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Critique de Luxi


« Appelle-moi par ton nom » m'a d'abord accroché l'oeil par sa couverture, tout en charme et délicatesse. Et puis j'ai lu la quatrième de couverture et j'ai su qu'il fallait que je le lise. J'aime les histoires d'amour puissantes, les sentiments nouveaux qui vous éclatent le coeur. A mes yeux, ce sont les romans les plus difficiles et périlleux à écrire et dès que j'en repère un, j'essaie de me le procurer. Je remercie donc profondément les éditions Grasset et NetGalley pour m'avoir permis de découvrir ce roman que j'ai dévoré en quelques heures.
Le roman d'André Aciman, c'est un roman sur l'envie, la soif, l'appétit que l'on ne soupçonnait pas dans son corps et qui tinte soudain, qui palpite soudain. C'est un roman sur la démangeaison des chairs, sur l'attraction, sur la curiosité aussi, l'attente et le désir : "pourvu que je ne le perde pas. Je savais que je n'avais aucune prise sur lui, rien à offrir, rien pour le séduire. Je n'étais rien. Juste un gosse."
Les pages sont emplies de sensualité, d'une exigence de l'autre, parfois très pure et parfois beaucoup plus violente et plus sauvage. Il y a de l'avidité dans les mots d'Elio, 17 ans, de l'âpreté parfois. Et si j'ai bien compris que ses mots parfois crus reflètent la violence exceptionnelle de ce qu'il ressent en lui, j'ai tout de même préféré le Elio douceur.
Ces passages d'une grande finesse, avec une profonde qualité d'introspection, m'ont vraiment fait brasiller le coeur. A l'inverse, lorsque l'écriture devenait trop crue et trop brutale, j'ai été beaucoup moins touchée. Mais c'est une préférence très personnelle : je préfère le désir suggéré à du sexe brut. C'est pour cela que je n'ai pas adhéré au chemin que prend le livre vers le milieu de la seconde partie. Aussi attendrissant et sincère soit-il, ce roman a fini par me mettre profondément mal à l'aise. Certains paragraphes m'ont embarrassée, d'autres m'ont littéralement rebutée – et là je pense à une scène très précise dont je ne peux rien dire mais qui, je pense, ne gênera pas que moi.
J'attendais une lecture beaucoup plus douce, je crois. de ce fait, dès que l'histoire a pris ce tournant explicite qui ne m'aurait absolument pas gênée si je ne l'avais pas trouvé vulgaire, je suis sortie du livre et j'ai perdu toute envie de poursuivre ma lecture. Je l'ai poursuivie néanmoins et j'ai bien fait puisque dans la dernière partie, j'ai retrouvé cette délicatesse des débuts qui m'avait tant charmée. Les toutes dernières pages m'ont d'ailleurs énormément émue.
Dans tous les cas, ce qui me frappe en refermant ce roman, c'est cette analyse très belle et très juste des tourments intimes de l'adolescence : "Voulais-je être comme lui ? Voulais-je être lui ? Ou voulais-je seulement l'avoir ?" Cette brutalité dans la chair qui ne demande qu'à s'élancer. Cet appel vers l'autre, presque insupportable, que la peur étreint et oppresse.
« Appelle-moi par ton nom » ressemble à un long poème acharné, une sonate voluptueuse jouée par Elio pour Oliver, de sept ans son aîné, dans la chaleur caniculaire d'une Italie sensuelle.
Par curiosité, j'ai visionné la bande-annonce du film « Call me by your name » adapté du roman et dans ces quelques images j'y ai retrouvé tout ce qui m'avait plu : la délicatesse des hésitations, l'attraction irrésistible des peaux, les regards parfois fuyants, parfois brillants, mais toujours gorgés d'ambiguïté, la candeur et la violence d'émotions et de sentiments naissants.
Même si je n'ai pas tout aimé dans cette lecture, j'ai envie de n'en conserver que la grâce et la sincérité du coeur et des corps. Je garde donc les balades à vélo, le soleil caniculaire pesant sur les peaux, la confiance, magnifique, le don de soi dans ce qu'on a de plus innocent, de plus excessif et de plus sincère, et cette Italie qui enrobe les pages, pointillant de ses mots mélodieux les décors et les gens. "Je repense à ces jours et n'en regrette rien, confie Elio, ni les risques, ni la honte, ni la totale insouciance de l'avenir."
Lien : https://lechemindeslivres.wo..
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