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Critique de le_Bison


Un bidon de saké et quatre petits contes pour une soirée japonaise. Je me souvenais d'une vague inquiétude, mon précédent Akutagawa

J'attendais une ou deux geishas. Elles ne vinrent jamais. Je voulais grimper au 7ème ciel, du moins au sommet du Mont Fuji. Je suis resté sur ma faim porte Rashô. Je voulais le menu D8 composé de 4 yakitoris, 6 makis, 3 sushis et 8 sashimis. On m'a servi un gruau d'ignames.

Cela a donc commencé par une histoire trop courte (c'est parfois le défaut des nouvelles), celle d'un paumé, un miséreux qui crève la dalle. Malgré la faim qui le tenaille, il possède encore une conscience qui l'interroge. Accroupi au milieu des dépouilles nauséabondes et putréfiantes, il s'interroge encore sur le bien et le mal, sur son droit à voler les cadavres ou à mourir de faim, avec honneur. Une nouvelle extrêmement intense même si je l'ai déjà dit m'a paru trop courte.

Un meurtre a été commis. Je lis successivement les différentes dépositions. Comptes-rendus froids et sans âme des actes des uns et des autres. Certains ignorent tout, d'autres sont présumés, certains s'accusent et d'autres dénoncent. Par le cheminement de ces témoignages, un bucheron, un brigand, un moine itinérant, une vieille, l'épouse et même l'esprit du corps, j'espère découvrir le meurtrier. Qui est donc le coupable de cet acte odieux ?

Je croise le chemin d'un peintre qui de mon point de vue me parait halluciné. Pas net en tout cas, mais cela doit être le cas de toutes âmes visant à peinturlurer leurs états d'âmes de couleurs et de gouaches sur une feuille blanche. J'en connais des « folles » qui travaillent du pinceau et du couteau. L'art ne permet pas le rationnel, et il faut être déraisonné pour suivre cette voie. La scène se déroule au milieu des palais dans un Japon féodal du XIIIe siècle. Une vision de la dérive et de la folie. Et dire que je n'ai pas pris de champignons hallucinogènes, même en version yakitoris.

Il est laid, il est commun, un gros nez rouge au milieu du visage, persécuté depuis des années. Il est à la fois ridicule et souffre-douleur des autres. Mais il a un unique but dans la vie, plus qu'un but c'est un rêve : s'empiffrer d'un gruau d'ignames à la cannelle. Je me demande ce qu'une telle bouillie dans un bol peut provoquer comme effet secondaire. Je ne comprends pas, mais c'est aussi parce que je n'ai jamais gouté ce mets de Noël. Peut-être que du coup, je vais en rêver la prochaine nuit. Je ferme les yeux. L'odeur du gruau parfume ma chambre. Par la fenêtre, j'entraperçois la lune illuminer le versant ouest du Fuji-san. Une geisha frappe, son kimono à demi-ouvert. Toute gênée, elle m'annonce que le dernier bidon de saké a été offert aux Dieux, mais à la place, ouvrant un peu plus son kimono, elle me propose une Iki, une nouvelle bière japonaise avec, comme dans la plus pures des traditions belges ou presque, de la levure dans la bouteille. Mon Dieu, elle est fantastique !
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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