Les symboles demandent la parole et les psychotiques s’en font l’écho. Nos sociétés occidentales normalisantes et individualistes accordent peu de place à cette voix qui transmet l’inexprimé d’une époque.
C’est en écoutant sans a priori scientifique le délire de ses patients psychotiques que Jung a découvert la « signification thérapeutique » du langage archaïque des mythes (ESE, 235).
L’individuation est une Selbstwerdung, un advenir-du-Soi.
La conscience humaine est ce qui permet à un absolu de prendre connaissance de lui-même à travers un processus qui restaurera l’unité perdue, mais devenue consciente d’elle-même.
Si l’unilatéralité de la position consciente est trop forte, l’accroissement de la tension provoque un conflit intra-psychique entraînant une baisse du niveau mental, une perte d’énergie du conscient et une introversion de la libido. Un symbole peut naître alors du choc des contraires. Il prend forme dans les rêves, les fantasmes, l’imagination active.
la cause finale n’est alors plus que la traduction existentielle d’une cause formelle (au sens où la forme est causatrice, elle est assimilable à l’eidos platonicien), qui s’inscrit dans l’horizon de l’absolu schellingien devenu conscient lui-même.
En se dégageant du monde binaire bien/mal, l’individu peut émettre un jugement de valeur subjectif qui tient compte notamment de facteurs apparemment contingents, par exemple d’éléments d’ordre affectif ou de données relevant de l’ici et maintenant. Cette opération active le sentiment comme fonction d’évaluation. Ainsi le sujet peut-il aboutir à une solution créative et assumer le risque de l’erreur, voire celui de la transgression (AS, 269). C’est à ce niveau que Jung situe l’éthique.
[Enantiodromie]
Désigne une organisation rationnelle du monde selon le processus dialectique d’une négativité en acte.
En se confrontant aux contenus inconscients, le moi apprend à penser contre lui-même. C’est ainsi que s’accroît la conscience et que l’individu découvre toute l’étendue, consciente et inconsciente, de sa personnalité.
La conjonction des opposés n’en est vraiment une que si elle est dynamique et s’ouvre à l’invention qu’elle génère. De ce point de vue, toute théorie de la connaissance sera toujours incomplète et s’affrontera nécessairement à son propre dépassement.