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Critique de 5Arabella


16 textes, de quelques pages ou d'une vingtaine. André Aciman y parle à la première personne, il évoque des lieux, qu'il a connu, qu'il a habité, où il est passé. Alexandrie, où il est né et dans laquelle il a vécu jusqu'à ses 14 ans, avant d'être obligé de la quitter. Rome qu'il a habité ensuite, Paris qu'il a fantasmé, New York, et d'autres lieux plus modestes.

Mais ce qu'il dit dans tous ces textes, c'est sa difficulté d'être à un moment donné dans un lieu, dans le présent, dans l'instant. A chaque fois, il rêve d'ailleurs, d'un autre moment, passé surtout. D'un autre lieu et d'un autre temps, où il rêve à être. le rêve étant plus tangible et plus réel que le réel d'un instant vécu, plus à même de combler, enfin tout au moins à le combler lui. D'où toujours les mêmes trajets qu'il refait dans les endroits qu'il a déjà fréquentés, il recherche dans les lieux déjà connus, dans un rituel, à retrouver les mêmes sensations, les souvenirs des souvenirs qu'il a expérimenté à un moment. Mais au final, nul part, il ne s'est senti véritablement chez lui, en perpétuel exilé, en nomade. Juif, dont la famille a été plusieurs fois chassée des lieux qu'elle a cru pouvoir investir, il a évité d'être réellement de quelque part. Même l'Alexandrie, à laquelle il a adressé un chant d'amour et de nostalgie dans son magnifique livre « Adieu Alexandrie », et bien il nous révèle qu'il ne l'a jamais vraiment aimée, et que lorsqu'il y vivait, il ne rêvait que d'Europe. Rêver à un lieu, s'imaginer y être et tirer tout le plaisir possible de ce séjour est le plus gratifiant. le voyage en lui-même l'est bien moins, au final, tout ce qu'il permet, c'est d'imaginer d'être ailleurs, de rêver à cet ailleurs, qui se pare par l'absence de couleurs bien plus vives et lumineuses que celles que l'on pourra voir une fois qu'on y sera arrivé.

Les textes, comme souvent dans les recueils sont plus ou moins intéressants et réussis. Ou chacun va en trouver certains plus ou moins intéressants et réussis. Cela m'a semblé un tout petit trop cérébral souvent, le sujet étant l'auteur lui-même avant tout, un auteur qui tente de comprendre, de décortiquer, de mettre à distance, peut-être un tout petit peu trop, ce qui limite l'émotion, mais c'est sans doute voulu. Et au final, la plupart de ces textes, quels que soient les différents lieux qu'ils évoquent, disent la même chose.

J'ai quand même pris du plaisir à lire ces texte très bien écrits, très intelligents, qui nous font voyager dans de beaux lieux. Il y en a que j'ai préféré, par exemple « Mon instant Monet », dans lequel il se rend à Bordighera, petite ville italienne où Monet a peint plusieurs tableaux. André Aciman, va partir un peu au hasard pour retrouver les lieux, jardins et bâtiments, des tableaux. Et après un début difficile, va trouver plus que ce qu'il espérait. C'est peut être le seul texte du livre où un peu d'humour est présent, et dans lequel l'introspection laisse la place à une sorte de plaisir de l'aventure. Mais d'autres pages m'ont aussi fait plaisir ou passer un bon moment, même si son grand livre reste pour « Adieu Alexandrie ».
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