Alors que je me réveille, et que sous ce petit jour rayonnant le décor ne ressemble plus du tout aux mystères inquiétants de la nuit, je me rends compte que je suis seul, moi qui pourtant, depuis le début de ce périple, suis le premier à dormir, et le premier à me lever.
J’attends à l'ombre de ce soleil enflammé, mon dos fainéant reposant sur l'arrière du van. J'ai pour compagnie une bonne quinzaine de mouches qui ne cessent de se poser sur ma peau comme des abeilles sur une ruche de miel. J'ai beau les chasser de la main, elles reviennent, essayent d’entrer dans ma bouche, mes narines, mes yeux, mes oreilles, la moindre grotte de mon visage dans laquelle elles trouveront de l'ombre.
On m'avait parlé de serpents et d'araignées, de casoars, de requins et de crocodiles. Des dangers et des enquiquinements de l'Australie.
Mais le vrai fléau, c'est la mouche !
A l’époque où commence cette histoire, nous avions une fois de plus, fuyant l’hiver avant qu’il ne vienne nous glacer corps et âme, rejoint des lieux où la chaleur régnait dans tous ses états, une chaleur qui se vivait en osmose permanente avec la fête, la sensualité, la folie, et la foule…
Nous ne pouvions, alors, voir la vie autrement. Nous ne pouvions imaginer nous passer de ces retrouvailles estivales avec Rio de Janeiro, la Cité Merveilleuse. Et en cet empire de nos passions, ce théâtre de nos turpitudes, toujours en recherche éperdue d’autre chose nous nous apprêtions à jouer nos rôles de jeunes fous insouciants.