Les barbares nous propose une nouvelle incursion dans les
Jardins statuaires, ou plutôt ce qu'il en reste après que la menace tout juste effleurée dans le premier opus ait été consommée. le temps a passé en effet ; les cavaliers des steppes ont envahi l'ensemble des Contrées, occupé la plus grande cité, Terrèbre, et détruit purement et simplement les jardins.
Dans le contexte troublé de l'occupation, le narrateur, jeune linguiste qui seul connait le langage des steppes, est enrôlé par le Prince des barbares. Ce dernier, qui n'a manifestement plus toute sa tête, entend retrouver le narrateur du premier roman, lequel a laissé un témoignage écrit que notre linguiste a traduit. C'est ainsi que débute un voyage de plusieurs années à travers les Contrées en général, les
Jardins statuaires en particulier.
C'est aussi, et surtout, un voyage intérieur et contemplatif similaire à celui du premier roman. On y découvre un univers singulier à travers lequel sont évoqués des thèmes universels ; le caractère surréaliste est toutefois moins prononcé dans
Les barbares que dans Les
Jardins statuaires, du fait que les statues n'existent quasiment plus. le propos de
Jacques ABEILLE est de montrer que
les barbares ne sont pas forcément ceux que l'on croit, à tout le moins que chacune des deux parties a sa part de responsabilité dans les méfaits perpétrés dans les Contrées. Comme dans Les
jardins statuaires, il est également très attaché à la place des femmes dans la société.
L'écriture d'ABEILLE et le livre en tant qu'objet étant tout aussi beaux avec
Les barbares qu'avec Les
jardins statuaires, le lecteur comprend qu'il tient là un nouvel ouvrage hors norme de l'auteur qu'il se plaira à lire et à relire, et même à exposer dans sa bibliothèque. On notera enfin que ce roman peut se lire indépendamment du premier, mais qu'il serait dommage d'ignorer cet ordre pour une compréhension fine du cycle.
N'oublions pas non plus que si l'on veut appréhender l'ensemble du cycle des Contrées il faudra se référer à d'autres romans et recueils qui s'insèrent chronologiquement entre Les
Jardins statuaires et
Les barbares, respectivement 1er et 5ème tomes du cycle. Ceux-ci sont publiés par de multiples petits éditeurs (Deleatur, Ginkgo, Zulma et Ombres).