Quelques chapitres très courts nous mettent tout de suite dans l'ambiance: un vice-ministre russe arrêté, un autre russe se fait assassiner en pleine campagne et encore un autre russe se fait arrêter à l'aéroport de Berlin. Tous ces événements ont lieu 9 à 10 "avant le commencement". Et "au commencement", un type, russe encore, attend son vol dans les couloirs d'un aéroport. Tout cela démarre bien et le lecteur est tout de suite intrigué...
C'est cette histoire de "commencement" et "avant le commencement" qui sert de fondation à la structure narrative de ce polar azerbaïdjanais et crée un suspens énigmatique jusqu'à la toute fin.
Alternant les chapitres entre le "commencement" et les jours "avant le commencement", l'auteur exige de son lecteur une grande concentration car ces deux parties sont consacrées chacune à des protagonistes différents et présentent un décalage de quelques jours.
Dans les chapitres "commencement", nous suivons Edgar Veidemanis, 50 ans, une vie ratée derrière lui, pas d'avenir à cause d'un cancer qui le ronge, une mère et une fille qu'il a laissées à Moscou, ex lieutenant-colonel du KGB et qui a accepté une mission illégale pour récolter un maximum d'argent à laisser en héritage à sa fille. C'est lui, la cible idéale.
Tous ces chapitres sont écrits à la première personne, c'est Edgar qui nous raconte son périple entre Amsterdam, Anvers et Paris à la recherche d'un certain Troufilov, que ses commanditaires veulent voir mort, et qui prend le temps de raconter des pans de cette vie qui lui échappe.
Dans les chapitres "avant le commencement", c'est avec Drongo, ex-agent du KGB, aujourd'hui enquêteur privé pour le parquet russe, que nous cheminons. Il est chargé de récupérer un certain Troufilov pour l'obliger à témoigner dans un procès important. Ecrits à la troisième personne, ces chapitres déroulent l'enquête officielle qui suit inévitablement les pas d'Edgar.
Les deux lignes du temps ne se rejoindront qu'à une cinquantaine de pages de la fin. Ce décalage de quelques jours permet au lecteur de découvrir des clés de réponse avec effet retard, donne un rythme assez effréné à l'intrigue sans que pourtant on sache lire vite. Parce qu'il faut que le cerveau soit bien concentré entre les noms russes, les bandes rivales qui ont toutes mis leurs hommes sur le même terrain, poursuivant les mêmes personnes, mais avec des objectifs différents et le tout sur deux lignes temporelles distinctes.
Le tout se déroule au printemps 1999, à une époque où certains regrettent le temps de l'URSS, où les petites nations soviétiques sortent à peine de guerres civiles et où le capitalisme européen n'a encore apporté que ses mauvais côté à une population toujours en souffrance.
C'est brillant d'ingéniosité dans le chef de l'auteur. J'ai trouvé cette lecture vraiment intéressante tant sur le fond que sur la forme (et encore plus sur la forme que sur le fond). Il s'agit de la première enquête d'un personnage récurrent de l'auteur; personnage dont on ne sait finalement pas grand chose et qui, je l'espère, se dévoilera dans le prochain tome.
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