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Silvain Chupin (Traducteur)René de Ceccatty (Préfacier, etc.)
EAN : 9782268052793
84 pages
Les Editions du Rocher (03/02/2005)
3.92/5   20 notes
Résumé :

" Un soir, j'étais assis en tailleur devant ma lampe,plongé distraitement dans une lecture, quand j'entendis soudain la cloison séparant ma pièce de celle d'à côté coulisser avec une douceur presque inquiétante.

Je jetai un coup d'œil dans cette direction, me disant machinalement que le gardien arrivait fort à propos pour aller poster une carte postale que je venais d'écrire. C'est alors que je me rendis compte qu'un homme d'une quarantai... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Un petit recueil du grand Akutagawa. La qualité de ces trois histoires monte crescendo. La première, « le masque », dévoile le joli plan-tableau d'un Japon fluvial en fête… où la mort surgit grotesquement. On observe des relents de Poe et de son démon de la perversité, qui se confirment dans la nouvelle suivante, « le doute ». Akutagawa y confronte un personnage poesque au regard silencieux et compatissant du bodhisattva Kannon, via la médiation d'un narrateur/confesseur. Disciple de Natsume Soseki, Akutagawa met ainsi en scène un savoureux choc des cultures, révélateur du (pauvre) coeur des hommes. Pour finir, en quelques pages seulement, la dérive d'un wagonnet fait renaître la terreur enfantine d'un espace trop grand, qui entre progressivement en résonance avec une angoisse métaphysique beaucoup plus vaste et temporellement étendue, comme si le fracas du wagon sur les rails se retrouvait amplifié par la maîtrise d'un style très économe, mais riche en images crépusculaires. Si Akutagawa demeure très japonais dans son écriture il n'en est pas moins tourné vers l'occident dans les thèmes abordés, au point que la préface voit en lui un cousin nippon de Guy de Maupassant, guetté par la même menace invisible.
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Adorant la littérature japonaise, je me suis laissée tenter par ce bref ouvrage dont le nom de l'auteur m'était inconnu. Aussi, c'est complètement à l'aveuglette que je me suis plongée dans cette lecture qui à réellement été à la hauteur de mes espérances.

Le lecteur découvre ici trois courtes nouvelles de l'auteur, "Le masque", "Le doute" et "Le wagonnet". Ce qui relie ces trois nouvelles entre elle, c'est cette philosophie propre aux japonais sur la vie et la mort, le respect des traditions et celui des défunts.
Je ne vais pas trop me risquer à vous faire un bref résumé des trois nouvelles prises séparément car cela reviendrait à quasiment tout vous dévoiler et cela ne ferait que rompre le charme mais sachez que, même si l'auteur traite parfois de thèmes assez durs, il se dégage de son écriture une certaine sérénité qui nous conduit, nous, lecteurs, à une certaine tolérance vis-à-vis de certains comportements humains mais surtout à une profonde réflexion sur le bien-fondé des actions qui nous sont décrites ici. A découvrir !
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La vacance de la justice et la mort caractérisent ce recueil. La première nouvelle est graphiquement une danse macabre : on y danse physiquement vers la mort inopinée, en pleine fête, forcément effrayante. Dans la seconde, la morale est prise en défaut en pleine confrontation avec un meurtre impuni et le professeur d'éthique se retrouve effrayé en face d'un criminel. La troisième a des similitudes avec une nouvelle d'Andrei Ujica dans "Les morts incertaines" : un voyage d'enfant et l'angoisse qui monte alors qu'il ne semble pas trouver de fin et commence à ressembler à un suicide, qui n'est jamais bien loin. On atteint une forme de classicisme et Akutagawa me semble profondément occidental, bien plus que Mishima, Endo, Abe et les autres...
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Un matin, j'étais assis brinquebalant dans la chaleur étouffante d'un métro parisien, pour une fois peu bondé, quand je surpris un type en train de danser ou faire le pitre. Un nez allongé, un regard vide, une expression froide… J'avais envie de lui demander de s'arrêter pour laisser mon âme se reposer tranquillement, mais peine perdue ; il me semblait déjà bien éméché jusqu'au moment où il s'écroula devant moi. Impossible de le réveiller, il était MORT ! et il portait un masque. Y aurait-il de quoi être submergé par une vague d'inquiétude ?

