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Citations sur Les vies de papier (297)

"Je ne peux pas dire si mes traductions sont bonnes car je ne peux les considérer avec impartialité. Je suis intimement impliquée. Mes traductions sont des traductions de traductions, ce qui, par définition, signifie qu'elle soient moins fidèles à l'original. Comme Constance, je fais de mon mieux. Cependant, contrairement à elle, je ne saute pas les mots que je ne connais pas, et je ne raccourcis pas non plus les passages longs. Je n'ai pas et n'ai jamais eu l'intention de faire de mes traductions un canon absolu - mes ambitions ne sont ni étendues ni entendues. Je traduis pour le plaisir que cela procure et je n'ai assurément pas en moi l'énergie victorienne. Je suis une Arabe, après tout.
Garnett ne fut pas le plus prolifique des traducteurs, loin de là. Le Vénitien de la Renaissance Ludovico Dolce traduisit plus de trois cent cinquante livres (Homère, Virgile, Dante, Castiglione, pour n'en citer que quelques-uns), et je ne suis pas certaine non plus qu'il fut le plus prolifique. Le sérieux est un des traits communs aux traducteurs.
Si vous voulez mon avis, le plus gros problème de Garnett, c'est qu'elle était de son temps, et de son lieu. Son travail est un reflet de cela ; elle plut aux Anglais de sa génération, ce qui est chose normale - tout à fait compréhensible. Malheureusement pour tout le monde, son époque et son lieu étaient follement ennuyeux. Chic type et porto bon marché, ce genre de chose.
Recourir à la prose edwardienne pour Dostoïevski c'est comme ajouter du lait à un bon thé. Tfeh ! Les Anglais aiment ce genre de chose.
Et puis Garnett n'était pas un génie. Maintenant, vous savez, Marguerite Yourcenar fit bien pire lorsqu'elle traduisit les poèmes de Cavafy en français. Elle ne se contenta pas de sauter les mots qu'elle ne comprenait pas, elle en inventa. Elle ne parlait pas la langue, alors elle fit appel à des locuteurs grecs. Elle modifia complètement les poèmes, les francisa, se les appropria. Brodsky aurait dit qu'on ne lisait pas Cavafy, qu'on lisait Yourcenar, et il aurait eu cent fois raison. Si ce n'est que les traductions de Yourcenar sont intéressantes en tant que telles. Elle desservit Cavafy, mais je peux lui pardonner. Ses poèmes devinrent autre chose, quelque chose de nouveau, comme du champagne.
Mes traductions ne sont pas du champagne et elles ne sont pas non plus du thé au lait.
De l'arak, peut-être.
Mais attendez. Walter Benjamin a quelque chose à dire à propos de tout cela. Dans "la Tâche du traducteur", il écrivit : "Aucune traduction ne serait possible si son essence ultime était de ressembler à son original. Car dans sa survie, elle ne méritait pas ce nom si elle n'était pas mutation et renouveau du vivant."
Dans son propre style déconcertant, Benjamin dit que si vous traduisez une œuvre d'art en collant à l'original, vous pouvez montrer le contenu en surface de l'original et expliquer les informations contenues à l'intérieur, mais vous passez à côté de l'essence ineffable de l'œuvre. Autrement dit, vous traitez de l'inessentiel.
Prenez ça, messieurs Brodsky et Nabokov. Un crochet du droit et un direct de ce bon vieux M. Benjamin. Constance aurait traduit du russe avec davantage de fidélité, elle aurait manqué l'essentiel.
Très bien, très bien. Constance a peut-être manqué les deux, l'essentiel et l'inessentiel, mais nous nous devions d'applaudir son effort."
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Quand je lis un livre, je fais de mon mieux, pas toujours avec succès, pour laisser le mur s'effriter un peu, la barricade qui me sépare du livre. J'essaye d'être impliquée.
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J'ai les névroses des auteurs mais pas leurs talents.
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La littérature est mon bac à sable. J'y joue, j'y construis mes forts et mes châteaux, j'y passe un temps merveilleux. C'est le monde à l'extérieur de mon bac à sable qui me pose problème.
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Beyrouth est l’Elizabeth Taylor des villes: démente, magnifique, vulgaire, croulante, vieillissante et toujours en plein drame. Elle épousera n’importe quel prétendant énamouré lui promettant une vie plus confortable, aussi mal choisi soit-il.
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Ma mère est à l’article de la mort depuis maintenant un certain temps, cependant elle s’obstine à ce que cet article reste en l’occurrence tout à fait indéfini.
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La littérature est mon bac à sable. J’y joue, j’y construis mes forts et mes châteaux, j’y passe un temps merveilleux. C’est le monde à l’extérieur de mon bac à sable qui me pose problème. (...) Pour filer cette métaphore sableuse, si la littérature est mon bac à sable, alors le monde réel est mon sablier- un sablier qui s’écoule grain par grain. La littérature m’apporte la vie, et la vie me tue.
Enfin, la vie tue tout le monde
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