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Critique de Lililaluize


Paris, le 30 mars 1959
" Tout homme n'a qu'une vie. Tchinguiz Aïtmatov est encore au début de la sienne. Mais déjà le voici comme s'il avait l'expérience énorme de l'humanité dans son coeur et ses bras. Car ce jeune homme parle de l'amour comme nul autre. O Musset, sois jaloux mon ami, de cette nuit d'août des confins kirghizs ! Et de celui, à trente ans, qui peut dire qu'il n'a point perdu sa force et sa vie. "
( Aragon)

" Djamilia" est le roman considéré par Aragon comme la plus belle histoire d'amour. Il le traduit alors en français avec A. Dimitrieva, depuis, cette oeuvre traverse les frontières pour notre plus grand plaisir.
Devrais-je dire que j'étais, pour ma part, à moitié conquise avant même de le lire... J'avoue que Tchinguiz Aïtmatov ne m'est pas inconnu ayant déjà lu " Les rêves de la louve" et " Il fut un blanc navire", tous deux des écrits magnifiques venant des confins de l 'Asie centrale.
Une forte résonance également puisque j'y ai vécu 5 ans , une culture donc à laquelle je voue un éternel amour.
Cependant, c'est avec objectivité, après lecture, que je persiste et signe cet état de fait, Djamilia ne déroge pas à la superbe d'Aïtmatov, je pourrais usiter des mêmes termes que ceux employés à la suite de mes deux premières lectures, Djamilia est un trésor national, on imagine ce joyau qui resplendit au delà des cimes et des montagnes, qui rayonne sur les berges de la rivière Kourkouréou, se murmure au beau milieu des steppes d'absinthes et faisant partie intégrante de la culture ancestrale aussi merveilleuse que noble.
Ce sont les voix de Djamilia et de Danïiar qui résonnent au beau milieu de la guerre en août 1943, ces voix narrées par un enfant, Seït, qui au beau milieu des kolkhozes et de la poussière des cargaisons de grains de blé qui partent pour le front, raconte les dures labeurs des femmes et des enfants, puis de l'amour naissant, celui qui se rencontre sans même s'en apercevoir.
Djamilia, cette beauté abrupte aux yeux noirs tirant sur le bleu, au caractère téméraire qui se dresse bien droite sur sa monture, l'égal d'un homme, ivre de liberté.
Danïiar, l'ecorché taiseux revenu du front , solitaire et rêveur, absorbé par tout ce qui est invisible à autrui.

"Djamilia" c'est l'amour qui sort du coeur, de celui qui surpasse l'émotion et anime des sensations inconnues, c'est l'amour qui ne se retranscrit pas par des mots mais qui met en exergue la grande âme humaine, celle des peuples frères, de la steppe, de la vie et de la terre, de la patrie.
C''est l' amour d'un homme et d'une femme d'une authenticité et d'une beauté si limpide qu'il défie tout honneur et toutes coutumes.
C'est la découverte de l'amour pour un enfant, de celui qui tort de bonheur et brise de douleur, de celui qui en fera un homme qui peindra, à son tour, son propre tableau qui lui ouvrira le chemin du sentiment ultime.

Et toujours, cette passion du Kirghizstan, des terres engivrées, des montagnes colorées du rouge enflammé des sommets au bleu foncé du crépuscule sur le bas relief, du bruit de ressac de la rivière déchaînée, cette mélodie rocailleuse qui habite les esprits et les vallées , les odeurs enivrantes d'une nature pure, la fraîcheur des nuits etoilées argentées d'une contrée exaltée.

Djamilia, c'est respirer la vie, c'est ce souffle divin qui vient nous traverser pour mieux nous renverser.

Sublime.

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