Un soir, j'étais assis en tailleur devant mon verre de bière, plongé dans de réflexions bassement brassicoles (en clair, est-ce que ma bière était bonne), quand j'entendis la porte grincer. Discrètement, un type vient me voir pour m'expliquer son cas personnel. Pourquoi moi ? Il parait qu'au-dessus de mon verre de bière, flotte une aura de moralité qui jaillit sur mon esprit. Sans me laisser respirer, il me raconta sa terrible histoire. Un tremblement de terre, sa femme prisonnière des décombres, le feu qui se propage, sa femme qui va bruler vive. Impossible de la libérer. BRULÉE VIVE ! Il trouve une pierre et fracasse le crane de sa femme pour lui épargner l'atroce souffrance d'être immolée. Depuis, il se pose des questions sur son acte, il a un doute… Et moi que lui répondre ? Rien… Juste le sentiment d'être lentement enseveli par une vague d'inquiétude.

Un après-midi champêtre, j'étais assis sur un banc à regarder canards et cygnes batifoler dans un petit bassin citadin (à quoi devais-je penser ce jour-là ? dans ces moments-là) quand je me souvins d'une vieille histoire d'antan. Une ligne de chemin de fer abandonnée ou presque, un wagonnet qui n'attendait que d'être poussé, rêve de gamin (les trains ça fascine toujours les gosses). Lorsque justement deux ouvriers poussèrent lourdement le wagonnet. le gamin se proposa de les aider. Et à sa grande surprise, ils acceptèrent. Et voilà la fière équipe qui poussa, poussa, poussa le wagonnet, grimpa, descendit, grimpa, pendant des kilomètres (et des heures)… Jusqu'à la vieille taverne où les ouvriers en profitèrent pour boire quelques bières, laissant le gamin seul sur la route. C'est au moment de rentrer chez lui, SEUL, alors que le jour venait de tomber qu'il ressenti cette vague d'inquiétude l'étouffer à la gorge pour quelques frayeurs nocturnes sur le chemin du retour.
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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Première nouvelle, "Le masque" nous laisse entrevoir le personnage d'Heikichi, clown à ses heures d'autant plus incontrôlable qu'il boit souvent. A l'occasion de ses beuveries il fait le pitre et amuse la galerie en dansant, arborant son fameux masque hyottoko. Sauf que le dénouement sera tout autre cette fois...
Il y a du Maupassant dans cette nouvelle car derrière le personnage fantasque on sent toute la profondeur d'une personnalité qui peine à s'exprimer malgré le déguisement, la danse, les fêtes...

Deuxième nouvelle "Un doute" confronte deux hommes, deux parfaits inconnus qui se retrouvent pour une confession que l'un fait à l'autre comme pour s'expurger d'une faute qu'il garderait sur la conscience. L'un est invité pour donner des cours de morale, l'autre s'invite pour chercher réconfort et écoute. le second raconte donc l'histoire d'un tremblement de terre, celui de Nôbi, qui a dévasté sa vie. Lors de celui-ci, sa femme est restée coincée sous les décombres, le bas du corps coincé sous une poutre. La fumée se fait grandissante, l'incendie approche et la femme supplie que son mari lui vienne en aide. Et cet homme paniqué tente de trouver une solution, sentant leurs efforts conjoints vains.
Une nouvelle sur le choix qui bien évidemment laisse place au doute car qui prend une décision doit toujours peser le pour et le contre, doit toujours être sûr d'être au clair avec sa conscience. Je ne vous livre pas la fin mais c'est vrai que cette seconde nouvelle m'a bien fait réfléchir.

