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Critique de vibrelivre


Les roches rouges
Olivier Adam
roman 2020 219p
R (chez Robert Laffont)


Encore un roman pour ados ou jeunes adultes. Encore, parce qu'il y a eu La tête sous l'eau.
C'est un court roman , mais le roman est émouvant et suscite plein d'attentes et de grandes appréhensions. On a peur pour les protagonistes, avec toutes les menaces qui les entourent. le style est nerveux. L'écriture est simple, le langage est « jeune » comme on dirait aujourd'hui, mais les observations sont fortes, et on se demande pourquoi on n'observe pas aussi bien, alors que nous aussi, on a vu. On sait que l'écrivain-modèle d'Adam, c'est Carver à qui un hommage discret est rendu dans le livre. Il y a deux narrateurs qui sont les personnages principaux : une fille, jeune, 21 ans, mais déjà « maquée » et mère d'un petit garçon de trois ans ; un garçon, encore plus jeune, 18 ans tout juste, paumé et dépressif, comme les aime Olivier Adam.
La fille, c'est Leïla. Elle écrit parce que Antoine, le garçon, lui a offert un joli carnet. Il l'a acheté parce qu'il lui faisait penser à la fille. Leïla a tôt quitté l'école. A 14 ans, elle vivait déjà une histoire d'amour avec son prof de volley âgé de 26 ans. Son père lui répétait sans cesse qu'elle était moche. Sa mère ne disait rien. Et sa soeur était partie. Enfin quelqu'un la regardait. Elle est partie vivre avec lui. Mais le prof de volley a été viré du club où il travaillait, a trouvé un emploi de vigile, trempe dans des combines plus ou moins grosses, et Leïla est devenue sa chose, sa « pute » de maison. Elle n'a pas d'emploi.
Elle écrit parce qu'elle veut qu'il reste des traces de son histoire. Elle se rappelle son prof de français à qui les élèves paniqués à l'idée d'écrire disaient qu'ils n'avaient rien à dire. le prof répond : Pour écrire il faut déjà écrire. Ecrivez et vous verrez que vous avez quelque chose à écrire.Le récit de Leïla est en italique.
Antoine est sans emploi. Il vit chez ses parents, boit, se drogue, s'enfonce dans sa dépression. Mais il rencontre Leïla à Pôle Emploi. Il la trouve très belle. Elle, le trouve gentil. Et c'est rare, un garçon gentil.
Un jour, Antoine se fait tabasser par le mec de Leïla. IL faut partir, se mettre à l'abri, d'abord chez les parents du jeune homme qui sont, nobles et élégants, et aimants, à la hauteur de la situation, puis dans la maison familiale, près de Boulouris, là où les roches sont rouges, terre et sang. Suspense. Peur. Mais il y a la mer, le soleil, les mimosas. C'est un coin qui parle à Adam. Son personnage de boxeur y avait déjà trouvé refuge. Dans la maison, il y a Lise, la soeur d'Antoine, qui ne lui parle plus depuis des mois. Elle a perdu Enzo, son fils, et dès le début du roman, on sent et sait que cette disparition a à voir avec Antoine. Lise est une morte-vivante.
Antoine trouve très vite un boulot. Leïla a du temps pour elle. En écrivant, elle plonge à l'intérieur de soi. Elle repense à sa soeur et à l'homme qui venait chaque nuit lui rendre visite. Elle fait des recherches pour retrouver sa soeur.
C'est un roman tout à fait actuel qui parle des femmes battues, violées, traitées comme des choses, victimes de leur père. Je comprends qu'il soit nécessaire de parler et parler encore du sujet, mais à la longue cela m'agace un peu, mais sous le regard et les mots d'Adam, le sujet passe bien. « Ces mecs il en faut peu pour faire sortir le porc en eux ». Et ils sont nombreux, Yann le collègue d'Antoine, et ses propos sur la jeune actrice et les rapports intimes de Leïla et d'Antoine, celui qui veut embaucher Leïla, le père de Leïla. Il est sûr qu'Antoine est alors exceptionnel.
A la fin du roman, qui nous laisse imaginer plusieurs possibilités d'avenir, on apprend qu'Antoine aussi remplit ses carnets d'écriture.
Deux carnets séparés pour raconter un bouleversement de vie, une résilience, un futur possible possible et peut-être heureux. Mais avec Adam, le bonheur est vraiment fragile.


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