Citations sur Marin à terre : Suivi de L'Amante et de L'Aube de la gi.. (25)
Si mi voz muriera en tierra
Si mi voz muriera en tierra
llevadla al nivel del mar
y dejadla en la ribera.
Llevadla al nivel del mar
y nombradla capitana
de un blanco bajel de guerra.
¡Oh mi voz condecorada
con la insignia marinera:
sobre el corazón un ancla
y sobre el ancla una estrella
y sobre la estrella el viento
y sobre el viento la vela!
Si ma voix à terre mourait
Si ma voix à terre mourait
Portez-la au bord de la mer
Et sur la rive laissez-la.
Portez-la au bord de la mer
Et capitaine nommez-la
A bord d’un blanc vaisseau de guerre
O ma voix toute décorée
Des insignes de la marine :
Avec une ancre sur le cœur
Avec une étoile sur l’ancre,
Avec la brise sur l’étoile
Et sur cette brise une voile !
(traduction de Claude Couffon)
Elegia
Infancia mía en el jardín:
Las cochinillas de humedad,
las mariquitas de San Antón,
también vagaba la lombriz
y patinaba el caracol.
Infancia mía en el jardín:
¡Reina de la jardinería!
El garbanzo asomaba su nariz
y el alpiste en la jaula se moría.
Infancia mía en el jardín:
La planta de los suspiros
el aire la deshacía.
Elégie
Mon enfance alors au jardin :
Mille-pattes des jours de pluie,
Ou rouges bêtes à bon Dieu,
Et le ver qui errait aussi,
Et l’escargot qui patinait,
Mon enfance alors au jardin
Reine au pays du jardinage,
Le pois chiche montrait son nez,
Et l’alpiste en cage mourait,
Mon enfance alors au jardin
Avec la plante des soupirs
Que l’air essaimait à tous vents.
(traduction de Claude Couffon)
El mar. La mar.
El mar. La mar.
El mar. ¡Sólo la mar!
¿Por qué me trajiste, padre,
a la ciudad?
¿Por qué me desenterraste
del mar?
En sueños la marejada
me tira del corazón;
se lo quisiera llevar.
Padre, ¿por qué me trajiste
acá?
Gimiendo por ver el mar,
un marinerito en tierra
iza al aire este lamento:
¡Ay mi blusa marinera;
siempre me la inflaba el viento
al divisar la escollera!
La mer. La mer
La mer. La mer.
Rien que la mer !
Pourquoi m’avoir emmené, père,
A la ville ?
Pourquoi m’avoir arraché, père,
A la mer ?
La houle, dans mes songes,
Me tire par le cœur
Comme pour l’entraîner ;
O père, pourquoi donc m’avoir
Emmené ?
Gémissant pour voir la mer,
Un petit marin à terre
Hisse dans le vent sa plainte ;
Ah ma blouse marinière !
Toujours le vent la gonflait
A la vue de la jetée !
(traduction de Claude Couffon)
.
CLAIR DE LUNE
La mer, qui veille sans sommeil.
Saint Elme, qui veille au dessus.
Moi, dans la rade, avec mes rames.
Et le vent de la baie,
Sans ombre, qui syllabe.
.
BALCON DE GUADERRAMA
Hôtel aux bleus déteints,
aux paupières mi-closes,
gardé par les grillons,
et faiblement
troublé
par les plaintes des trains.
Le train d’une heure…
puis de deux heures…
Celui qui roule vers les plages
emporte mon cœur.
En sa nostalgie de la mer,
ma fiancée boit une bière
au wagon-restaurant.
La lune, solitaire,
glisse sur le glacier.
La luciole du train
fore le défilé.
Et ma fiancée, oubliée,
s’envole en rêve sur la plage
gris perle du Sardinero.
"Gémissant pour voir la mer
un petit marin à terre
hisse dans le vent sa plainte :
Ah ! Ma blouse marinière !
Toujours le vent la gonflait
à la vue de la jetée."
UN BATEAU EST VENU DE LA HAVANE
Le bateau qui fuit ma fenêtre
est venu hier de La Havane.
Sautons du lit dans le bateau,
lucarne du petit matin !
De ta terrasse, à mon passage,
tu me jetteras une orange
et un petit soulier doré
rempli d’eau et garni d’amandes.
Vers les Antilles je m’en vais
et sur des mers
de menthe amère !
Je dis au revoir, mon amour, et je ne suis pas triste
Je dis au revoir, mon amour, et je ne suis pas triste.
Merci, mon amour, pour ce que tu m'as déjà donné,
un seul baiser lent et prolongé
qui a été écourté de douleur quand tu es parti.
Tu n'as pas su comprendre, tu n'as pas compris
que c'était un amour final et désespéré , tu n'as pas
non plus essayé de m'arracher de ton côté
quand tu m'as blessé d'un cœur dur.
J'ai tellement pleuré ce jour-là que je ne veux pas
penser que la même souffrance j'espère à
chaque fois qu'elle réapparaît dans ta vie
cet amour qui t'éclaire en le niant.
Ta lumière c'est lui quand ma lumière diminue,
ton seul amour quand mon amour diminue.
La métamorphose de l'œillet
A l'aube, le coq était émerveillé.
L'écho lui a donné une
voix de garçon .
Des signes virils ont été trouvés,
le coq.
Le coq était stupéfait.
Yeux d'amour et de combat, il a
sauté dans un oranger.
De l'oranger à la citronnelle ;
des citrons à un patio;
du patio, il a sauté dans une chambre,
le coq.
La femme qui dormait là l'
embrassa.
Le coq était stupéfait.
La fille rose, assise
La fille rose, assise.
Sur sa jupe,
comme une fleur,
ouverte, un atlas.
Comme je l'ai regardée
voyager, depuis mon balcon !
Son doigt, un voilier blanc,
des îles Canaries
allait mourir dans la mer Noire.
Comme je l'ai regardée
mourir, de mon balcon !
La fille, rose assise.
Sur sa jupe,
comme une fleur,
fermée, un atlas.
A travers la mer du soir,
les nuages crient
des îles rouges de sang.