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Critique de Saiwhisper


Sous les conseils de Les Fantasy d'Amanda, j'ai plongé dans « Destiny » en prenant le risque d'acquérir directement les deux tomes de cette duologie !… Finalement, j'ai bien fait de l'avoir écoutée et d'avoir acheté la suite sans savoir si j'allais aimer le récit, car c'était super. de plus, la fin est haletante et donne envie de directement enchaîner avec le deuxième opus… (Ce que j'ai d'ailleurs fait !)

Je me suis tout simplement régalée avec cette dytopie ! L'idée de base est assez classique néanmoins, je trouve que l'auteure a réussi à proposer un scénario à la fois intéressant et prenant. Comme souvent, il s'agit surtout d'une histoire pleine de manipulation, de désillusion, de mensonges, de trahisons et de rébellion. Dans cet univers, tout tourne autour de la perfection : les citoyens se doivent d'être exemplaires, parfaits physiquement et mentalement. Ils ont toute une ligne de conduite à suivre à la lettre sous peine d'être considérés comme des Imparfaits… Ces derniers sont complètement rejetés par le système : d'abord marqués comme du bétail, ils sont ensuite soumis à une dictature les empêchant de vivre comme les autres (couvre-feu imposé, interdiction de prendre certains moyens de transport, impossibilité de fonder une famille, acceptation de brimades de la part des autres citoyens modèles, etc.). Ils deviennent ainsi des moins-que-rien que l'on peut ignorer, harceler ou attaquer à loisir… Ce concept n'est pas sans rappeler les Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale et l'esclavage. Cela m'a également fait songer à « The Ones » T1 de Daniel Sweren-Becker qui met également en avant une élite et un sous-peuple lynché par le premier. Il est difficile de rester de marbre face aux abus de la société et à cette ségrégation. Les Imparfaits subissent réellement le pire, si bien que l'on se demande pourquoi une révolte n'a pas eu lieu plus tôt…

Au début de ma lecture, j'avoue avoir eu du mal avec la notion de perfection… En effet, je me demandais ce que c'était d'être parfait. Autant l'idée a été très bien exploitée lorsque l'on parlait de perfection morale : le comportement à adopter en société et les actions qui sont interdites ou considérées comme nuisibles à la Guilde/au système sont rapidement claires et bien définies… Mais qu'en est-il du physique ? J'ai cru comprendre qu'il y avait toute sorte de physionomies : des couleurs de peau différentes (noirs, blancs, métis), des silhouettes plus ou moins grosses et des traits en rien identiques. On ne peut pas parler d'harmonie physique ou de dominance comme la couleur de cheveux ou d'yeux spécifiques comme cela a été le cas avec les Aryens. En outre, la perfection physique est, à mon sens, un peu comme la beauté : c'est subjectif. À une époque, la Femme parfaite avait des formes… alors qu'en est-il dans cette société fictive qui fait écho à notre culture ? Je me demande donc QUI a défini cette perfection et quels sont les critères à respecter. Est-on imparfait avec des lunettes ? L'est-on avec de la cellulite ou des poignées d'amour ? Comment considère-t-on une personne handicapée ? On peut même aller plus loin : qu'en est-il de la sexualité ? (Une personne homosexuelle se fond-elle dans la masse ?) Il y a aussi la maladie : un individu perdant ses cheveux à cause du caner est-il imparfaite malgré lui ? Ces questionnements liés au physique parfait, je les ai eus tout au long de ma lecture et je regrette le fait de ne pas avoir de réponse… C'est d'ailleurs l'une des choses qui m'a manqué pour que ce premier tome soit un coup de coeur. Hélas, je ne peux même pas me faire une idée en comparant la beauté des personnages entre eux, car les descriptions physiques des protagonistes sont courtes et principalement limitées au visage et à quelques particularités comme la carrure, la musculature ou le regard. L'univers est pourtant riche et les rebondissements sont bien décrits. Or, l'auteure est malheureusement assez avare en détails avec ses personnages. Dommage !

Ce détail mis à part, j'ai été conquise par l'ambiance du livre. La culture de la perfection, de l'apparence et de l'unité sont poussés jusqu'au bout. Évidemment, on se rend rapidement compte des problèmes engendrés par ce système bottant en touche toute personne faisant des erreurs, ne rentrant pas dans le moule ou, pire, portant assistance à des rebus de la société. Comme dans toute dystopie, le personnage principal va ouvrir les yeux sur ce qu'elle entoure… Et pas de la plus douce des façons ! Ainsi, Celestine va bien évidemment tomber en disgrâce. Elle va ainsi se rendre compte que le monde dans lequel elle vit est loin d'être idéal. Elle qui pensait son destin tout tracé et qui imaginait déjà le meilleur va se brûler les ailes. Malheureusement, on ne pardonne pas un faux pas, même lorsque l'on a une situation que l'on juge idéale. Un pion. C'est tout ce qu'elle va devenir dans ce nouveau monde hostile, injuste et violent. J'ai vraiment ressenti de l'empathie pour elle… Adhérant pleinement à son raisonnement, j'aurais moi-même commis une erreur similaire à la sienne… de plus, la scène du marquage est réellement terrifiante et m'a donné des sueurs froides… Celestine est une héroïne courageuse, idéaliste, vive d'esprit et intéressante à laquelle on s'attache aisément. Les situations qu'elle va traverser ou les humiliations qu'elle va vivre nous révoltent autant qu'elle. Pour toutes ces raisons, j'ai ressenti beaucoup d'émotions au fil de ma lecture et imaginais pleinement les scènes.

Le rythme est bien géré. le début est assez lent, ce qui permet à Cecelia Ahern de planter son décor, présenter les différents protagonistes ainsi que leur famille et laisser le temps au lecteur de s'habituer au concept. Une fois l'erreur commise, les choses vont se bousculer à toute allure, ce qui va rendre la lecture très addictive ! Cela dit, d'autres lecteurs ont trouvé la mise en place assez longue, ce qui peut se comprendre… Tout est une question de goût. La plume de l'auteure est à la fois simple, jeune, actuelle, rythmée et fluide. Ses répliques ont du mordant et sont utiles à l'intrigue. Découvrir la nouvelle vie de la jeune narratrice est donc très agréable. En revanche, je dois reconnaître que certaines choses sont prévisibles comme le comportement de Bosco, le rendez-vous ou encore le personnage d'Art. Je n'ai d'ailleurs pas vraiment apprécié ce dernier. Je l'ai trouvé très lisse et absent pendant une grande partie du récit. En tant que petit ami de l'héroïne, je m'attendais à le voir davantage investi ! Heureusement, les autres personnages secondaires semblent intéressants, attachants ou prometteurs. Les parents de Célestine, notamment sa mère, sont vraiment adorables et protecteurs. Même lorsque le déshonneur s'abat sur leurs proches, ils se montrent présents. Il y a aussi le grand-père un brin déjanté qui semble en savoir plus qu'il n'y paraît ! Carrick et Pia Wang font également partie de ceux qui m'ont marquée. Il me tardait de savoir quel destin attendait tout ce petit monde…

Malgré ses quelques défauts, cet opus s'est révélé être un très bon moment de lecture. Comme Celestine, on est pris dans une course folle où rebondissements, manipulations, secrets et actions s'entrecroisent. Une fois la dernière page tournée, je me suis directement jetée sur la suite en espérant qu'elle soit aussi géniale que ce premier tome prometteur, sombre, prenant et fluide. Ce que j'en ai pensé ? Vous le saurez très bientôt, mais sachez que je vous conseille d'ores et déjà cette saga.
Lien : https://lespagesquitournent...
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