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EAN : 9782070441518
384 pages
Gallimard (15/03/2012)
3.68/5   19 notes
Résumé :
Éclate dans ces pages un étourdissant plaisir de jouer avec les mots, avec les images. Chaque poème, en lisière du réel et des songes, dessine sa ligne de fuite, son désir, ses secrets. Pas de message, pas de mots d'ordre : une fête de sonorités, de couleurs, un élan vigoureux pareil à la course du soleil en été, un bain radieux de poésie pure.
Que lire après Marin à terre : Suivi de L'Amante et de L'Aube de la girofléeVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Rafael Alberti, c'est d'abord l'auteur de « A galopar ». Cet hymne des républicains espagnols exilés après la Guerre civile (la fameuse Retirada), fut composé par Paco Ibañez sur un poème d'Alberti :
« A galopar, a galopar, Hasta enterrarlos en el mar… »
Traduction : « Au grand galop, au grand galop, Jusqu'à les enterrer sous la mer… »
Pour les non-initiés « les », ce sont les nationalistes, les franquistes, les fascistes et d'une façon générale, tous les opposants à la démocratie (ça commence à faire du monde).
Voilà qui situe assez bien le poète : on voit qu'il est plutôt du côté d'Aragon ou d'Eluard que d'autres poètes plus contestables. Marxiste dans l'âme, il ne met pas toujours la politique dans ses textes : ses premiers recueils comme celui-ci « Mariñero in terra » (« Marin à terre) sont plutôt classiques et d'inspiration lyrique. Suivra une période surréaliste, ponctuée par son recueil majeur « Sobre los angeles » (« Sur les anges »), puis après 1939 et l'exil une oeuvre à la fois profonde et combattante, classique et moderne, populaire et recherchée.
El mar. La mar.

El mar. La mar.
El mar. ¡Sólo la mar!

¿Por qué me trajiste, padre,
a la ciudad?
¿Por qué me desenterraste
del mar?

En sueños la marejada
me tira del corazón;
se lo quisiera llevar.

Padre, ¿por qué me trajiste
acá?

La mer. La mer

La mer. La mer.
Rien que la mer !
Pourquoi m'avoir emmené, père,
A la ville ?
Pourquoi m'avoir arraché, père,
A la mer ?
La houle, dans mes songes,
Me tire par le coeur
Comme pour l'entraîner ;
O père, pourquoi donc m'avoir
Emmené ?

Ce poème, ainsi que quelques autres, vous pourrez le retrouver en citations.
Rafael Alberti, poète andalou, comme Luis de Gongora, Antonio Machado et Federico Garcia Lorca, est une des grandes voix de la poésie espagnole. Pour le découvrir encore mieux, écoutez-le adapté par Paco Ibañez : voici la présentation du double CD qui lui est consacré :
« Double CD témoignage du concert au théâtre Alcalá de Madrid en 1991, avec Rafael Alberti,
le dernier représentant des poètes de la "Génération de '27", né en 1902 et ami de Federico García Lorca.l historique à deux voix dont le résultat est une poésie unique, unique, indivisible.
Récital historique à deux voix dont le résultat est une poésie unique, unique, indivisible.
Paco Ibáñez et Rafael Alberti symbolisent des milliers et des milliers de vies, celles de toutes les générations qui se sont battues, qui ont tout donné, qui ont tout sacrifié pour leurs idées.
Ils représentent tous ces gens. Sa poésie rend hommage à son passage dans l'histoire. A sa dignité.
« A galopar » reste dans les mémoires comme symbole de résistance contre tous les pouvoirs dictatoriaux ».
Indispensable pour les amoureux de la poésie espagnole, ou pour les inconditionnels de Paco Ibañez (en principe ce sont les mêmes !)

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J'ai entendu pour la première fois le nom de Rafael Alberti dans la bouche de Paco Ibanez, qui a chanté le poème "A Galopar", il y a fort longtemps. Aujourd'hui je me suis intéressé au présent livre, paru dans la collection Poésie/Gallimand. En fait, c'est sa première partie intitulée "Marin à terre" que j'ai le plus appréciée; il faut savoir qu'Alberti a passé sa jeunesse dans un port espagnol. Alberti a été couronné par le prix national de poésie, alors qu'il n'avait que 23 ans. Les poèmes sont très brefs, les vers ne sont pas particulièrement apprêtés. Dans l'ensemble, je n'ai pas été totalement convaincu par la production du jeune Alberti; la seconde partie du livre ne m'a pas séduit. Mais je mets en citation deux textes courts que j'ai bien appréciés.
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Délicieux poète, insolent et piquant, plein de trouvailles et d'humour. Une découverte, à déguster en édition bilingue, pour en conserver le sel!
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Lire et relire 'Marin à terre" de Rafael ALBERTI. Au réveil, tout doucement.
Mer
Chaque nuit je te vois
tenture qui s'accroche
au tournesol du rêve