Troisième et dernière nouvelle "Le wagonnet" ou comment une simple distraction peut déraper sans qu'on voie venir les répercussions. Ryôhei a 8 ans lorsqu'il voit se construire une voie ferrée à proximité. Débrouillard et toujours avide de nouveautés, ce sont les wagons, transportant les matières premières, qui retiennent son attention. Avec son frère et un voisin, il subtilise un jour un wagonnet pour partir un peu en voyage. Vite rattrapé, il rend l'objet du délit mais garde un oeil sur ces curieux moyens de locomotion. Et un jours l'occasion de représente, de remonter dans un wagon. Ce sont deux ouvriers qui proposent qu'il grimpe dans les descentes. Eh hop, le voilà qui dévale les pentes les unes après les autres, s'éloignant toujours davantage de son petit village. Puis la prise de conscience survient : il fait nuit et il est loin de tout en compagnie de parfaits inconnus. le voilà donc à courir pour regagner sa confortable chaumière, trébuchant dans la pierre. Et c'est un petit garçon encore sous le choc qui franchit les portes de sa maison.

En somme, voilà un petit recueil sans prétention mais à la plume tout à fait décisive. Car les histoires sont courtes et très différentes. le dénominateur commun c'est cette espèce de noirceur : la peur de la vie, les remords, la nuit recouvrant tout. Les personnages sont agités de curieux instincts : ils semblent agir comme des pantins et ne pas avoir de prise sur leur existence.
J'ai vraiment été happée par ce petit recueil et relirais avec plaisir du Ryûnosuke Akutagawa.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
C’était alors que le grand tremblement de terre s’est produit – c’était le 28 octobre, vers sept heures du matin, comment pourrais-je oublier ? J’étais près du puits à me curer les dents, et ma femme en train de verser le riz d’une marmite dans la cuisine… La maison s’est écroulée sur elle. En à peine une ou deux minutes, un grondement formidable, digne d’un typhon, a retenti dans la terre, la maison s’est mise à pencher sous mes yeux, puis je n’ai plus vu que des tuiles voler. En un clin d’œil, je me suis retrouvé plaqué au sol sous l’auvent effondré, complètement abasourdi, et secoué par les vagues du séisme qui déferlaient de toutes parts. J’ai rampé au milieu de la fumée de poussière et, lorsque j’ai enfin réussi à m’extraire de sous l’auvent, le toit de ma maison était par terre, je voyais même des brins d’herbes entre les tuiles.

