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Critique de mh17


La Femme des sables (1962) est un livre saisissant et marquant, qui attire et repousse tout autant. Il a reçu le prix Akutagawa.
Kobo Abe emprunte la forme d'un récit d'aventures pour tracer le portrait d'un individu pris dans le piège de la société et de son sentiment d'impuissance quand il cherche à l'affronter.

Un professeur, passionné d'entomologie, est parti à la recherche d'un coléoptère rare qui vit dans le sable. Il arrive un soir dans un petit village enfoui au fond des dunes. le sable s'infiltre partout, envahit tout et il faut sans cesse le rejeter. Il descend dans le trou où est tapie une maisonnette qui abrite une femme. Les villageois retirent l'échelle qui lui a permis de descendre. le voilà condamné à pelleter le sable jour après jour…
A chaque étape, le lecteur est amené à se poser des questions. le début prend la forme rassurante d'une enquête policière. Mais à mesure que le texte avance, on est de plus en plus désorienté. le sens nous échappe.
Le parcours du protagoniste a donné lieu à des interprétations variées :
Des critiques ont souligné que cette histoire tragique met en lumière le sort des Burakumins, une tribu appartenant à la caste inférieure, historiquement discriminée au Japon en raison des emplois pénibles occupés (bourreaux, tanneurs..). Comme les Burakumins, les villageois du livre survivent à peine en vendant du sable pour la construction. le sable salé est vendu à très bas prix. Les villageois peuvent avoir choisi de punir ce citadin en le maintenant en esclavage.
Plus largement, la société japonaise est fondée sur le sacrifice de l'individu pour le bien commun. Après la guerre, il faut reconstruire le pays. Les Japonais sont-ils condamnés à pelleter, génération après génération ?
D'autres ont fait de ce livre une allégorie de la condition humaine dévorée par le Temps. L'homme se débat en pure perte, conscient de son impuissance mais continue jour après jour.
On pense beaucoup au mythe de Sisyphe, à Kafka ou à Dostoïevski. Ce qui est le plus marquant, c'est l'évolution des rapports entre la femme et l'homme à l'intérieur de la tanière. On se retrouve à les observer et à étudier leur comportement comme s'il s'agissait d' insectes, à chercher des lois qui nous permettraient de les comprendre et de les épingler une bonne fois pour toute.
Et en même temps on a la gorge nouée et on pleure.
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