Sur celle-ci des voiles
qui semblent des mouchoirs
s'agitent pour me dire
adieu, à moi qui dors.
Lien : https://tandisquemoiquatrenu..
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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
Quiconque , à 18 ans , n'a pas connu l'irrépressible nécessité de secouer son destin , vivra dans la norme , comme s'il n'était que sa propre doublure . Il y a toujours une prise de risque initiale , absolue , pour accéder à soi . Rafael Alberti , en 1920 , au sortir de l'adolescence , s'engage-t-il tout entier : " Je voulais seulement être poète . Et je le voulais avec fureur " . De ce pari , chimérique entre tous , il ne reviendra plus . " Mon terrible , mon féroce et angoissant combat pour être poète avait commencé " , notera-t-il dans son autobiographie , insistant sur cet acharnement à se réaliser poète , mais n'accordant aucune attention au credo de la prédestination poétique . La publication des trois recueils composés pendant cette période décisive permet d'affirmer que chez Alberti la volonté n'a pas brimé la grâce . Éclate au contraire dans ces pages un étourdissant plaisir de jouer avec les mots , les images ; et passe l'insouciante liberté de qui se tient à l'écoute de son chant originel . Même la sombre nostalgie qui semble l'inspiratrice première de " Marin à terre " doit faire place à la fougue de la création , à ce trop plein de sève qui soudain s'émerveille aux rythmes de ses mélodies .
Chaque poème , en lisière du réel et des songes , dessine sa ligne de fuite , son désir , ses secrets . Le poète perçoit , avec une évidente jubilation , l'émergence de sa voix . Déjà virtuose , il célèbre , par delà l'univers maritime de son enfance au Puerto de Santa Maria , l'immense territoire poétique qui affleure au fond de ses yeux . Et , pour l'heure , il ne célèbre que cela . " Ici nul ne vend rien de rien " proclame-t-il . Pas de message , pas de mots d'ordre : une fête de sonorités , de couleurs , un élan vigoureux pareil à la course du soleil en été , un bain radieux de poésie pure .
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"Gémissant pour voir la mer
un petit marin à terre
hisse dans le vent sa plainte :

Ah ! Ma blouse marinière !
Toujours le vent la gonflait
à la vue de la jetée."
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Ma chérie porte gravé
à la cambrure du pied
le nom de son adoré.

- Déchausse-toi, ma chérie,
livre tes jambes au vent,
et sur l'eau douce et glacée
laisse flotter tes souliers.

Marin à terre - 1924
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Si mi voz muriera en tierra


Si mi voz muriera en tierra
llevadla al nivel del mar
y dejadla en la ribera.
Llevadla al nivel del mar
y nombradla capitana
de un blanco bajel de guerra.
¡Oh mi voz condecorada
con la insignia marinera:
sobre el corazón un ancla
y sobre el ancla una estrella
y sobre la estrella el viento
y sobre el viento la vela!


Si ma voix à terre mourait

Si ma voix à terre mourait
Portez-la au bord de la mer
Et sur la rive laissez-la.
Portez-la au bord de la mer
Et capitaine nommez-la
A bord d’un blanc vaisseau de guerre
O ma voix toute décorée
Des insignes de la marine :
Avec une ancre sur le cœur
Avec une étoile sur l’ancre,
Avec la brise sur l’étoile
Et sur cette brise une voile !
(traduction de Claude Couffon)
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MA LYRE
Laredo

Ma lyre, quand tu n'auras plus
de lit ouvert à ton repos,
regarde : il te reste la mer
joyeuse, fraîchette et douillette,
ma lyre !

Un drap bleu, avec un rabat
de blanche écume délicate !
Des oreillers de sable : taies
joyeuses, fraîchettes, douillettes,
ma lyre !

Et qui me déshabillera
au pied de cette eau de saphir ?

- La reine des sirènes
et le fils du roi de la mer
ma lyre.


L'amante - Vers les rivages du Nord - 1925
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Vidéo de Rafael Alberti
A galopar Paco Ibañez et Rafael Alberti Au théâtre Alcala de Madrid le 21 mai 1991
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