A ce moment-là, je ne saurais dire si j’étais ahuri ou en proie à la panique. J’étais comme absent à moi-même, pétrifié sur place, et c’est alors que, tandis que je jetai un œil à l’aspect de mer déchainée que présentaient les toits effondrés partout aux alentours, j’ai entendu un brouhaha considérable mêlant bruits et voix indistinctement – grondement de la terre, poutres qui tombent, arbres qui se brisent [...]
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Il y a cependant une chose que je veux que vous sachiez  : parce qu’on m’a traité de fou ce jour-là, j’ai été condamné à avoir une existence misérable. Quant à savoir si je suis vraiment fou, je vous en laisse entièrement juge. Mais, en admettant que je le sois, le responsable de cette folie, n’est-ce pas le monstre qui sommeille dans le cœur de chacun de nous  ? Du fait de sa présence, même ceux qui se moquent aujourd’hui de moi en me disant fou peuvent très bien, demain, devenir tout aussi fous que moi…
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Ivre, il ne l’était que par moments, alors qu’il était sobre la plupart du temps. C’est pourquoi on pouvait croire que le vrai Heikichi était celui qui ne buvait pas, mais lui-même hésitait étrangement à trancher cette question, parce que, à y réfléchir, les actes qu’il considérait comme ridicules, c’était généralement lorsqu’il était ivre qu’il les avait commis. Il ne s’agissait pas seulement de sa danse grotesque. Il jouait aussi aux cartes. Et il fréquentait les filles. Parfois même, il faisait des choses qu’il m’est impossible d’écrire ici. Dans ces cas-là, il ne pouvait concevoir qu’il avait tous ses esprits.
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On voyait bien que, l’alcool aidant, son corps ne lui obéissait plus, car il lui arrivait de perdre l’équilibre et de n’agiter bras et jambes que pour éviter de passer par-dessus bord.
Il n’en était que plus drôle et, sur le pont, les cris et le tapage redoublaient. Les gens, tout en riant, échangeaient alors les commentaires les plus divers  : «  C’est quoi, cette façon de se tenir  !  », «  Pour qui il se prend, celui-là  ? D’où est-ce qu’il sort  ?  », «  Ce qu’il est marrant  ! Oh, il a failli s’étaler  !  », «  Il ferait mieux de danser quand il n’a pas bu  ». Telle était l’ambiance du moment.
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Cependant, si Heikichi buvait, ce n’était pas uniquement, comme il le disait, par nécessité physiologique. Psychiquement non plus, il ne pouvait se passer de boire. En effet, l’alcool lui donnait de l’assurance et lui permettait de se sentir un peu moins gêné avec les gens. Il dansait quand il en avait envie. Il dormait quand bon lui semblait. Personne ne lui en faisait le reproche. Pour lui, c’était la chose la plus agréable qui soit.
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Videos de Ryûnosuke Akutagawa (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Ryûnosuke Akutagawa
« […] Akutagawa Ryunosuke (1892-1927) tenait cette nouvelle pour l'une des oeuvres les plus fortes de Shiga Naoya (1883-1971). […] Tout en usant de mots familiers réussir à donner une pareille sensation de transparence, voilà ce qui dans tout texte, à quelque genre qu'il appartienne, importe au plus haut point. […] Une telle forme d'écriture dédaigne la fleur pour obtenir le fruit : par la simplicité même, elle accède à l'essentiel comme aucun mode d'expression de la vie quotidienne ne le pourrait. […] » (Junichiro Tanizaki [1886-1965])
« […] Sa légèreté n'est qu'apparente. Elle recèle une puissance insoupçonnée. Ainsi de ces variations de Chopin, subtiles, presque imperceptibles, qui résonnent en nous, se propagent jusqu'au fond de nos entrailles comme la douleur d'une dent. […] » (Hideo Kobayashi [1902-1983])
« […] l'originalité de Shiga Naoya tient au fait que jamais dans aucune de ses nouvelles il ne se laisse aller à l'analyse psychologique de son personnage principal. Il le présente seulement comme un homme qui lutte pour essayer d'établir des relations humaines rationnelles dans le monde qui l'entoure. le personnage apparaît si profondément hanté par cette quête que Shiga Naoya ne s'attarde pas à une étude de son caractère. […] » (Sei Ito [1905-1969])
« […] En janvier 1913 paraît un premier recueil de nouvelles, dédié à sa grand-mère. le 5 août de cette même année, Shiga Naoya est renversé par un train de la ligne Yamanote. Il est grièvement blessé et doit se faire hospitaliser. Il écrit en septembre la nouvelle Han no hanzaï (Le crime de Han) puis, en octobre, part en convalescence à Kinosaki. […] L'une de ses plus belles nouvelles, Wakaï (Réconciliation) […] est publiée en 1917, peu de temps après Kinosaki nite (Le séjour à Kinosaki). […] »
17:55 - Générique
Référence bibliographique : Naoya Shiga, le séjour à Kinosaki suivi de le crime de Han, traduit par Pascal Hervieu et Alain Gouvret, Éditions Arfuyen, 1986
Image d'illustration : Autoportrait de Shiga Naoya daté de septembre 1912.
Bande sonore originale : P C III - O UT O UT by P C III is licensed under an Attribution License.
Site : https://freemusicarchive.org/music/P_C_III/O_UT_1733/O_UT
#NaoyaShiga #LeSéjourÀKinosaki #LittératureJaponaise
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