Citations sur L'homme aux rubans noirs, tome 1 : La lettre volée (3)
Il était étonnamment laid. Rondelet et court sur jambes, basané de peau comme un algérois, le nez en pied de marmite, il aurait pu faire sourire les gardes de l'étude. Pourtant, botté comme un cavalier, avec son pourpoint en chevreau et son épée à poignée d'argent, il ne prêtait nullement à moquerie tant il affichait arrogance et fierté.
C'était un vieux reître, maigre et noué par les ans, tout couturé de cicatrices. Moustache en crocs, justaucorps de buffle barré d'un baudrier soutenant une lourde épée de fer à poignée de cuivre, bottes à revers jusqu'aux cuisses et éperons tintinnabulants, il avait tout du capitan de la comédie italienne avec une seule différence : lui, il était mortellement dangereux.
Le carrosse armorié pénétra dans la cour de l'étude Pierre Fronsac dans un grand fracas. Deux gentilshommes à cheval suivaient le véhicule attelé par quatre chevaux bais. Le cocher beugla, retint ses bêtes qui hennirent et la voiture s'arrêta.
A peine le roulement eut-il cessé que les deux laquais, debout à l'arrière de la caisse, sautèrent au sol et l'un d'eux se précipita à la portière pour déplier le petit escalier. Un conducteur mit lui aussi pied à terre afin de retenir les chevaux par leur bride.