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Critique de Matatoune


« Une partie de badminton » nouveau roman d'Olivier Adam paru lors de cette rentrée littéraire 2019 nous présente une tranche de vie qui, s'il ressemblait à un sport, serait un sport de combat plutôt qu'une partie de badminton légère et aérienne du siècle dernier!
Dès le premier chapitre, juste quatre pages : l'univers est posé ! Paul Lerner, écrivain sans bouquin nouveau depuis cinq ans, voit sa vie s'éparpiller. Ses deux enfants, Manon, une adolescente en 3ème et Clément, dix ans, occupent son temps libre de « journaleux » de province, spécialiste des petits potins à publier dans la gazette locale. Sa femme, Sarah, professeur de lettres dans la banlieue de Rennes, passent des heures de bénévolat pour l'alphabétisation de réfugiés. Et, Paul, toujours Paul, complétement acariâtre, perclus de douleurs, devenu asocial depuis son retour de Paris, gaucho-bobo habitant de l'autre côté de Saint-Malo.
La « louze » complète pour un écrivain qui a eu un succès certain en plus de ses percées comme scénariste de film, il y a quelques années. Mais, d'alcool mal digéré, de mal de vivre en mal tout cours, de colères en déceptions, de sensibilités exacerbées en vraies difficultés à vivre, le succès s'en est allé comme neige fond au soleil. Et, le voilà, le Paul, trimballant sa misère au fil des pages, exprimant ses regrets d'avoir fait des choix qu'il ne peut complétement regretter (sinon il se suiciderait), adaptant son comportement à la marionnette qu'il s'est inventé pour traverser sa « partie de badminton » sans trop se faire de mal
Cette partie, je l'ai dégusté comme un bon champagne: ça se déroule en bouche et à certains moments, ça exhale ! D'un coup, une phrase, une expression, une remarque, fait sourire. Cette langue désabusée, je trouve qu'elle décrit fort bien la vie avec suffisamment de dérision, mais sans amertume, pour rendre compte du quotidien et des désarrois de Paul sur sa vie, la société, la réal politique, en fait le monde tel qu'on le vit !
Mais, la vie, surtout celle de ce roman, n'est pas « une partie de badminton » ! La vie de Paul va dérailler : Une demi-soeur apparaît, sa femme le trompe, sa fille qui fugue, etc. Comment va-t-il pouvoir se sortir de cette série qui devrait normalement le mettre complétement K.O… Car, à force de vouloir se protéger de tout, Paul ne vit plus…
Si lors de la précédente partie, j'ai savouré la langue. Dans celle-ci, c'est l'enchainement des événements que j'ai aimé. Car, des problèmes familiaux, Paul va en avoir. Bien sûr, Olivier Adam a forcé la dose pour que son personnage sorte de sa morne grincheuse. « La loi de l'emmerdement maximum », dit son éditeur. Il en faudra beaucoup à son personnage, le double de l'auteur, pour réagir, pour accepter de ne pas tout contrôler, pour avoir peur et l'exprimer, pour douter mais continuer, pour aider les autres sans se placer devant, tout cela avec une auto-dérision qui est la patte de fabrique d'Oliver Adam !
Dans « Une partie de badminton« , Olivier Adam nous chante une ode à la difficulté de vivre en réinstallant son double, Paul Lerner, écrivain complétement oublié de quarante-cinq ans, au coeur de ses problèmes familiaux et aussi au coeur du pays malouin traversé par l'actualité du quotidien. Certes le côté gaucho reste irrésistible pour moi, horripilant pour d'autres. Mais, que voulez-vous ? Que les intérêts ultra libéraux soient encore dénoncés, que des petits nazillons puissent être emprisonnés, que la manif pour tous soit brocardée, et d'autres encore, tout ça sans vraiment y toucher ! Moi j'aime !
Lien : https://vagabondageautourdes..
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