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Critique de Botsu


Je suis tombé sur ce roman complètement par hasard, simplement parce qu'il est resté quelques jours sur la page d'accueil du site et que sa couverture a attiré mon attention. L'histoire de la fille d'un grand écrivain et l'amante d'un dramaturge parmi les plus célèbres du XXe siècle ? Il n'en faut pas moins pour attiser ma curiosité.
J'aime ces récits de femmes qui sont restées dans l'ombre d'hommes placés sur le devant de la scène, ces vocations et ces talents gâchés par une société trop patriarcale et répressive, ces voix étouffées que l'on peine à faire entendre encore aujourd'hui. Et c'est exactement ce que nous livre Annabel Abbs avec ce nouveau roman : Lucia, la fille unique du grand James Joyce et amante du jeune Samuel Beckett, reste une femme fort méconnue. Dans le Paris des années 30, alors qu'elle est l'étoile montante de la danse contemporaine à Paris, son existence se trouve bouleversée par une succession de trahisons qui vont raviver le feu de traumatismes longtemps enfouis. Quelques années plus tard, elle se retire de la scène publique, diagnostiquée schizophrène, et passera le reste de sa vie enfermée dans des cliniques et autres asiles.
Il est plutôt difficile de commenter cette lecture sans trop en révéler sur son contenu. Disons simplement qu'il s'agit ici de l'histoire d'une femme qui a aimé des hommes incapables de lui retourner toute l'affection qu'elle leur prodiguait et de la laisser poursuivre ses rêves au lieu de la pousser à se cacher dans leur ombre. J'aime Samuel Beckett en tant qu'auteur et je l'ai ici apprécié en tant que personnage - du moins jusqu'à ce qu'il se révèle fort malheureusement être un homme comme les autres malgré son apparente timidité. Lucia, quant à elle (parce que oui, c'est elle l'héroïne, pas l'un des hommes pour le succès desquels elle oeuvre dans l'ombre), a une personnalité complexe et bien qu'elle soit la narratrice de sa propre histoire, il n'est pas très aisé de la cerner. Certaines de ses pensées reviennent très fréquemment, donnant une désagréable impression de répétition au fil des chapitres ; pourtant, on comprend qu'elles ne sont que des obsessions révélatrices de l'état de faiblesse mentale dans lequel elle s'enfonce peu à peu. Elle n'est qu'une jeune fille perdue dans une famille tordue et dysfonctionnelle pour laquelle elle donne tout mais ne reçoit rien en retour. La nature de la révélation finale n'est pas bien inattendue mais sa description reste très difficile à supporter (tw : inceste, scatophilie).
Somme toute, c'était une lecture très intéressante sur un personnage féminin comme il en existe tant (trop), une femme talentueuse aux rêves étouffés par des hommes qui n'ont vu en elle qu'un moyen d'atteindre leurs fins.
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