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Critique de FungiLumini


J'avais repéré ce livre il y a un petit temps déjà. Je ne connaissais pas l'auteure, mais j'avais très envie de découvrir les illustrations de Benjamin Lacombe sur ce projet, moins colorées et étranges que dans ses autres livres. J'ai eu la chance de recevoir cet ouvrage en cadeau à Noël (merci papa et maman :D ) et j'ai profité du challenge du #PIF2018 pour le sortir de ma PAL !

La petite Zelmira habite la rue des Alchimistes avec ses parents, qui vendent des remèdes à tous les maux. Un soir, elle assiste à une étrange cérémonie dirigée par le Maharal, grand prêtre à la synagogue de Prague. Elle va ensuite mettre son temps libre à profit pour le suivre plus ou moins discrètement. C'est ainsi qu'elle observe de loin la création du Golem Joseph, protecteur du quartier juif souvent attaqué par le moine Thadée et l'armée impériale. Alors qu'elle se rapproche du Maharal et de sa femme, elle assiste aux violences faites aux Juifs, mais aussi à la défense du quartier par Joseph, et à la non-réactivité de l'empereur face à ces persécutions, trop obnubilé par sa propre personne et ses maux imaginaires.

Comme ce livre était édité dans la collection Jeunesse de Flammarion, je m'attendais à une petite histoire légère sur le mythe du Golem. Ce n'est pas du tout le cas : ici, on parle violence, religion, persécutions, fanatisme et croyances. Des thèmes importants à aborder avec des enfants qui sont ici rendus accessibles à un public assez jeune grâce au choix de narration du point de vue d'une petite fille.

Cette enfant, c'est Zelmira. Curieuse, spontanée et pétillante de vie, elle a soif de liberté et de connaissances. Elle pose mille questions au Maharal sur la nature humaine et ce qui l'entoure. On réfléchit avec elle aux comportements humains et aux conséquences de ceux-ci. Elle est fascinée par le Golem, création qui a pris vie devant ses yeux, mais qui ne semble cependant pas animé de la flamme d'une âme.

J'ai pris un réel plaisir à lire ce récit : l'écriture est fluide et entraînante, adaptée autant à un public adulte qu'enfant. On y explore les limites de la conscience, de l'intelligence et la fonction de la parole grâce au personnage du Golem. On se rend compte que ce ne sont pas les hommes qui ont le plus de pouvoir qui sont les plus malins, les plus sages ou encore les plus valeureux, notamment avec l'Empereur ou le moine Thadée. On découvre également des concepts liés à la tradition juive et à la cabale, qui sont repris et expliqués dans un lexique à la fin de l'ouvrage, avec des repères chronologiques par rapport à l'Histoire.

Le livre-objet est magnifique : une fois la superbe jaquette retirée, la couverture est noire et gravée à l'effigie du golem dans une étoile juive. le texte est aéré et permet une lecture confortable. Les illustrations intérieures, réalisées par Benjamin Lacombe, sont très belles : elles sont moins féeriques et étranges que ce dont on a l'habitude avec le dessinateur, mais ça fait plaisir de voir qu'il se diversifie dans son travail et que le résultat est toujours au rendez-vous ! Ces illustrations sont couleurs ou noir et blanc, prennent un bout de page, et peuvent s'étendre jusqu'à un format paysage de deux pages ! Étonnamment, certaines planches ont un avant-plan flouté, comme si on observait la scène de loin, ce qui donne un rendu assez spécial et mystérieux qui colle bien à l'intrigue.

Une histoire avec des thèmes forts, parfois difficiles à aborder avec des enfants, et rendus ici tout à fait accessibles. Un récit porté par une plume entraînante qui nous emmène à la découverte du mythe du Golem. Une réflexion intéressante sur la nature humaine, magnifiquement mise en page et illustrée par un Benjamin Lacombe qui sort de sa zone de confort et nous propose un univers ancré dans la religion et les traditions, avec encore tout de même une pointe de magie.
Lien : https://livraisonslitteraire..
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