archétype même du cavalier nomade, rebelle et misanthrope. Quand il apprend que l'un de ses rares amis, Paul Bondi, écrivain-professeur engagé et anticonformiste notoire, se trouve emprisonné au pénitencier de Duke City, il n'hésite pas un instant à se faire capturer à son tour pour aider Paul à se faire la malle (partie I).
Le plan ne se déroule pas tout à fait comme prévu, mais l'évasion est quand même un demi-succès. Commence alors une interminable traque à travers bois, vallons, arroyos asséchés et éperons rocheux (partie II), qui s'achève sur un final assez percutant.

Pour être tout à fait honnête, le scenario, somme toute relativement basique, traine parfois un peu en longueur et ne m'aura que modérément enthousiasmé. Il offre cependant à Edward Abbey l'occasion de nous régaler de superbes descriptions et de jolies envolées stylistiques quand il nous parle du vent, des arbustes noueux, des crotals embusqués sous la rocaille, du crépuscule incandescent qui embrase l'horizon et des milles merveilles dont regorge cette terre âpre et sauvage qu'il connaît si bien.
À mon sens, l'immense talent de l'auteur (dont j'avais tellement aimé le célèbre "Désert solitaire") tient davantage dans la force poétique des images qu'il nous donne à voir et dans la beauté des paysages arides sillonnés par Jack Burns que dans la qualité de l'intrigue ou des dialogues, sans surprise ni grande profondeur.

Sans donc avoir été complètement conquis par ce roman, j'ai aimé y retrouver la plume d'un auteur qui m'est sympathique et la fougue libertaire d'un éternel indompté qui rêva toute sa vie d'une terre vivace et préservée, d'un éden vierge de toute empreinte humaine toxique et malfaisante.
Selon ses dernières volontés, Edward Abbey est enterré illégalement dans le désert, en un lieu tenu secret, avec pour épitaphe : « No comment ».
Qu'il en soit donc ainsi.
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