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Critique de fanfanouche24


Je viens d'achever avec moult émotion et enthousiasme ce roman fort bien documenté, qui met en scène les 2 dernières années de l'existence du Père de la Psychanalyse...

Vienne, mars 1938, Freud, convoque élèves , disciples, amis de la Société psychanalytique pour une cession exceptionnelle, afin de les exhorter à fuir l'Autriche, les nazis ayant commencé les persécutions antisémites.

On fait connaissance avec Anna, sa fille chérie, son épouse, Martha, ses amis, dont la très dévouée et chaleureuse analyste, Marie Bonaparte qui l'aidera à fuir Vienne… On entre dans l'intimité de Freud, dans sa maison, parmi ses livres, les objets d'art qui l'entourent depuis si longtemps… Un suspens quant au pourquoi de la fin de son amitié intense avec Fliess…dont il ne se remettra jamais vraiment...

« Freud fume, en fermant les yeux. Après sa rupture avec Fliess, il avait traversé une phase de grande noirceur. Il ne croyait plus en l'amitié. Autant dire ne plus croire dans le genre humain. Cette rupture l'avait atteint, au plus profond de lui-même. Elle avait touché les fondements de son être. Ce don de soi sans rien attendre en retour, cette possibilité qu'il y ait quelqu'un sur terre qui vous comprenne parfaitement et qui soit là pour vous, en toutes circonstances.
-J'ai perdu un ami cher à mon coeur, dit-il. Et c'est le monde qui s'en est retrouvé désolé, tant il est vrai que l'amitié suffit à vous changer la vie, à vous la rendre plus belle, plus grande, plus passionnante. Avec lui, tout était plus intense. J'avais l'impression que rien ne pouvait nous résister intellectuellement, et qu'ensemble, nous pouvions tout faire, tout dire, tout connaître. Ensemble, n'avons-nous pas changé le monde » ? (p.99)


Tant d'éléments à retenir dans ce roman fourmillant d'informations : le culte de l'amitié, de la famille, la passion vitale de Freud pour l'écriture, ainsi que pour ses correspondances multiples. L'une de ses préoccupations dans le récit d'Eliette Abécassis, est de récupérer les lettres écrites à Fliess, qui exprimaient tant d'intimité, de complicités intellectuelles et affectives, comprenant également ce « fameux secret » dont je ne vous dévoilerais rien !!!


Et… j'ai totalement découvert la figure très complexe et ambivalente du « nazi », Anton Sauerwald, qui devait détruire les livres, correspondances, objets, papiers de Freud…l'arrêter et le faire tuer. Cet homme, brillant chimiste, épousa les doctrines antisémites des nazis, et fut nommé responsable de dossiers juifs, dont celui de Freud. Cette rencontre avec le fondateur de la psychanalyse va transformer, ou du moins ébranler ses certitudes. Il aida Marie Bonaparte à sauver Freud, qu'il puisse partir pour Londres, protégea comme il put, les soeurs de Freud, âgées, qui ne voulaient pas quitter l'Autriche.

Il vint même lui rendre visite à Londres…Même si il resta convaincu des idées antisémites, il reconnut l'apport conséquent de Freud, à la Science et à l'humanité.

« -Vous, Sigmund Freud, répond Sauerwald après une hésitation, vous avez proposé à l'humanité une doctrine capable de l'ouvrir à ses motivations inconscientes et, d'un point de vue scientifique, je suis obligée de reconnaître que c'est une grande avancée. Lire vos ouvrages, vous rencontrer, a changé quelque chose en moi. Vous avez introduit une brèche dans l'édifice. Vous étiez ma proie, ma victime. Vous êtes devenu un guide. « (p.185)

Une lecture passionnante, bouleversante où on voit Freud se débattre envers la maladie, et son « monstre de métal » (multiples opérations de la mâchoire), la barbarie « nazie » se propageant, menaçant l'Autriche, ses amis, ses enfants, sa famille et d'autres intellectuels qu'il estimait…

Un récit très vivant, abondamment fouillé du point de vue « documentaire »… qui intéressera tous les curieux d'histoire, de psychanalyse, etc. Une fiction « réaliste » qui offre dans un style fluide, léger, un autre visage de Sigmund Freud…. Et de ses années noires entre 1938 et 1939…

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