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Critique de Alfaric


A l'heure où les études antiques étaient menacées par des bobos hispters persuadés que les vieux et les morts n'avaient plus leur place dans le monde moderne compétitif (sic), le regretté Gilles Chaillet s'était lancé dans une entreprise démesurée : sur le modèle de l'oeuvre de Denys d'Halicarnasse, réaliser l'histoire totale de la ville éternelle d'Enée à Mussolini ! Cet amoureux de l'Histoire, de l'Antiquité et de Rome en particulier, nous a malheureusement quitté trop tôt pour l'accomplir… Et c'est les éditions Glénat, décidément portées sur L Histoire ces temps-ci, qui ont confié la tâche à l'expérimenté trio Eric Adam, Pierre Boisserie et Didier Convard qui ont fait du Palladium le Faucon Maltais de l'entreprise…


Dans ce tome 5, intitulé "La Peur ou l'illusion", je suis un peu déçu que la figure de Constantin le premier auteur chrétien soit plus une guest star qu'un personnage à part entière de l'histoire qui nous est ici contée…
A Rome et dans tout l'empire romain, le christianisme est désormais toléré et cela ne plaît pas à moult néocons à la con. Plusieurs romains de souche sont brûlés vifs par un mystérieux assassin, et le chrétien Furius Léo comme le païen Marcus Aquilia qui a détruit sa vie pensent qu'ils peuvent tirer les marrons du feu pour faire triompher leur cause. Pour arbitrer leur différent l'honorable adjudicateur Nautius Aquilia, protecteur repentant du premier et fils prodigue du second, est choisi par Constantin pour apaiser les tensions entre les communautés religieuses désormais presque irréconciliables (les païens craignent d'êtres victimes de persécutions comme naguère l'on été les chrétiens, mais cela arrivera plus tard sous le règne de Théodose à la fin du IVe siècle : décidemment pouvoir et religion entretiennent des rapports tout aussi dangereux qu'incestueux, du coup personnellement je suis bien content d'être athée !!!). Au final les uns et les autres sont tous les pions de Ker qui de sa prison d'orichalque prépare sa vengeance : enterrer le souvenir des Olympiens tout en préparant son passage dans le monde chrétien, le tout avec la bénédiction de l'évêque Sylvestre persuadé d'y trouver son compte car Dieu a besoin du Diable…
Personnellement j'ai trouvé la partie policière bien plus réussie que la partie fantastique qui lorgne du côté du giallo… Un peu plus de pages n'aurait pas été de refus pour passer plus sereinement du peplum policier au remake de "La Malédiction" avec un épilogue noir c'est noir il n'y a plus d'espoir…

Chaque tome de cycle antique de cette série aura don été un éternel recommencement : à chaque génération les familles Léo et Aquilia s'opposent avant de se réunir, et quand ce n'est pas les parents qui trahissent leurs enfants c'est les enfants qui trahissent leurs parents… Nous sommes donc bien dans la tragédie antique !

Je suis bien content de retrouver les graphismes soignés de Régis Penet, même si je suis un peu gêné par la froideur qui se dégage de ses planches… Les appendices historiques de Bertrand Lançon sont ici plus courts qu'à l'accoutumée car le personnage de Constantin est moins controversé et moins fascinant que César ou Caligula (encore qu'il y aurait à dire), et on nous précise bien que cette phase du récit a été un crève coeur pour Gilles Chaillet créateur du projet mort avant son heure car il était attaché à Rome que Constantin a voulu quitter à tout prix pour fonder sa propre cité de Constantinople à l'emplacement de la Byzance grecque… Que nous réserve la suite de la série en sachant que l'Histoire de la ville de Rome est loin de s'arrêter à celle l'Antiquité ?
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