Les écrivains de la Somme, s'ils n'ont pas tous été inspirés par le terroir parce qu'ils l'ont quitté ou l'ont renié, en possédent souvent cet esprit gaillard que décrit Michelet, que l'on peut définir comme une gaité libre et qui semble être un des traits dominants du charme picard.
Le matin vint. Ceux qui auront vu les aubes de la guerre, après les nuits employées à combattre ou consumées dans la sanglante besogne des ambulances, ceux-là connaîtront une des plus grandes laideurs et une des plus grandes tristesses du monde.
Pour ma part, je n'oublierai jamais cette lumière avare et verte, cet aspect découragé des lampes et des visages, cette odeur suffocante des hommes envahis par la pourriture, ce frisson du froid matinal, pareil au dernier souffle glacé de la nuit dans les frondaisons engourdies des grands arbres. Georges Duhamel
Pourquoi écrire en picard, pourquoi le ire, pourquoi y prendre tant de plaisir ? [...] Par souci d'exprimer les choses autrement, avec des mots dont le sens s'adapte à la perfection dans la construction d'une pensée qui n'est pas la même que celle qu'exprime le français, ajoutant sa malice, sa critique, son sentiment propre, sa différence. Par plaisir, surtout, d'entendre, de transcrire ou de transmettre la musique des mots, musique propre au parler d'une communauté qui partage la même histoire, les mêmes souvenirs, les mêmes paysages, les mêmes tâches, les mêmes fêtes, les mêmes blessures, les mêmes passions.