Mon voisin - Comme une funambule

J'ai écrit sur des gens qui n'avaient ni chance ni amour dans leur vie, en espérant qu'ils en trouvent au moins auprès de mes lecteurs. Dans le monde merveilleux de l'imagination.

Avant, j'écrivais des nouvelles, et maintenant des romans. De plus en plus courts. Car j'ai hâte d'arriver à la fin. J'écris comme je mange : j'avale à toute vitesse, et puis je regrette que mon assiette soit vide. Pareil pour les provisions dans le frigo. Mais je n'arrive pas à être patiente. J'aimerais énormément écrire patiemment un long roman.

Jusqu'à une date récente, j'écrivais pour moi. Pour fuir, mais aussi pour retenir et sauver de la mort et de l'oubli les personnes et les émotions. Et j'écrivais pour ceux que j'aimais. Comme je n'arrive jamais à me faire vraiment comprendre quand je parle, je sentais qu'à travers des personnages, je pouvais mieux m'expliquer. J'offrais des histoires à mes proches et je leur disais ainsi des choses que n'aurais jamais réussi à leur dire de vive voix.

A certains balcons fleurissaient le basilic et la menthe, d'autres étaient rouge de géraniums. Des femmes avec de grosses jambes et des varices se penchaient, et elle se demandait si elles désiraient mourir, pauvres et mal en point comme elles étaient. Pourtant elles faisaient pousser de la menthe et du basilic et des géraniums rouges.

Il me faut dissiper tout de suite un malentendu : je ne suis pas jeune et je ne suis pas écrivain.... À mon avis il y a les vrais écrivains et ceux qui écrivent, et le qualificatif d'écrivain ça se mérite... j'ai découvert que l'écriture contrairement à la musique, aux langues, au sport et autres matières apprissent au lycée, rachète le réel.... ce que je raconte est en partie vrai et en partie inventé.... Je me tiens sur une frontière impalpable, comme un funambule.
Milena Agus - Cagliari mars 2007

Elle avait raison de boire de l'eau jamais vidangée de la citerne en espérant le typhus, et de manger des conserves périmées en se souhaitant le botulisme, et de toujours marché à côté de la route où les autos passaient et pouvaient l'écraser.
Mais c'était le printemps maintenant, et au printemps on regarde dehors, une fois les vitres nettoyées.